King Home 1/2

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Le héros c'est celui qui est prêt à te sacrifier pour sauver le monde et le méchant, c'est celui qui sacrifie absolument tout le monde pour ne sauver que toi.

(Juliette)

Il a vraiment dit ça, t'es sûr, sûr, sûr répète pour la énième fois Clem.

En mâchouillant son style rose fuchsia orné de plumes, elle me pousse à lui raconter encore une fois ce qu'il s'est passée avec Roméo dans les toilettes. Le ballet pas le mois sensuel que fait le bout de sa lague sur le stylo m'arrache une grimace dégoutée. Je me replonges dans mes souvenirs et revis la scène pour la 32ième fois. Malgré moi, mon cœur palpite au souvenir des mots de l'être malfaisant qui refuse de sortir de mes pensés.

- Crois moi, je vais te rendre accro à ma voix, avide de mon odeur, dépendante de mon toucher, et surtout ivre de mes baisers.

- Tu essayeras peut-être mais qui te dit que tu réussiras, répondis-je déjà essoufflé

- Moi, je le dis, j'en suis certain. Je vais m'y donner à corps et à cœur joie, comme personne ne l'a fait avant moi et comme personne ne pourras jamais après moi. Serre les dents, les cuisses et les poings petit cœur, si ça te chante et regarde moi m'imprégner de toi. 


- Hannnn, il.. et tu es sûre, je veux dire, c'est vrai, quand tu dis qu'il a embrassé une autre nana devant toi avant de te raconter tout ça ? me redemande Clémentine.

Nous venons de finir de diner. J'ai eu le temps de parler à ma grand-mère et Clem a fait la vaisselle. Dans sa combi short en velours, elle me jauge et rigole toute seule de je ne sais quoi.  

- Oui je suis sure, puisque j'étais là et pas toi, m'énervais-je.

Le problème, c'est que j'aurais du crier au harcèlement, dénoncer le brun pour le montrer que mon NON restera catégorique. Mais, je n'ai rien fait de tel. Au fond de moi, je sais pourquoi, j'aurais bien pu sortir avec Roméo, lui donner une chance et voir où tout cela nous mène. Malheureusement, je sais et je vois bien que tout ce qui l'intéresse, c'est mon corps et tout ce qu'il pourrait en faire. Je suis certaine que ma résistance à son foutu charme lui donne un regain de motivation pour me faire succomber. Il n'est pas intéressé par ce que je veux et moi, je ne me contenterais jamais des miettes qu'il voudra bien me céder. Et  puis, je ne suis pas loin de me mettre en couple, non plus.

Je soupire longuement en me calant dans le fauteuil. Mes pieds dépassent du plaid qui est sensé me tenir chaud. Clémentine me regarde avec une tendresse bouleversante. Elle sait combien c'est rare, de me voir dans ce état, complètement embrouillée. 

- Je ne sais pas ce que te veux ce mec. Enfin, oui, je sais bien ce qu'il te veut mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il est si insistant. Un conseil, garde bien les cuisses serré.

En cette soirée tranquille, pas si tranquille que ça, je retourne moi aussi cette histoire en boucles dans ma tête. Une chose est sûre, je ne suis pas la seule fille dans cette ville. Il doit y en avoir deux ou trois autres qui résistent au charme destructeur de Roméo, non!

 Je n'ai rien d'extraordinaire. Je ne suis pas immunisé contre son charme, mais je ne suis pas non plus une groupie. Je suis de nature discrète, je déteste être le centre de l'attention, je perds rapidement mes moyens en situation de stress et je ne suis pas vraiment sociable si on oublit que je ne suis pas très adroite. 

Petite, j'étais le genre de fille qu'on qualifiait de coincée et d'intello, tout le contraire de Clémentine. J'aimais plus lire que sortir faire la fête. Je préférais la compagnie des composés chimiques à celle des garçons et surtout j'adorais mes cours et détestait les potins. Bien sûr comme tout parent, les miens souhaitaient que je me fasse des amis autres que Clementine et que je vives à cent à l'heure. Cependant, être la fille populaire, qui assure en classe et se fait dragué à chaque coup d'œil, ça ne pouvait pas être moi. Kimberly remplissait bien ce rôle et Clem n'était pas loin derrière. Ce mode de vie était et est resté très loin de ce à quoi j'aspire. J'ai bien tenté de m'incruster à une ou deux fêtes seulement je rentrais avant tout le monde tellement j'étais mal à l'aise. Les choses ont changé après la mort de mes parents. Le sentiment d'abandon  que cette perte m'a infligé est encore bien présent aujourd'hui. Résultat, j'ai du mal à m'attacher aux gens.

Roméo n'est pas un héroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant