Eternal Darkness

Chapitre 14

~ Amon ~

Alone with the others

❁12 ans❁

Je suis dans ma chambre avec D. Encore. Grand-père était trop fatigué pour passer la journée avec moi alors je l'ai laissé se reposer, il en a besoin, le pauvre.

Donc D me tient compagnie. Il parle, encore et encore, et occupe mon esprit. Il est allongé à côté de moi, sur mon lit. Je le regarde. Il me ressemble. Beaucoup.

Après avoir embrouillé mon cerveau il s'en va et on frappe à ma porte. J'autorise la personne à entrer et Myrtille apparaît. Il ne reste plus qu'elle. Maggy est partie avec son chéri et m'a laissé seul. Tout seul. Myrtille ne partira pas hein ? Pas elle.

Je me redresse sur mon matelas et lui souris. Parce que je ne veux pas qu'elle parte. En bas, j'entends le bruit des pas et des blablas des invités qui arrivent. Ma gouvernante est sûrement là pour ça. M'aider à me préparer et à rejoindre les autres dans la salle de réception pour que je puisse appliquer toutes les règles de bienséances que j'ai apprises pendant mes longues leçons de savoir- vivre.

La grosse femme s'agenouille devant moi et m'aide à m'habiller. Je suis grand. Je peux le faire tout seul. Mais j'aime bien quand elle s'occupe de moi. C'est mal ? Je suis un mauvais garçon ?

On descend dans le grand hall et, perché sur les escaliers, je ne vois même plus le sol en marbre tellement il y a de monde. Encore des princes et des princesses. Des rois et des reines. Je ne les connais pas. Eux non plus. Pourtant ils sont sous mon toit à rigoler, boire et manger comme s'ils étaient chez eux. J'essaye de remonter en discrétion dans ma chambre. D acceptera sans doute de revenir si je lui dit que je préfère sa compagnie à celle de ses âmes grises. Il est un peu prétentieux. Mes paroles flatteront son égo.

La main ridée de Myrtille me retient pourtant et me tire dans la foule. Je me noie dans une forêt de robes à frou-frou et de pantalons de costumes. Ça sent le luxe et le parfum. J'ai le nez qui me chatouille. Les talons claquent sur le sol et plusieurs dames manquent de me perforer le pied avec leurs aiguilles. Je perds ma gouvernante dans la foule et je panique un peu. C'est mon point de repère. Je dois la retrouver.

Je dois la retrouver. Je dois la retrouver. Je dois la retrouver. Je dois la retrouver. Je dois la retrouver. Je dois la retrouver. Je dois la retrouver. Je dois la retrouver. Je dois la retrouver. Je dois la retrouver.

J'essaye de me frayer un chemin dans ce brouillard de tissu pour retrouver Myrtille. Elle ne doit pas être bien loin. On ne peut pas disparaître en un claquement de doigt. N'est-ce pas ?

J'avance à tâtons sans vraiment voir où je vais. J'arrive dans l'un des salons et il y a moins de monde ici. Moins de tissu encombrant. Plus d'air. Je m'assois sur l'un des fauteuils et prie pour que se soit un monstre et qu'il m'avale. Je ne sais pas où est Myrtille. Je suis tout seul. Je reste dans mon siège de longues minutes, je regarde les adultes marcher, circuler dans la pièce.

Le tabouret en velours à côté de moi s'affaisse en faisant un bruit de froissement. Je regarde ce que c'est. Une fille.

Elle est blonde, elle a deux nattes collées sur le crâne, les yeux verts et le visage fin. Elle me toise et quand je m'attarde un peu trop sur son visage, elle rougit et détourne les yeux. Je retourne jouer avec mes doigts.

Elle tape sur mon épaule et je recolle mes yeux sur elle. Elle va continuer longtemps ?

- Tu t'appelles comment ?