Il goûta à son tour le biscuit. Le résultat était plutôt correct, malgré ses ingrédients limités. Dedue vit soudain deux magiciennes l'observaient discrètement, comme pour s'assurer que tout allait bien. Sans doute avaient-elles remarqué son absence temporaire et un air inquiet s'invita sur leurs visages.
Le chevalier chercha vite de quoi les rassurer.
— Merci pour ce que vous avez fait, les plantes tiendront en mon absence.
— C'est tout à fait normal ! contra Annette. C'est un endroit que nous apprécions tous et où nous avons toujours pu avoir un peu de tranquillité.
— Je suis heureuse de pouvoir vous aider à préserver ces belles fleurs, renchérit Maeve. Quand les avez-vous plantées ?
— Il y a cinq ans, lorsque j'étais encore étudiant ici, expliqua Dedue. J'ai été surpris de les retrouver, mais elles sont toujours là...
— Comme nous tous...En tout cas j'ai bien repris des forces, commenta Maeve avec un sourire voilé.
— C'est vrai, ça me donnerait presque envie de chanter, laissa échapper Annette. Ah, oubliez ce que j'ai dis !
Dedue eut un demi-sourire amusé, ayant déjà été témoin des envolées improvisées de sa camarade lorsque cette dernière se croyait seule.
— Tu aimes chanter ? Ça tombe bien, moi aussi ! lança Maeve, toute heureuse de se découvrir un nouveau point commun avec elle.
— Enfin, c'est juste quelque chose que je fais pour m'amuser, éluda Annette. Est-ce que c'est pareil pour toi ou tu as reçu des leçons plus approfondies ?
— J'ai appris avec ma mère, expliqua Maeve. Et je me débrouille plutôt bien. Est-ce que vous aimeriez que je chante quelque chose, pour nous motiver ? D'habitude je m'accompagne avec mon luth, mais je peux aussi très bien faire sans.
Ce serait sa manière de les remercier. La musique rapprochait les cœurs, soignait les blessures. La musicienne n'attendait que de s'envoler avec ses notes, de faire disparaître la cacophonie des armes. Aussi l'allégresse s'invita-t-elle lorsque les deux autres approuvèrent.
Maeve se leva avec calme à assurance, déjà dans son élément et nullement inquiétée par leurs regards sur elle. Elle avait pris l'habitude de se produire pour les gens du château, le soir, dans la salle commune. Dedue se demanda ce qu'elle leur réservait. Ce serait un moyen d'en apprendre plus sur elle.
Maeve ouvrit la bouche et laissa échapper sa première note. Sa voix était douce, mélodieuse, comme celle d'un rossignol. Il s'attendait à une mélodie de cour, mais elle enchaîna sur un chant de travail rythmé.
Ses vocalises étaient énergiques, comme l'eau vive d'une rivière. Les inflexions étaient harmonieuses, toujours posées avec justesse. L'absence d'instrument ne se faisait pas sentir, ses émotions transparaissaient sans fard sur ses traits. Gérant son souffle, elle tint le rythme, sauta gaiement de note en note, les entraînant dans sa sarabande. Annette l'accompagnait déjà en battant des mains.
Dedue entendit de nouveau les voix des paysans dans les montagnes de Duscur. Maeve retranscrivait parfaitement cette volonté de faire face à la dureté de l'existence. C'était comme survoler les campagnes et les vastes étendues, un rappel au monde d'où ils venaient et à ce qu'ils devaient défendre.
Le chant enfla comme une vague, leur transmettant toute son énergie et son courage. Enfin, elle descendit d'une octave en un doux et délicat au revoir, une caresse de brise.
Silencieuse, elle s'inclina enfin.
Annette fut la première à laisser échapper ses félicitations, rejointe par Dedue :
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Quatre guerrières (Fire Emblem Three Houses)
Fanfiction❧Une réécriture d'Azure Moon mettant en scène quatre nouvelles héroïnes aux côtés des personnages du jeu. L'ambitieuse dame Gladys a hérité des terres de son père et mène ses troupes dans la lutte contre l'Empire. Musicienne, Maeve a pris les armes...