Deux ans s'étaient écoulés depuis l'arrestation d'Aylan. Ezia, désormais bien installée au sein du prestigieux cabinet Durand, était reconnue pour ses compétences et son dévouement. Elle avait travaillé dur pour arriver là où elle en était, mais malgré tout, des souvenirs d'Aylan continuaient de la hanter.
Un jour, alors qu'elle quittait le bureau après une longue journée, une femme plus âgée, d'apparence fatiguée mais déterminée, l'accosta sur le trottoir.
"Mademoiselle Ezia ?" demanda la femme avec une voix tremblante mais résolue.
Ezia s'arrêta, surprise. "Oui, c'est moi. Que puis-je faire pour vous ?"
La femme prit une profonde inspiration, ses mains tremblant légèrement. "Je suis Nur, la mère d'Aylan. Puis-je vous parler en privé ?"
Ezia, étonnée et légèrement méfiante, hocha la tête et conduisit Nur dans un café à proximité. Elles s'installèrent à une table isolée, loin des oreilles indiscrètes.
Nur commença son récit d'une voix douce mais chargée de douleur. "J'ai attendu ce moment pendant si longtemps. Il y a des choses que vous devez savoir sur Aylan, des choses que personne d'autre ne connaît."
Ezia écouta attentivement, son cœur se serrant d'empathie.
"Mon mari, le père d'Aylan, m'a violée à plusieurs reprises," commença Nur, les larmes aux yeux. "J'étais jeune et naïve, et il m'a forcée à l'épouser quand je suis tombée enceinte de lui, à cause d'un de ses viols. De cette union sont nés Aylan et ses frères et sœurs. Mon mari a continué ses abus, pas seulement envers moi, mais aussi envers d'autres femmes et, pire encore, envers nos filles."
Ezia sentit une vague de colère monter en elle, mais elle resta silencieuse, laissant Nur poursuivre.
"Aylan a découvert la vérité il y a des années. Il a appris ce que son père avait fait, non seulement à moi mais aussi à ses sœurs. C'est cette découverte qui a déclenché sa soif de vengeance contre les violeurs. Il ne pouvait pas supporter l'idée que des monstres comme son père puissent continuer à faire du mal sans être punis."
Nur s'interrompit, sa voix brisée par l'émotion. Ezia lui tendit un mouchoir, touchée par la douleur de cette femme.
"Pourquoi ne venir que maintenant, après deux ans ?" demanda Ezia doucement.
Nur soupira profondément. "Mon mari me retenait captive, en quelque sorte. Il contrôlait tous les aspects de ma vie. Je ne pouvais pas partir sans mettre en danger mes enfants. J'ai attendu que le dernier de mes fils atteigne la majorité pour pouvoir enfin fuir. Je ne pouvais pas risquer de les laisser seuls avec lui. Maintenant, je suis libre, et je veux aider Aylan, mais je ne savais pas comment jusqu'à aujourd'hui."
Ezia regarda Nur avec compassion. "Madame Nur, je comprends mieux maintenant ce qui a poussé Aylan à agir comme il l'a fait. Merci de m'avoir fait confiance en me racontant votre histoire. Je vais voir ce que je peux faire pour l'aider. Peut-être que cette nouvelle information pourra jouer en sa faveur pour une demande de libération anticipée."
Nur hocha la tête, un faible sourire d'espoir se dessinant sur ses lèvres. "Merci, Ezia. Je sais que c'est beaucoup à demander, mais Aylan mérite une deuxième chance. Il a agi par amour et par protection, même si ses méthodes étaient erronées."
Ezia prit la main de Nur dans la sienne, déterminée à trouver un moyen d'aider Aylan. "Nous allons faire tout notre possible, Madame Nur. Vous avez ma parole."
Les jours suivants, Ezia se plongea dans les documents du dossier d'Aylan avec une nouvelle perspective. Elle contacta des experts en psychologie pour évaluer l'impact des abus subis par la famille sur les actions d'Aylan et prépara une demande de révision du procès, mettant en lumière les circonstances atténuantes et les terribles abus subis par Nur et ses enfants.
Le jour de l'audience pour la révision du procès arriva rapidement. Le tribunal était rempli de journalistes, de curieux et de partisans d'Aylan. L'ambiance était électrique, chacun attendant de voir comment l'affaire se déroulerait.
Aylan était assis à côté d'Ezia, l'air calme mais déterminé. Ezia se leva pour présenter leur défense, exposant les motivations d'Aylan et soulignant les failles du système judiciaire qui avaient conduit à ses actions désespérées.
"Mesdames et Messieurs les jurés," commença-t-elle, regardant chacun d'eux dans les yeux. "Mon client, Aylan Yildirim, n'est pas un tueur en série. C'est un homme poussé à l'extrême par l'injustice et l'inaction de notre système. Les hommes qu'il a tués étaient des criminels, des violeurs, qui avaient échappé à la justice. Aylan a pris des mesures radicales pour protéger les innocents que le système avait abandonnés."
Ezia poursuivit en présentant des preuves et des témoignages qui corroboraient leur version des faits. Les jours suivants furent remplis de débats passionnés, de confrontations tendues et de révélations choquantes.
Après de longues délibérations, le tribunal décida de réduire la peine d'Aylan en raison des circonstances exceptionnelles et des abus subis par sa famille. Il serait éligible à une libération conditionnelle après cinq ans de bonne conduite.
Aylan, présent dans la salle, laissa échapper un soupir de soulagement en entendant le verdict. Il croisa le regard d'Ezia et de sa mère, une gratitude infinie dans ses yeux. Pour la première fois depuis longtemps, il voyait une lueur d'espoir pour l'avenir.
Ezia savait que la route serait encore longue et difficile, mais elle était prête à soutenir Aylan et sa famille dans leur quête de justice et de guérison. Le passé ne pouvait être changé, mais l'avenir offrait une chance de rédemption et de renouveau.
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Chapitre 18 !!! Bonne lecture bisous !
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Les Ombres de la Nuit
Roman d'amourLes Ombres de la Nuit suit la tumultueuse rencontre entre Aylan, un footballeur turc chef secret d'un gang et Ezia, une jeune étudiante timide mais déterminée. Après avoir involontairement assisté à une exécution menée par Aylan, Ezia se retrouve pl...