CHAPITRE 3 : Première rencontre

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Kandinsky se tenait devant moi, ses yeux accrochés aux miens. Je n’arrivais pas à croire qu’il était là, après huit ans d’absence. Je serrais la mâchoire, ravalant la haine que j’avais envers lui.

Il cligna des yeux plusieurs fois, comme s’il se souvenu qu’il devait nous servir. Pendant qu’il déposait nos entrées sur notre table, je me surpris à l’observer.

Il avait changé, c’était sûr cependant, il avait gardé des traits physiques de son enfance. Il était grand, très grand. J’étais certaine qu’il allait atteindre les un mètres quatre-vingt dix minimum et j’avais raison.

J’avais également remarqué qu’il avait maigrit et je ne savais pas si cela le rendait plus beau ou au contraire, plus dégoutant.

Ses cheveux étaient bruns et courts et de grands cernes s’étaient installés sous ses yeux. Il ne dormait plus de la nuit et ça se voyait.

Je repoussais l’envie de compatir avec son sort et tournais le regard vers la grande fenêtre lorsqu’il nous demanda d’une voix nettement plus grave que dans mes souvenirs :

—    Avez-vous déjà une idée de ce qui vous feriez envie en plat principal ?

Ivanov prit un plat à base de saumon et lorsqu’il me regarda pour que je dise au serveur ce que je voulais, je le fixais droit dans les yeux. Je le vis déglutir et son iris se rétracta.

—    Je ne pense pas que je vais rester ici assez longtemps pour prendre un plat de résistance. D’ailleurs, je ne vais même pas toucher à ma salade.

Ivanov écarquilla les yeux avant de s’excuser. Kandinsky bredouilla quelque chose avant que je ne me lève et que je quitte la salle.

C’est lorsque je suis passée à côté du brun que je remarquais à quel point il avait grand et aussi maigri. Il était complètement différent du garçon que j’avais connue il y a huit ans.

Un enfant en bonne santé et heureux.

Alors que je me dirigeais vers le parking, j’entendis Ivanov m’aboyer dessus.

—    Mais enfin Mira ! Qu’est-ce qu’il t’a pris ?

Je ne me retournais même pas pour lui parler, trop énervée envers moi-même et lui.

—    Je n’ai pas faim et je suis fatiguée, c’est tout.

Le chauffeur qui m’avait déposé plutôt, m’attendait garer. Lorsqu’il me vit, il m’ouvrit la portière pour que je puisse m’engouffrer dans l’habitacle.

—    Mira, attends-

—    J’aimerais rentrer, Ivanov.

Il baissa la tête avant d’acquiescer en silence. Mon cœur se serra et j’ouvris la bouche pour m’excuser avant de la refermer.

—    Cet homme, c’est celui dont tu m’as parlée ? me questionna-t-il.

Je pris une grande inspiration. Je ne lui avais jamais dit pourquoi je le détestais. Il savait juste que j’étais une orpheline et que j’avais une meilleure amie qui s’appelait Maya.

—    Oui, finis-je par avouer.

Il hocha une nouvelle fois la tête et je le vis se détendre un peu. Il tendit le bras pour me caresser la joue avant de m’embrasser sur la tempe.

—    Je ne sais pas ce qu’il t’a fait mais je suis sûr qu’il regrette.

Je restais muette. J’avais l’impression que tout le monde se voilait la face et ne voulait pas voir la réalité. Ce type était un connard qui m’avait lâché du jour au lendemain sans me prévenir.

Des flashs de cette horrible nuit me revinrent en tête, agrémentant davantage la haine que j’éprouvais pour ce connard.

Je souhaitais une bonne nuit à Ivanov avant qu’il ne referme la portière et que le chauffeur me ramène chez moi.

Durant tout le trajet, cette journée repassait en boucle dans ma tête. Mon embrouille avec Maya, le retour de Kandinsky. Alexander aussi était revenu dans sa vie, ils s’étaient passé le mot ou quoi ?

Lorsque j’arrivais chez moi, je me laissais tomber sur mon canapé, grognant.

—    Ça ne va pas ?

Je sursautais, me relevant comme une bombe avant de voir ma meilleure amie adossée sur le plan de travail. Lorsque je la vis, je me jetais dans ses bras.

—    Je suis désolé pour ce matin, lui dis-je alors qu’elle me serrait en retour dans ses bras.

—    Ce n’est pas grave.

Nous restions enlacées quelques minutes avant que je ne me retire pour lui proposer un capuccino, ce qu’elle accepta. Je lui servis et nous nous installions sur le canapé.

—    Alors, pourquoi est-ce que tu grognais ?

—    Mauvaise journée, répliquais-je simplement.

Je sentis dans son regard qu’elle ne me croyait pas et pourtant c’était la vérité. Je décidais de changer de sujet avant qu’elle ne me bombarde de question.

—    Et sinon avec Alex, tu l’as revue ?

Elle sourit, buvant une gorgée de sa boisson chaude.

—    Oui, et je peux te dire qu’il s’est améliorait encore plus au lit !

Je levais les yeux au ciel tandis qu’elle ricanait bêtement.

—    D’ailleurs, tu devrais peut-être trouver un mec, tu serais moins aigrie, gloussa-t-elle avant de se racler la gorge. Alexander m’a dit qu’il y avait une fête vendredi soir organisé par toutes les personnes qui ont été à l’orphelinat, afin de retrouver nos anciens amis.

Elle insista pour que j’y aille mais ma réponse était claire : c’était non. Je n’avais pas envie de revoir Joshua ou encore Marylou. J’étais très bien toute seule et Maya n’allait certainement pas chambouler mes plans.

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