Chapitre 11

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~ Amon ~

Heart Broken

❁10 ans❁

Je suis totalement déconnecté de la réalité. Les mots de mon grand-père résonnent en boucle dans ma tête et ne me laissent aucun répit. Le sourire qu'il avait en m'annonçant qu'il est condamné au cancer me donne des hauts le cœur. Quand on rentre à la maison je fuis toute forme de vie, je ne veux voir personne, je ne veux parler à personne. Papy m'a dit que j'étais le premier et le seul au courant. Ça veut dire que je ne peux avertir personne. ça veut dire que je dois traîner ce poids tout seul jusqu'à ce qu'il l'annonce aux autres. J'ai l'impression que mon cœur pèse trois tonnes, je marche au ralenti, les yeux au sol, pour être sûr de ne croiser personne. Je ferme doucement la porte de ma chambre et je tombe sur mon lit comme un caca. J'ai envie de m'étouffer avec mes larmes, de me noyer dedans mais je n'y arrive pas, il n'y en a pas assez. Pourtant il y en a tant.

Je sonne ma cloche parce que je n'en peux plus. J'ai besoin de la présence d'un adulte, pour me réconforter et me sentir en sécurité. Maggy déboule gentiment dans ma chambre après avoir toqué à ma porte. Elle s'assoit à côté de moi et voit mon visage à travers l'eau salée. Elle pose sa main sur ma tête et mes sanglots redoublent, je ne contrôle plus rien du tout.

- Amon...Que se passe-t-il ?

L'inquiétude transperce sa voix et je veux tout lui déballer, tout lui avouer pour retirer ce poids qui m'enterre dans le sol de ma chambre. Mais les mots enflent dans ma gorge et m'obstruent la trachée, je ne peux plus parler. Je ne peux plus respirer. Je me contente de me blottir contre elle pour sentir sa chaleur tout contre mon cœur, tout contre mon corps.

Elle me berce doucement et mes yeux se fatiguent à vouloir rester ouverts.

- Tu resteras avec moi pour toujours hein Maggy ? Je ne veux pas que tu partes...Une personne c'est suffisant...

Elle ne doit pas comprendre ce qui se trame mais je sens sa prise se raffermir autour de moi.

- J'aimerais vous le promettre mais ce serait vous mentir.

Mon cœur s'arrête. Quoi ? Elle aussi ? Je ne sais plus où va la conversation. Mes oreilles sifflent encore et encore et tout ce qui est autour passe au second plan. Tout le monde va me laisser et je ne veux pas. Ils n'ont pas le droit. Je ne veux pas être seul. Je ne veux pas des oreilles et de la queue d'âne.

Je m'agrippe à elle et fait le premier caprice de ma vie. Elle ne va pas mourir elle aussi hein ? Elle ne peut pas mourir, elle est trop gentille. Trop jeune ! Papy m'a dit qu'il était malade à cause de la vieillesse. Maggy n'est pas vieille. Elle ne peut pas mourir. Je m'y oppose.

Ma réaction la surprend et elle panique, je le vois dans ses yeux. Mes hurlements résonnent dans ma chambre et elle me colle contre elle encore plus fort. Je ne sais si c'est pour me calmer ou pour étouffer mes cris mais ça ne fait rien. Je crie, je me débat, j'essaye de vaincre ce désespoir qui essaye de me dévorer tout cru.

J'ai tellement peur de la solitude. Je l'ai tellement côtoyé, quand elle s'immisce dans ma tête et que je passe des heures en sa seule compagnie.

Je la hais. Je la hais, je la hais, je la hais, je la hais, je la hais, je la hais, je la hais, je la hais, je la hais, je la hais.

- Tu n'as pas le droit de mourir aussi ! Non ! Je ne veux pas ! Pas toi !

Son tee-shirt est tout mouillé à cause de moi.

Eternal DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant