Chapitre 4

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La chaleur de la journée s'était adoucie quand je quittai la bibliothèque. Après avoir passé l'après-midi à réviser mes cours de droit, je me sentais un peu plus calme, même si l'ombre de l'agression de cet après-midi continuait de planer sur moi. Je fis le chemin du retour à pied, profitant de la brise légère qui rafraîchissait l'air d'Istanbul. Mais chaque pas que je faisais était empreint d'une vigilance nouvelle, mes yeux balayant les rues pour détecter tout signe de danger.

Quand j'arrivai enfin chez moi, je fus accueillie par l'odeur familière du dîner préparé par maman. Ma maison était un sanctuaire, un lieu de chaleur et de sécurité. Pourtant, aujourd'hui, même cet endroit semblait moins sûr. Je secouai la tête, essayant de me débarrasser de cette sensation de menace omniprésente.

"Ezia !" Mon petit frère Kemal courut vers moi, un grand sourire aux lèvres. Il débordait toujours d'énergie et de bonne humeur. "Comment s'est passée ta journée ?"

Je lui rendis son sourire, tentant de paraître aussi détendue que possible. "Ça a été, Kemal. J'ai beaucoup travaillé à la bibliothèque. Et toi, comment étaient les cours ?"

Il haussa les épaules. "Pas mal. J'ai eu un A en maths."

"Félicitations !  dis-je, ébouriffant ses cheveux. Continue comme ça."

Nous nous dirigeâmes ensemble vers la salle à manger où maman, Leyla, finissait de dresser la table. Papa, Aziz, lisait le journal à sa place habituelle. La routine familiale était réconfortante, un rappel de normalité dans un monde qui semblait de plus en plus incertain.

Le dîner fut une affaire joyeuse, ponctuée de rires et de conversations légères. Mais, au fond de mon esprit, l'incident du matin ne cessait de tourner. Je savais que je devais en parler à quelqu'un, et Kemal était celui en qui j'avais le plus confiance après Arda et Leïla.

Après le dîner, alors que nous débarrassions la table, je me tournai vers Kemal. "Est-ce que tu peux venir dans ma chambre après ? J'ai quelque chose à te raconter."

Il hocha la tête, intrigué mais sans poser de questions. Nous montâmes les escaliers et je fermai la porte de ma chambre derrière nous, créant une bulle de confidentialité.

"Alors, qu'est-ce qu'il y a, Ezia ?" demanda-t-il, assis sur mon lit, les yeux pleins de curiosité.

Je pris une profonde inspiration."Quelque chose de bizarre est arrivé ce matin. À la bibliothèque... "

Avant que je ne puisse continuer, mon téléphone vibra sur mon bureau. Je jetai un coup d'œil à l'écran et mon cœur manqua un battement. Un message inconnu venait d'arriver.

"Je te vois. Je te surveille."

Une vague de peur m'envahit. Mes mains tremblaient légèrement alors que j'ouvrais le message. Il était suivi d'une menace claire et sans ambiguïté : "Si tu dis un mot à qui que ce soit, je m'occuperai de toi et de ta famille."

Je sentis le sang se retirer de mon visage. Kemal, remarquant mon trouble, se leva. "Qu'est-ce qui se passe, Ezia ?"

Je ne savais pas quoi dire. Je ne voulais pas l'effrayer, mais je ne pouvais pas non plus ignorer cette menace. "Rien... juste un message idiot." Ma voix tremblait, trahissant ma peur.

Kemal fronça les sourcils. "Montre-moi."

Je secouai la tête. "Non, ce n'est pas important." Je tentai de sourire, mais c'était un échec lamentable. "Juste... juste un idiot qui pense pouvoir me faire peur."

Il sembla hésiter, puis hocha lentement la tête. "D'accord. Mais si jamais tu as besoin de parler, je suis là, tu sais ?"

Je hochai la tête, reconnaissante. "Merci, Kemal. Je le sais."

Les Ombres de la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant