Chapitre 4

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~ Amon ~

New passion

❁6 ans❁

J'attends papy sur le perron de la porte, armé de mon sac à dos rempli et qui pèse un âne mort. Je trépigne d'impatience, sautant frénétiquement sur place. Ma casquette noire me tombe légèrement sur les yeux et m'oblige à la remonter fréquemment. Elle me couvre une énième fois la vue mais je n'ai pas le temps de la replacer qu'une main le fait à ma place.

Je crois tout de suite que c'est mon grand-père et me retourne avec enthousiasme.

- Papy tu es en–

Ce n'est pas papy qui se tient devant moi, c'est papa. Il me regarde avec ses yeux bleus perçants. Il a le regard des reproches alors je recule un peu et baisse les yeux. Il n'aime pas quand je le regarde dans les yeux, il dit que ça lui rappelle à quel point on n'a rien en commun tout les deux. Je le comprends, si mon fils ne me ressemblait pas je serais un peu triste, car c'est ça pas vrai ? il est triste, il est déçu, même si son regard indique du mépris. J'aime croire que j'ai raison.

- Qu'est ce que tu fais ici tout seul Amon. Et c'est quoi cet accoutrement de...

Il me dévisage et ne finit pas sa phrase. C'est vrai que pour une fois je ne porte pas l'un de mes éternels polos accompagné de l'un des jean. Comme j'ai rendez-vous avec papy et que je sais exactement où nous allons, j'ai demandé à la domestique de m'habiller en conséquence : un sweat gris, un jogging noir et des bottes de pluie qui me remonte jusqu'aux genoux.

Je me sens honteux quand je vois mon reflet dans ses yeux, j'ai l'impression d'être le fou de la cour, et que le roi attend juste de m'humilier encore plus que je ne le suis déjà. Je me recroqueville un peu plus sur moi et ne réponds pas. Si papa apprend que je sors avec Papy il va m'en vouloir, c'est comme ça à chaque fois, il se met en colère contre moi, contre lui, et il se met à crier. Et je n'aime pas quand il hurle, c'est trop bruyant et ça m'angoisse.

- Réponds moi.

- Je vais simplement jouer dehors.

- Avec ton sac à dos aussi rempli qu'une huître ?

- Oui.

Il me dévisage encore une fois pendant quelques secondes.

- Tu me prends pour un lapin de trois semaines ?

- Pas du tout–

Il me coupe en attrapant mon sac pour l'ouvrir et dévoiler ma canne à pêche et mon ciré.

- C'est quoi tout ça.

Je reste silencieux parce que je n'ai plus d'excuses qui me viennent en tête.

- Je sais très bien que tu vas avec ton grand-père pour pêcher.

Son ton est froid et ferme, me donne des frissons.

Je m'attends à ce qu'il me renvoie illico dans ma chambre pour travailler mes devoirs mais il n'en à pas le temps, une grande main ridée me tire dans ses bras et je reconnais l'odeur de cologne de mon grand-père, le père de mon géniteur.

Un long silence nous englobe et les deux adultes se foudroient du regard. Moi je ne dis rien, papy m'a expliqué que les petits ne devraient jamais interférer dans les disputes des grands. Même si je ne pense pas être si petit que ça, à ce moment-là je comprend bien qu'il faut que je me fasse minuscule.

-Lothar, quelle bonne surprise de te voir en dehors de ton bureau.

Mon grand-père crache ces mots sur mon père avec un dédain loin d'être camouflé.

Eternal DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant