Eternal Darkness

Chapitre 13

~ Amon ~

Why do you hate me ?

❁12 ans❁

Je marche doucement dans les jardins de la maison. Je suis seul. Encore. Papy est faible, de plus en plus faible. Même s'il ne nous dit rien. Même s'il ne ME dit rien. Je le vois dans ses yeux. Il a commencé la chimiothérapie et il s'est dégarni, puis il est devenu chauve. Il a toujours le sourire pourtant. Et je crois que c'est ça le plus douloureux dans l'histoire, de le voir s'efforcer de faire comme si tout allait bien au quotidien, alors que chaque jour il perd sa voix, il perd du poids, il perd un peu plus de vie. Finalement c'est peut-être la dernière chose qui lui reste, son sourire.

J'arrive dans la petite dépendance qu'il a rejoint depuis quelques mois. Il vit dans le domaine, comme ça il peut recevoir des soins plus facilement et rapidement, et je peux le voir plus souvent. Je suis content. Un peu de joie dans la grisaille qui m'entoure au quotidien.

Je frappe à la porte et il me confirme que je peux entrer, que je ne le dérange pas. Je pénètre dans le petit loft de plain pied qui est enfoui au milieu du jardin et je le trouve assis dans l'un de ses transat sur sa petite terrasse, entouré par la nature qui veille sur lui.

Je m'assois doucement à côté de lui. Il relève la tête doucement et je vois ses petits yeux fatigués rougis par le soleil.

- Tu ne devrais pas rester au soleil comme ça Grandpa, ce n'est pas bon.

- Oh allons. Il fait beau. Laisse moi profiter.

Je ne dis rien et me contente simplement d'admirer les alentours.

Papy tousse, Violemment.

- Je vais te chercher un verre d'eau.

- Prends moi aussi mes médicaments s'il te plait. Ça va être l'heure de mes cachets.

Je lui ramène un verre d'eau fraîche et son pilulier. Il le prend d'une main tremblante et avale une poignée de pilules blanches.

A ce moment-là je le trouve un peu distant. Mais il doit économiser sa voix. Mais j'ai peur. Je ne veux pas qu'il me déteste. Pas lui. Je peux accepter dédain de papa, supporter celui de maman mais pas lui. Si papy ne m'aime plus alors je ne suis plus rien. Il coquille vide dans le noir.

- Tu veux écrire avec moi ?

Je relève mes yeux de mes ongles rongés par les angoisses et le regarde avec mes grands yeux ronds.

- Tu veux bien ?

Pour l'instant il se contentait de lire ce que j'écrivais en me donnant des conseils. C'est la première fois qu'il m'invite à faire une session d'écriture en duo, et je suis ravi. Une nouvelle activité en commun avec lui, un nouveau lien qui se tisse entre nous pour ne jamais se rompre.

- D'accord, je veux bien.

- Merci. Je suis heureux. Bientôt je ne pourrai plus parler, ma voix va s'effriter et je n'aurai plus que les mots pour me tenir compagnie.

- Je serai là moi papy. Toujours.

- Je sais, Schönheit der Nacht . Mais quand tu ne seras pas là, le silence m'engloutira et il ne me restera que les lignes de mon cahier.

Je ne réplique pas parce que je sais qu'il a raison, alors je m'installe juste sur la petite table en ferraille blanc et il se lève pour s'asseoir à côté de moi. Je sors mon cahier d'écriture de mon sac à dos et lui arrache une page pour la lui tendre, accompagnée d'un stylo.