Chapitre 3 : La dame (partie 2)

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Un groupe de soldats se préparaient à partir dans la cour, leurs chevaux déjà harnachés. Ces troupes rapides parcouraient les alentours du monastère afin de repérer d'éventuelles incursions ennemies et de lutter contre les bandits qui accouraient attirés par cet îlot au milieu d'un continent dévasté.

Byleth le mena à une grande jeune femme dont la chevelure rousse formait un halo de flammes sous le soleil. Ses mèches ondulées s'arrêtaient au milieu de son cou et une partie était tressée en couronne derrière sa tête. Revêtue d'un plastron, bras et jambes dûment protégés, elle avait au côté un arc, un carquois fourni et une épée.

Cette dernière plongea aussitôt dans une révérence respectueuse.

— Relevez-vous, l'invita Dimitri avec la courtoisie dont il était autrefois coutumier. Quel est votre nom ?

L'intéressée s'exécuta, dévoilant un visage ovale au menton pointu constellé de tâches de rousseur. Son nez était un peu retroussé, ses lèvres pleines et expressives. Elle le scrutait de ses vifs yeux bleus en amande, sans laisser paraître une once d'inquiétude ou de surprise.

— Dame Gladys Rusla Eilyn, à votre service.

Sa voix était chaude, plaisante à entendre bien que marquée par un fort accent provincial.

Une famille mineure, vassale des Fraldarius. Dimitri n'avait pas oublié les leçons destinées à le préparer à gouverner.

— Je souhaite vous accompagner lors de cette patrouille. Il m'est important de jouer mon rôle dans la protection du monastère, expliqua-t-il.

Gladys interpella immédiatement une palefrenière :

— Selle et prépare un bon cheval pour sa majesté !

La guerre avait l'avantage de préparer à toutes sortes d'imprévus. Y compris voir débarquer le prince et la générale. Gladys observa Dimitri, l'homme devant elle était si différent du guerrier enragé de Gronder ! La même réflexion lui était venue lorsqu'il avait convoqué les troupes afin d'annoncer sa décision. La jeune femme se souvenait encore du soulagement qui l'avait traversée lorsque les mains qui compressaient sa gorge avaient desserré leur étreinte.

L'apparence du prince avait changé, il ne donnait plus l'impression de se négliger. La différence la plus flagrante demeurait dans son expression, pensive et attentive, de son attitude, calme et mesurée. Aucune once de colère ne venait troubler le ciel de son œil restant. L'on pouvait ainsi apprécier toute la finesse et la noblesse de ses traits, sans que la fureur ne vienne les déformer.

Beaucoup disaient qu'il s'agissait d'un miracle, que la mort de messire Rodrigue lui avait rendu la raison, une preuve supplémentaire que la Déesse était de leur côté. Gladys n'en était pas sûre, peut-être était-ce tout simplement le signe d'une remarquable force intérieure. Tous ses informateurs s'accordaient en tout cas à dire qu'il avait changé. Seuls les jours à venir pourraient néanmoins confirmer la pérennité de cette transformation.

La jeune femme sentit malgré tout ses muscles se tendre, mais se répéta qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Il suffisait de poursuivre sa patrouille comme à l'habitude et de rester courtoise. C'était une mission militaire, pas une fête galante.

Byleth adressa un signe de tête entendu à son élève avant de s'éclipser. Dimitri vit une femme plus âgée se diriger vers Gladys. Si la nouvelle venue était un peu plus petite, la ressemblance entre les deux était frappante. Elle portait néanmoins ses longs ses cheveux roux et ses traits étaient plus saillants, comme creusés par une ancienne maladie, son front barré de rides de soucis.

Quatre guerrières (Fire Emblem Three Houses)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant