Chapitre 25

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{point de vue Antoine}

Trois jours plus tard.

Je me retrouve assis à la table de la cuisine chez ma sœur, seul. Alma est au travail tout comme Charlotte et Erika, tandis que Gabriel est parti retrouver des amis qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. Mon regard est fixé sur une feuille de papier blanc. Un stylo repose entre mes doigts, prêt à mettre en mots tout ce que j'ai gardé enfoui si longtemps. C'est difficile, plus que je ne l'aurais imaginé, mais je sais que c'est nécessaire. Pour Gabriel, pour Alma, et surtout pour moi-même.

"Mon cher Gabriel,

Je ne sais pas vraiment par où commencer. Ces dernières semaines ont été un tourbillon d'émotions et de décisions que je regrette profondément. Je t'écris cette lettre parce que je sens qu'il est temps que tu comprennes, que tu saches la vérité sur ce qui s'est passé quand tu étais en Espagne."

Je fais une pause, laissant mes pensées s'organiser avant de continuer.

"Je sais que tu es en colère contre moi, et tu as toutes les raisons de l'être. Ce que je vais te dire maintenant, c'est la vérité nue, sans aucun détour."

Mon esprit retourne à ces nuits sans sommeil, aux menaces d'Oscar planant sur nous comme une ombre. Je me revois, désespéré et déterminé à protéger ma famille à tout prix.

"Quand tu étais en Espagne, Oscar est venu chez nous à plusieurs reprises pour nous intimider. Il ne cessait de nous menacer, Alma, Louna, le bébé et toi. J'étais terrifié à l'idée qu'il puisse vous faire du mal. Je me sentais tellement impuissant."

Je me souviens de la nuit où j'ai pris cette décision folle, de braquer cette boutique de couteaux. Ce n'était pas juste une impulsion, c'était un cri de désespoir pour trouver une solution, une manière de nous défendre sans attirer l'attention sur nous.

"J'ai braqué cette boutique parce que je ne savais plus quoi faire pour nous protéger. Je voulais des armes pour nous défendre, mais je savais que les acheter laisserait des traces. Je ne voulais pas qu'on puisse remonter jusqu'à moi si je devais les utiliser contre Oscar. C'était stupide, dangereux, je le sais maintenant. Mais je me sentais acculé, sans autre choix."

Les souvenirs de cette nuit m'assaillent, le fracas de la vitre brisée, les lumières des néons, la peur et l'adrénaline mêlées.

"Bien sûr, les choses ont mal tourné. Je me suis fait prendre en flagrant délit par la police. Ils m'ont arrêté, et ça a été le début de l'enfer. J'ai été mis en garde à vue, interrogé, torturé même. Ils voulaient des informations que je n'avais pas, et ils n'ont pas hésité à utiliser la force pour les obtenir."

Le souvenir de la douleur physique et mentale est toujours vif. Alma a été ma force pendant cette période sombre. Elle s'est battue comme une lionne pour me sortir de là.

"Alma a tout fait pour me sortir de cet enfer. Elle a été incroyable, Gabriel. Sans elle, je ne sais pas si j'aurais eu la force de tenir. Mais même libéré, les cicatrices de cette expérience sont toujours là, en moi."

La lettre devient plus difficile à écrire à mesure que les mots se posent sur le papier, révélant mes erreurs, mes regrets profonds.

"Je suis désolé, Gabriel. Désolé que mes actions aient eu des conséquences si lourdes pour toi. Désolé que tu aies été renvoyé de l'équipe nationale espagnole à cause de moi. Je ne voulais jamais que cela arrive. Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait dans l'espoir de protéger notre famille. Mais mes méthodes étaient égoïstes et aveugles."

Les larmes embuent mes yeux, mais je continue à écrire, déterminé à tout déballer, à tout mettre sur la table.

"Je sais que mes actes ont été impulsifs, désespérés même, et je comprends si tu as du mal à me pardonner. Mais sache que chaque décision que j'ai prise, je l'ai prise par amour pour toi et pour Alma. Mon seul désir a toujours été de vous protéger, même si j'ai tout fait de la pire des manières."

Je m'arrête un moment, relisant ce que j'ai écrit. Chaque mot est chargé d'émotions que je n'ai jamais exprimées à voix haute.

"Je te demande pardon, Gabriel. Pardon pour mes erreurs, pour la douleur que je t'ai causée. Je suis prêt à tout faire pour réparer les choses, pour regagner ta confiance et ton respect. Je veux être un meilleur père pour toi, un homme dont tu pourrais être fier."

Je laisse la lettre reposer sur la table, le stylo toujours dans ma main. Je sais que ce n'est qu'un premier pas vers la réconciliation, mais c'est un pas que je dois faire. Pour Gabriel, pour Alma, notre famille et pour moi-même.

"Je t'aime plus que tout au monde, et je suis profondément désolé de t'avoir déçu.

Avec tout mon amour,

Papa"

Je plie soigneusement la lettre et je la laisse sur le lit de Gabriel, là où Gabriel la trouvera. Puis je quitte sa chambre, le cœur lourd mais l'esprit un peu plus léger. J'espère que mes mots pourront un jour aider à panser les blessures que j'ai causées, à reconstruire ce que j'ai détruit.

Je m'éloigne, mais cette fois avec un sentiment de résolution. Le chemin vers la rédemption est long, mais je suis prêt à le parcourir, pas à pas, pour mériter à nouveau la confiance de mon fils et pour peut-être un jour, voir un sourire sur son visage et le sentir dans mes bras.

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Que pensez-vous de ce chapitre ? Antoine ? La lettre qu'il a écrite à son fils ? À votre avis, comment va réagir Gabriel?

~Así Es La Vida~ {TOME 2}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant