Chapitre 7

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~ Amon ~

Garden

❁7 ans❁

Ce matin je me suis à nouveau réveillé dans mon lit, peut-être que c'est Suzanne qui m'y a emmené quand elle s'est rendue compte que je m'étais endormie sur elle.

Je descends pour prendre mon petit-déjeuner et remonte pour aller m'habiller. Il n'y a encore personne aujourd'hui. Hermann est allé avec papa à son travail pour se familiariser avec les lieux. Suzanne a disparu des radars également, mais elle je ne sais pas où elle est, quant aux domestiques, ils sont bien trop occupés pour avoir du temps à m'accorder, ce que je comprends parfaitement, je ne suis pas un petit prince, je ne suis pas le centre du monde.

Je sors tranquillement dans le jardin et je m'assois dans l'herbe sous le grand saule pleureur qui se tient tout près du lac du domaine. Cette année papa et maman ont dit que nous n'irions pas à notre maison des Pays-Bas, trop de préparatifs et pas assez de temps ont-ils expliqué.

Notre maison d'Allemagne est très belle mais on dirait un vieux manoir hantée la nuit. Le plancher grince sous les pas des gardes et je crois toujours que ce sont les monstres de mon placard qui essaient de m'attraper. Le seul point positif de cette demeure, c'est l'immense parc à l'arrière, juste après la terrasse en pavés. On ne peut même pas en voir la fin quand on est du plus haut des étages de la maison. Papy dit que tout au bout il y a le vrai monde, celui que je n'ai vu qu'à travers les vitres teintées de nos voitures de luxe. Papy dit aussi qu'un jour je pourrais sortir de la maison pour me balader comme toutes les autres personnes sur Terre. J'ai vraiment hâte !

Je regarde les nuages passer avec leurs formes bizarres et je mets le monde sur pause. J'aimerais rester ici pour toujours, malheureusement le temps actuel est principalement fait de pluie, de vent et de nuages, comme tous les débuts d'automne en fin de compte.

Je sens une masse s'assoir à côté de moi en silence, ne voulant pas troubler le calme qui règne dans cette partie du jardin, qui voit rarement du monde. Je crois que je suis le seul à m'y rendre dès que j'ai du temps libre. Parfois j'emmène ma basse ou ma guitare acoustique pour gratter quelques morceaux, d'autres fois je prend le carnet que j'ai eu à noël avec mes stylos, pour écrire, comme me l'a conseillé mon grand-père.

Je laisse les mots se balader au gré des lignes foncées et ça m'apaise, mon cœur se sent plus léger et mon esprit plus libre. Parfois j'écris des histoires inventées, parfois je m'inspire de ma vie quotidienne, et je fais dire à mes personnages tout ce que je n'arrive pas à dire en vrai.

Je tourne la tête pour rencontrer la silhouette maigrichonne de mon papi, il est allongé dans l'herbe, appuyé sur ses coudes. Il regarde le mouvement de l'étang devant nous. Il espionne les demoiselles survoler l'eau tranquille, parfois perturbée par les ondes créées par les patineuses.

Le gazouillis des oiseaux nous sert de musique de fond et je laisse ma tête reposée dans la fraîcheur de l'herbe verdoyante.

- C'est beau n'est ce pas Schönheit der Nacht ?

- Oui.

Cette simple réponse semble lui convenir car il décolle ses yeux qui s'étaient greffés sur moi, pour les laisser balayer l'eau à nouveau.

Je pose mes iris sur son profil et je sais qu'il meurt d 'envie de me raconter sa vie, il adore me raconter de petits passages marquant de son passé, sans doute parce que je suis le seul qui semble y être intéressé.

- Quelle anecdote vas-tu me raconter cette fois Grandpa ?

Il a le même sourire que moi quand je mens lorsque j'ai fait une bêtise.

Eternal DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant