Chapitre 9 : Au monastère (partie 2)

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Enid attrapa l'arme au vol, trop heureuse de se voir offrir cette chance. La sensation familière de la fusée entre ses doigts chassait les doutes. L'art de lame était son meilleur remède lorsque les ombres s'agitaient.

Elle laissa le premier coup à Byleth afin de la jauger. La générale était rapide, brutale et efficace. Son style n'était qu'économie de mouvements, taillé pour se débarrasser au plus vite de ses opposants. Enid avait beau la dépasser de quelques centimètres, elle n'en tirerait aucun avantage. La mercenaire s'était toute sa vie entraînée à affronter des adversaires plus grands qu'elle.

Enid avait été entraînée par Nemain pour qui la mort était un art. Sa persévérance avait fait d'elle l'égale de son instructrice. Elle restait d'ailleurs plus expérimentée que son adversaire. Aussi vint-elle à sa rencontre en égale.

Byleth fondit sur elle comme un rapace. Enid esquiva d'un bon liquide. Avec une célérité redoutable, elle la repoussa de la pointe de sa lame. Ce fut un échange incertain, fluctuant. Quand l'une semblait prendre le dessus, l'autre retournait aussitôt la situation. Les deux femmes dévoilèrent toute la mesure de leur dangerosité car là où elles allaient, le combat changeait de nature.

Enfin, la commandante se figea et rengaina.

— Votre place est sur le champ de bataille. Vous serez la bienvenue dans mes troupes. Nous avons besoin de tous les soldats compétents que nous pouvons trouver. Qu'en pensez-vous Votre Altesse ? déclara-t-elle sans se départir de sa tranquillité.

— J'approuve votre décision, générale. Les derniers affrontements nous ont grandement éprouvés et un combat tout aussi rude nous attend. Nous avons besoin de tous les bras que nous pouvons trouver. Je vous laisse décider de son affectation, acta fermement Dimitri, avec la prestance que l'on attendait d'un monarque.

Le prince comprenait les doutes de Seteth mais connaissait aussi la férocité de leur ennemi. De plus, il serait toujours possible de demander à un informateur ou à son responsable de troupe de garder un œil sur cette femme.

L'ecclésiastique pivota vers eux, les foudroyant du regard.

— N'avez-vous pas appris des événements de votre scolarité ? S'exclama-t-il.

Byleth s'avança jusqu'à lui, yeux comme la lisse surface d'un lac.

— J'ai pris ma décision, trancha-t-elle sans hausser le ton.

Sans plus lui accorder un regard, elle se tourna vers Enid et lui détailla toutes les informations afférentes à son nouveau statut.

— Et vous garderez le silence sur vos origines impériales afin d'éviter de créer des suspicions inutiles et d'ébrécher la cohésion de votre troupe, conclut Byleth.

Elle respectait Seteth pour sa droiture et sa bienveillance. Cependant, la décision finale lui revenait. Elle connaissait les risques, avait pesé le pour et le contre. Byleth se devait de se faire respecter et ce quel que soit l'interlocuteur. Autrement, plus personne ne la prendrait au sérieux. Il n'avait pas été aisé de se faire obéir des nobles, des dignitaires lorsque l'on était qu'une ancienne mercenaire. Aussi s'était-elle dotée d'une poigne de fer.

— Je vous remercie d'accéder à mon désir, Enid s'inclina, posa la main sur sa poitrine.

Qu'elle se sentait légère ! La guerrière allait réaliser ses ambitions.

La sombre détermination, presque fiévreuse, avec laquelle elle insista sur le mot « désir » fit naître un frisson glacé chez Dimitri. Brûlant de venger ses proches, toute vêtue de noir...était-elle fiancée au trépas et venue pour s'unir à son promis ? Il fut tenté de faire marche arrière, de se ranger derrière l'avis de Seteth, ou de proposer un juste milieu en lui offrant un poste de garde. Le jeune homme se souvint néanmoins qu'il ne pouvait se laisser gouverner uniquement par sa sensibilité. Un roi se devait de prendre des décisions difficiles.

Quatre guerrières (Fire Emblem Three Houses)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant