CHAPITRE 7 : Malheur de couple

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Kandinsky Zabolotny

Nous avions rendez-vous dans un restaurant non-loin d’ici et pas trop chère. Marylou avait insisté pour que je prenne ma soirée et malgré toutes mes excuses, principalement le travail, j’avais finalement cédé. Pas pour lui faire plaisir, juste pour revoir Mira.

Mes lèvres étaient brulantes depuis hier soir et pourtant, nous ne nous étions même pas embrassés. Elle avait laissé un trou béant en me quittant devant ce bar miteux.

Le jour où j’aurais payé toutes mes dettes. Ça va prendre des années !

Je soupirais, me fixant dans la glace, un sourire niait sur les lèvres. Ça n’allait pas plaire à tout le monde et pourtant je l’avais fait. Teindre mes cheveux.

Je l’avais refait ce matin, sans même penser à ce que mon patron allait dire. J’avais envie de me tourner un peu vers le passé car c’était la seule chose qui me réconfortait autant qu’elle me brisait.

Marylou entra dans la salle de bain, se figeant en me voyant. Je lui souris fièrement alors qu’elle se tut.

—    Tu as teint tes cheveux, fini-t-elle par dire.

J’hochais la tête.

—    En vert, ajouta-t-elle.

J’hochais la tête. Elle pivota et quitta la salle de bain sans rien dire de plus. Je me moquais de ce qu’elle pensait, je voulais juste faire plaisir à Mira parce que depuis le début, c’était elle.

C’était tout pour elle et rien pour les autres. Pourtant, sans vraiment le comprendre, nous nous étions perdus de vue. J’aurais aimé remonter le temps jusqu’à son dix-huitième anniversaire.

—    Pourquoi tu t’es teint les cheveux ? me questionna Marylou.

—    Parce que j’en avais envie.

Elle me toisa, les bras croisés devant sa poitrine.

—    Tu l’as fait pour elle, hein ? Tu as toujours tout fait pour elle.

Oui.

—    Qu’est-ce que tu racontes ? gloussais-je faussement.

—    C’est pour ça que tu n’as jamais voulu m’embrasser, ni même me toucher. Je ne suis pas elle.

Et tu ne le seras jamais.

—    J’ai juste…pas envie, lui expliquais-je.

Et c’était la vérité. Je n’avais pas envie de la toucher, ni même de la voir. C’était méchant et horrible de ma part de me servir d’elle uniquement pour ne pas couler mais je ne voulais pas me noyer, je voulais vivre pour Mira.

Le regard de Marylou se perdit et des larmes lui montèrent. Je ne voulais pas la faire pleurer tout comme je ne voulais pas la blesser mais c’était ce que j’étais en train de faire actuellement. Depuis cinq ans, elle espérait que je l’aime autant qu’elle.

—    Je pense que je vais aller chez Alexander, lui dis-je avant de quitter la salle de bain.

Elle ne dit rien, restant plantée dans la salle de bain. Dans un sac, je mis quelques affaires à moi pour la semaine. Je voulais changer et sortir de toute cette merde dans laquelle je m’étais mis.

Je me relevais en entendant ses pas derrière moi et je perdis toute bonne humeur lorsque mon regard croisa la lame brillante qu’elle avait dans les mains.

Ça recommence.

—    Tu n’as pas le droit de partir, sanglota-t-elle.

—    Pourquoi ? Parce que sinon tu vas te tuer ?

Je soupirais, j’aurais pu partir depuis longtemps si elle ne me faisait pas culpabiliser à chaque fois.

—    Je suis prête à tout pour toi et toi, tu ne penses qu’à elle sans arrêt ! A quoi est-ce que tu joues ?!

Je me pinçais l’arête du nez, débordé par la situation.

—    Marylou, ça fait cinq ans que ça dure. Cinq ans qu’on est malheureux toi et moi. Je ne vois pas en quoi est-ce que ce serait utile de rester ensemble.

—    Mais c’est toi qui nous causes ce malheur ! Parce que tu penses sans cesse à elle ! Le monde serait tellement mieux sans elle dans nos pattes !

Elle continua à parler à propos de notre relation et de Mira mais je préférais prendre la porte. Ce moment me parut si simple à faire, alors pourquoi ne l’avais-je pas fait plutôt ?

Je sortis et prit la route en direction de l’appartement d’Alexander. Mon cœur accéléra lorsque je passais devant le casino. Je m’y arrêtais, menant un combat intérieur.

Il faut que je paie mes dettes pour revoir Mira.

Je me pinçais les lèvres. Je peux y arriver. Je continuais ma route jusqu’à chez mon meilleur ami.  

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