Chapitre 18

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~ Amon ~

Don't let me alone with them

❁14 ans❁

Il fait beau aujourd'hui. Je suis de bonne humeur. Le soleil brille, je trouve ça si beau ! On dirait mon grand-père. J'ouvre les deux grandes portes fenêtres de ma chambre et me glisse sur mon petit balcon. Je suis pieds nus et le carrelage refroidi par la rosée du matin me fait frissonner. C'est désagréable. Je rentre quelques secondes pour enfiler mes chaussons et ressort illico pour m'accouder à la rambarde blanche. Je ferme les yeux. Le soleil chauffe mes cheveux et j'adore cette sensation. J'ai envie d'aller voir papy. Je fonce dans mon dressing pour sauter dans les premiers vêtements que je vois et descends au rez-de-chaussée à toute vitesse pour rejoindre Grandpa.

Je cours dans le jardin jusqu'à sa petite dépendance et la baie vitrée est entrouverte. Papy aussi doit vouloir profiter de ses beaux rayons de lumière.

J'entre doucement, un petit sourire au lèvres. Il doit sûrement être en train de lire ou d'écrire, comme toujours. J'espère que cette fois il acceptera de me laisser lire ce qu'il écrit. Il a refusé la dernière fois. il m'a dit que ça ne me regardait pas. Pas maintenant. Je n'ai pas trop compris.

- Papy ? C'est Amon.

J'avance doucement dans la petite maison et fait le tour des pièces en le cherchant. J'ai plein de choses à lui raconter. Mes cours de basse portent leurs fruits et j'ai fait des progrès. C'est mon prof qui me l'a dit. J'ai aussi écrit plein de textes à lui faire lire. Papy dit que j'ai du talent. il aime bien lire mes essais. il aime bien. C'est le seul qui aime bien.

Il n'est pas là. pas dans la cuisine. Pas dans le salon. Pas dans la chambre. Pas dans la salle de bain.

- Papy ? Papy ?!

La boule d'ombre dans mon ventre se développe à une allure folle. Je deviens fou. Tout devient flou.

- Papy ?

L'ombre en moi grandit. J'ai l'impression qu'elle veut m'engloutir et prendre ma place. J'ai mal au ventre. Ça ne veut pas s'en aller.

J'arrive dans la salle à manger et aperçois le cahier de mots-croisés de mon grand-père, posé sur la table de la terrasse à l'extérieur.

- Papy ? Tu es dehors ?

Je m'avance vers la grande porte vitrée et m'arrête. Mon cœur crie au secours. Mon cœur hurle. Mon cerveau se débranche. Papy est allongé dans son transat mais ce n'est pas normal. Il ne bouge pas. Il ne bouge pas du tout. Son ventre ne se soulève pas au rythme de sa respiration. Il est mort. Il est mort ?

Je m'accroupis à côté de lui. On dirait qu'il dort. mais il ne dort pas. Je veux mourir.

Je pose ma main sur son bras et c'est froid. C'est gelé. Mon cœur se consume à une allure folle. J'ai mal. Je hurle. Je crie. Mon cœur part en cacahuètes et je m'écroule aux pieds du transat. Les larmes inondent mon visage et le monde autour de moi. J'ai mal au cœur. Je veux que papy me prenne dans ses bras. Je veux qu'il me rassure, qu'il éloigne mes démons. Il les éloigne toujours. C'est mon soleil. Le soleil ne peut pas s'éteindre. Un soleil ne s'éteint jamais. N'est-ce pas ?

Je pleure. Encore et encore. Je ne sais pas combien de temps. Je veux juste que papy ouvre les yeux.

Je pose ma tête sur son bras; Je l'aime. Papy, je t'aime. Ne me laisses pas tout seul. Ne me laisses pas tout seul avec eux. Tu es le seul qui me comprend. Mon seul allié sur cette planète qui n'est pas la nôtre.

Un pas. Un autre. Quarante-cinq autres. Le jardinier débarque sur la terrasse et m'écarte de mon grand-père.

- Laisse moI être prêt de lui. Il a besoin de moi. Je ne peux pas le laisser tout seul. C'est mon papy !

Eternal DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant