Les Ombres de la Nuit

Chapitre 1

Les projecteurs illuminaient le stade, les cris de la foule résonnaient dans l'air nocturne, mêlant excitation et anticipation. Le stade vibrait sous les acclamations des supporters.

Chacun des cinquante mille sièges semblait occuper une voix distincte, créant un rugissement constant de bruits. Les drapeaux turcs flottaient fièrement, les visages peints aux couleurs de l'équipe, et les chants résonnaient en une seule clameur d'encouragement et de célébration.

Le score venait de basculer en faveur de l'équipe locale grâce à Aylan, le joyau incontesté du football turc. Les commentateurs sportifs n'avaient de cesse de louer son talent extraordinaire, son flair pour le jeu et sa capacité à faire basculer un match à lui seul. "Aylan, le prodige du Bosphore ! Quel but, mesdames et messieurs ! Un tir imparable !" Les écrans géants diffusaient en boucle le ralenti de son but, capturant chaque instant du moment magique où le ballon avait quitté son pied pour finir dans les filets.

Parmi la mer de visages je tentais de me cacher, moi, Ezia, avec mes longs cheveux bruns et mes grands yeux expressifs, j'étais souvent perçue comme une fille discrète et introvertie. Donc cela était assez facile de me dissimuler. Pourtant, derrière cette façade timide, je possédais une volonté et une détermination que peu soupçonnaient.

Ce soir-là, malgré le tumulte, j'essayais de me fondre dans la foule, cherchant à comprendre ce qui rendait ce sport si captivant pour tant de gens. Je n'étais pas là pour le football, mais pour mon frère, Kemal, dont l'adoration pour Aylan et l'équipe turque frôlait le fanatisme. Kemal avait insisté pour que je l'accompagne, promettant que ce serait une expérience inoubliable. Pour moi, c'était surtout une occasion de m'échapper de la routine quotidienne. Mais bon c'était aussi l'anniversaire de mon petit frère, alors autant lui faire plaisir.

Mes parents n'auraient jamais accepté qu'il aille à ce match de football sans être accompagné. Ils ne sont pas très stricts mais Kemal n'a que quinze ans, alors un si gros match opposant les Turcs aux Marocains pourrait s'avérer dangereux. J'ai donc évidemment était chargée de l'accompagner. Non pas que cela me dérange, mais le football n'est pas forcément ma tasse de thé. En plus de ne pas m'y connaître, je trouve que la plupart des joueurs sont arrogants. Mais, mon petit frère est la prunelle de mes yeux, alors je ferai tout pour lui, y compris l'accompagner à un match de foot.

Je me concentrais à nouveau sur le match et le regardais, lui, Aylan. Qui de son côté, savourait l'attention et l'adoration de la foule. Chaque mouvement de sa part semblait calculé pour maximiser l'effet. Ses gestes étaient précis, presque chorégraphiés, et son sourire éclatant ajoutait un plus à son aura de star.

Mais derrière cette façade publique se cachait un homme complexe, façonné par des expériences que peu peuvent comprendre. Il le porte sur lui. Sur le terrain, Aylan était implacable, un prédateur en chasse. Chaque dribble, chaque passe était exécuté avec une précision presque clinique. Les défenseurs adverses le craignaient, non seulement pour son habileté, mais aussi pour son arrogance sans borne. Il aimait jouer avec eux, les provoquer, les rendre fous avant de les dépasser avec une facilité déconcertante.

Oui, j'ai cette fâcheuse tendance à analyser tout ce qui bouge et à en tirer de rapides conclusions quant à la personnalité de la personne analysée. Cette fois, ça tombait malheureusement sur lui. Et je peux vous dire que de ce que j'en vois c'est une personne tout sauf fréquentable. Il est bien trop narcissique, hautain, égocentrique et je pense que je pourrai citer environ tous les défauts existants sur Terre.

Après le match, tandis que Kemal se précipitait vers l'entrée des joueurs pour tenter d'obtenir un autographe, je choisissais de m'éloigner.

J'avais besoin d'air frais, loin de la clameur du stade. Les rues d'Istanbul, éclairées par les lampadaires, offraient une atmosphère paisible en contraste avec le tumulte du match. Je marchais lentement, mes pensées dérivant.