Quatre guerrières (Fire Emblem Three Houses)

Chapitre 12 : Le chemin vers la capitale (partie 1)

L'armée marcha à travers un Royaume exsangue, étouffé sous la cendre. Les visages s'éclairèrent en apercevant leur bannière. Dimitri frémit d'étonnement et d'espoir devant cet accueil qu'il doutait de mériter. Cornelia conservait la plupart de ses troupes à la capitale, en sécurité derrière les hauts murs. Leur route croisa cependant celle de l'ennemi, les deux factions se firent face, prêtes à en découdre.

Le poids de l'enjeu alourdit les épaules du prince. Toute l'armée ne regarderait que lui, il devait faire oublier la bête enragée de Gronder. Sa trachée se serra, ses muscles se figèrent. L'échec le guettait-il ? Il refusait de le tolérer. Sa résolution lui rendit le contrôle de son corps. Ses doigts se refermèrent sur Areadbhar. Dimitri se tenait aujourd'hui avec ses soldats, pas pour massacrer autant que possible, mais pour protéger, libérer.

À ses côtés, Byleth lui adressa un signe d'encouragement. Ingrid volait au-dessus de lui. Sylvain, Felix et Dedue n'attendaient que de passer à l'attaque. Gladys et sa mère devaient être prêtes à galoper. Leur force le revigora, chassa ses dernières craintes.

— En avant ! ordonna-t-il d'une voix forte.

Ses cheveux et son armure étincelèrent sous le soleil. Tous contemplèrent un souverain héroïque, un lion vaillant.

*

L'esprit de Maeve était plein des instruments de destruction et formules létales affutées avec Annette. Ses ennemis étaient encore des silhouettes lointaines mais leurs clameurs lui parvenaient déjà. Elle brandit sa baguette et le pouvoir afflua en un picotement. Les impériaux avaient eux aussi des rêves, des espoirs, des familles qu'ils ne reverraient jamais. Ils avaient été arrachés à leurs foyers et entraînés dans une guerre qui n'étaient pas la leur. Maeve avait cependant fait son choix.

« Je suis désolée. »

Son sang se changea en glace. L'approche du danger la métamorphosait, ses sens gagnaient en acuité, son esprit opérait avec détachement. Le signal fut donné, elle libéra son Thoron. La flèche de tonnerre fit mouche, suivie d'un déchirant râle d'agonie. Maeve eut à peine le temps de jauger la situation qu'une boule de feu fondit sur elle. Pivotant souplement, elle leva le bras et convoqua son bouclier magique.

La sphère le heurta de plein fouet, la force de l'impact la fit tituber. Le sortilège s'évapora mais elle sentit sa chaleur, l'odeur de roussi. La fumée lui brûla la gorge et lui humidifia les yeux. Toujours sur ses gardes, elle chercha le responsable. Fendant l'air d'un geste rapide, Maeve le jeta en pâture à ses Sagittae.

*

Vigdis et son escouade s'élancèrent dans la mêlée. L'ardeur de leurs adversaires venait-elle de menaces ou de la propagande qu'on leur avait déversée dans le gosier ? Sa lame virevoltait dans un éclat fugitif, mort dansante. Elle frappa, para, dévia sans discontinuer, fendit la vague furieuse. Ses alliés tinrent leur position malgré la violence de l'assaut. Elle goutta sur ses lèvres le sel de la sueur et le fer du sang. La guerrière n'était que froide précision, inutile de s'apitoyer quand chaque seconde comptait.

Ils purent enfin avancer et prêtèrent aussitôt assistance à un autre groupe. Vigdis aperçut Felix, avec sa cape bleue et son bouclier étincelant. Sa célérité était mortelle, son fer redoutable faisait mouche à chaque fois. Rien de mieux qu'un tel combattant à leurs côtés !

Elle ne chercha pas à attirer son attention. Ce genre de distractions stupides pouvait vous coûter la vie. L'intrépide soldate se concentra sur ses adversaires.

*

Le guerrier aux côtés de Felix ne déméritait pas. Il aperçut sous son casque l'éclat fugitif d'un regard bleuté, vit une mèche dorée vagabonde. Ce jeu d'épée si reconnaissable le convainquit de l'identité de son alliée. Encore une bonne nouvelle ! Cette bataille avait commencé sous de bons augures. Dimitri n'avait pas attaqué comme un crétin mais avait au contraire donné ses ordres avec maîtrise. Il se montrait au moins à la hauteur de ses belles promesses.