Chapitre 8

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~ Amon ~

Traumatism

❁7 ans❁

Je suis surexcité !

Maman m'a demandé de la rejoindre ce matin, moi et juste moi !

J'avale mon petit déjeuné en trois bouchées et manque de m'étouffer avec la dernière. Je rabâche à Myrtille de se dépêcher de m'aider à m'habiller, maman ne doit pas attendre, sinon elle va croire que je ne veux pas la voir. Je veux la voir, je veux, je veux, je veux.

Je cours dans les escaliers pour rejoindre son bureau, je vais super vite, j'ai mis mes baskets super rapides pour l'occasion !

Myrtille me retient quand je manque la dernière marche et on arrive bientôt devant ces deux grandes portes en chêne que j'ai si souvent admirées, puis haït car elles me coupaient de ma maman.

Je frappe de grands coups en serrant dans mon autre poing la longue jupe mauve de ma vieille gouvernante.

On patiente des secondes qui s'amusent à s'étirer pour devenir d'encore plus longues minutes.

Un bruit de poignée, un grincement, le visage de l'assistant de maman.

Je trépigne d'impatience et lâche le vêtement de ma nourrice pour me faufiler pour la première fois dans la pièce après qu'on m'ait invité.

C'est grand, plus grand que ma chambre, ça me donne le tourni, je ne sais pas où donner de la tête, tout est doré, boisé, beau.

A l'entrée sur la gauche il y a le bureau de l'assistant de maman, puis une plante verte, je ne connais pas son nom parce que je suis nulle en jardinage, à droite il y a un grand tapis, un canapé beige - où au moins 12 personnes peuvent s'asseoir ! - avec une table basse en bois et un petit écran plat. Au milieu il n'y a rien, juste un tapis beige, encore, et tout au fond de la pièce, juste devant les trois grandes fenêtres, il y a le bureau de maman, énorme, tellement énorme qu'il me dépasse d'une tête, et pourtant je suis un grand garçon !

Elle est assise derrière ce même bureau, sur un grand fauteuil en velours marron, elle me regarde en train de dévorer la pièce des yeux. Elle ne dit rien, elle aussi elle est contente de me voir pas vrai ?

Elle me laisse encore un moment admirer ces murs qui nous séparent habituellement, puis elle élève sa voix, elle est belle sa voix, et je l'entends si rarement que quand c'est le cas, je me concentre juste sur elle, pour tout imprimé dans mon cerveau, au cas où si c'était la dernière fois.

- Ton père m'a dit que tu passais beaucoup de temps avec ton grand-père ces temps-ci, c'est vrai ?

Sa voix est rauque et fait vibrer l'air autour de nous, comme de grandes vagues qui viennent s'échouer contre mes tympans. Je suis tellement absorbé par ce son qu'il me faut plusieurs secondes pour comprendre qu'elle m'a posé une question et qu'elle attend une réponse. Je me dépêche, maman déteste attendre, je la comprend, je ne pouvais moi-même patienter quand j'ai su qu'elle m'avait invité !

- Oui maman, c'est vrai que je vois souvent Grandpa depuis quelque temps, c'est un problème ? Je me suis toujours bien entendu avec Grandpa !

Elle me balance un sourire, ses lèvres s'étirent mais j'ai l'impression que ses yeux ne disent pas la même chose...Il faut que j'arrête de voir le mal partout.

- Bien sûr que non ce n'est pas un souci, tant que tu travailles bien et que tu restes sage. Tant que tu obéis.

Elle insiste sur le dernier mot, comme pour me dire que ce n'est pas le cas. Je ne comprends pas, je suis toujours obéissant...

- Bref, je ne t'ai pas fait venir pour ça Amon.

Elle se lève et prend ma main, mon cœur bat à cent à l'heure, son toucher m'avait tellement manqué, la fraîcheur de sa main entourant la mienne, sa peau douce qui caresse la mienne.

Elle me guide jusqu'au canapé où elle s'assoit avec moi. Elle me laisse me blottir en son creux, les deux bras le long de son corps. Elle demande à l'homme qui l'assiste de lancer le "film" sur l'écran plat et son employé s'exécute.

Il allume la télévision et bidouille quelques secondes la télécommande avant de la reposer et de retourner s'asseoir à sa place derrière sa table en verre dans son coin.

Sur l'écran plat apparaît un château de princesse avec un ciel étoilé bleu en fond, c'est beau ! Une étoile le survole et le tout devient peu à peu noir, le film commence. L'odeur âcre de cigarette se balade sur la chemise en satin blanche de maman et j'essaye de me concentrer sur l'histoire.

On voit un papy - qui ne ressemble pas du tout au mien - en train de tailler un bonhomme dans du bois, c'est un peu bizarre. J'ai envie de demander à maman pourquoi il fait ça mais ça risquerait de la déranger. Je ne veux pas la déranger. Je garde les yeux sur les images qui défilent.

Le grand-père pose le bonhomme en bois sur une étagère et va dormir avec son petit chat, qui est tout mignon. Et il y a un petit insecte qui parle aussi, avec une veste et un chapeau, il s'appelle Jiminy Cricket. Après il y a une jolie fée qui apparaît et qui donne un peu de vie à la marionnette en bois. Puis elle s'en va.

Puis la marionnette, qui a un prénom compliqué, Pichonnio, ou Chiponnio, doit aller à l'école, et sur le chemin, elle croise un renard et un chat qui s'appellent Gédéon et Grand coquin. Oh, en fait la marionnette s'appelle Pinocchio, pas Pichonnio.

Après avoir suivis ses deux nouveaux amis au lieu d'aller à l'école, ils l'emmènent au cirque puis dans un monde bizarre où il n'y a que des enfants. Je suis mal à l'aise, j'ai envie de m'en aller, d'aller me balader avec maman. Je relève la tête pour le lui dire mais elle est très concentrée sur le film, alors je ne dis rien. On continue de regarder et je sens la petite boule dans mon ventre s'élargir. Pinocchio est emmené on-ne-sait-où et il est enfermé dans une cage. Il n'a pas été sage c'est pour ça ? C'est parce qu'il a menti ? Moi aussi je vais finir dans une cage si je ne suis pas sage ? Je serre le bas du haut de maman dans mon poing.

Il arrive dans une espèce de grotte et l'air ne passe plus dans ma gorge : plein d'enfants-âne, des enfants avec des queues et de longues oreilles, ils pleurent, dans des cages, les gros messieurs qui les surveillent rient, j'ai mal au ventre. Les ombres derrière eux sont affreuses, les couleurs trop sombres, ils sont emmenés pour être des esclaves et moi j'ai envie de vomir mon petit-déjeuner.

Je suis en apnée, je n'ose plus bouger, je n'arrive pas à détourner mes yeux tout mouillés de ces horreurs. J'essaye d'appeler maman au secours, de lui demander de l'aide. Elle se penche légèrement sur moi et je sens son souffle chaud contre mon oreille.

- Qu'est ce que tu vas faire si papa et moi on va préfère ta grande sœur ou ton grand frère à toi ? Les enfants qui ne sont aimés de leurs parents sont emmenés dans un endroit horrible où on les transforme en ânes, comme Pinocchio, tu veux finir comme lui ? C'est ce que tu veux Amon ?

Mes iris s'écarquillent comme deux billes. Non je ne veux pas, je ne veux pas me transformer en âne et partir loin de maman et de papy, je veux rester avec eux pour toujours ! Comment dois- je faire ?

- Sois un bon garçon et tout se passera bien. Ne laisse jamais ton frère ou ta sœur te passer devant, tu es né pour être meilleur, tu comprends Amon ? Suzanne et Hermann sont tes rivaux. Tu dois te méfier, toujours rester au-dessus d'eux.

Suzzy et Hermann veulent m'envoyer dans l'affreux pays des ânes ? Mais pourquoi ?! Je suis toujours gentil avec eux !! Je tremble comme une feuille et acquiesce à ce que me raconte maman, toujours être le meilleur, rester sur mes gardes.

Si je dois faire ça pour que maman accepte de me voir plus souvent, alors je le ferai, je suis sûr qu'ils comprendront, après tout, c'est mon frère et ma sœur. 

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Hello ! nouveau petit chapitre que j'aime particulièrement ! La mère de Amon me donne la nausée mais à part ça notre petit bout de chou me fait vraiment mal au cœur ! 

J'espère que ça vous a plu et je vous dit à la prochaine !

La bise ! 

Eternal DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant