Chapitre 10

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Je rejoignis ma chambre, le cœur lourd et l'esprit tourmenté. Les murs semblaient se refermer sur moi, accentuant la sensation d'enfermement. Je m'assis sur le lit, prenant quelques instants pour tenter de calmer les battements affolés de mon cœur.

Lentement, je parcourus la pièce du regard. Chaque objet semblait avoir perdu de sa couleur, de son importance. J'attrapai mon téléphone sur la table de chevet, l'allumai et consultai les messages. Rien de nouveau. Pas de nouvelles de ma famille, pas de messages d'Arda. Le silence numérique amplifiait mon isolement.

Je posai le téléphone et allai à la fenêtre. De là, je pouvais voir une partie du jardin, baignée par les derniers rayons du soleil. Les fleurs éclatantes semblaient être les seules à ignorer la tension qui régnait dans la maison. Un frisson me parcourut lorsque je pensai à Arda. Où était-il réellement ? Était-il bien traité ? Et pourquoi Aylan était-il devenu si possessif ?

Des pas lourds résonnèrent dans le couloir. Je me retournai juste à temps pour voir Aylan apparaître à la porte. Il resta là, silencieux, son regard scrutant chaque détail de mon visage.

"Ezia, je veux que tu comprennes quelque chose, dit-il enfin, sa voix se radoucissant légèrement. Tout ce que je fais, c'est pour te protéger. Ce monde est dangereux, et tu es au cœur de quelque chose de bien plus grand que tu ne l'imagines."

"Mais pourquoi moi ? demandai-je, la voix tremblante. Pourquoi ma famille ?"

Il s'avança et s'assit sur le fauteuil près de la fenêtre. "Parce que tu es spéciale, Ezia. Tu possèdes quelque chose que beaucoup convoitent. Et tant que tu es en sécurité, ta famille le sera aussi."

Je fronçai les sourcils, essayant de comprendre. "Et Arda ? Qu'est-ce qu'il a à voir là-dedans ?"

Un soupir lourd s'échappa de ses lèvres. "Arda... est impliqué malgré lui. Il t'a toujours protégé, même s'il ne le savait pas. Mais maintenant, il est plus sûr pour lui de rester loin de toi."

Une vague de tristesse m'envahit. "Tu veux dire que je ne le reverrai peut-être jamais ?"

Aylan secoua la tête. "Je ne dis pas cela. Je dis simplement qu'il faut être prudent. Le moment viendra où vous pourrez vous revoir. En attendant, concentre-toi sur tes études et fais-moi confiance."

Je restai silencieuse, réfléchissant à ses paroles. La colère et la frustration se mêlaient à un sentiment de résignation. Pour l'instant, je devais suivre ses règles, aussi difficiles soient-elles.

Aylan se leva, comme pour conclure notre conversation. "Si tu as besoin de quoi que ce soit, je serai là. Et n'oublie pas, ta famille recevra des nouvelles régulièrement."

Il quitta la chambre, me laissant seule avec mes pensées. Je me laissai tomber sur le lit, les yeux fixés au plafond. Les mots d'Aylan résonnaient dans ma tête, et malgré moi, une lueur d'espoir persistait : peut-être, juste peut-être, que tout finirait par s'arranger. Mais pour l'instant, je devais attendre.

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Les jours passaient, s'étirant en une succession monotone de travail acharné et de surveillance constante. Je m'accrochais à mes études de droit, espérant que cette dernière année avant de devenir avocate me fournirait une échappatoire, ou du moins une distraction de l'emprise d'Aylan. Chaque matin, je me réveillais avec un mélange de détermination et de résignation, enfilant mon masque de concentration pour affronter les cours en distanciel.

Les matières que je devais maîtriser étaient variées et exigeantes. En droit pénal, nous approfondissions les concepts de l'actus reus (l'acte criminel) et de la mens rea (l'intention criminelle), deux éléments essentiels pour prouver une infraction. Les cas pratiques nous plongeaient dans des affaires célèbres où il fallait décortiquer chaque détail pour comprendre les décisions des juges. Cela me fascinait de voir comment la justice pouvait balancer entre la culpabilité et l'innocence sur la base de preuves et d'arguments.

Les Ombres de la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant