Chapitre 11 - Ezra

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  Durant tout le trajet, je n'ai pu m'empêcher de l'observer. Ne parlons pas de la nuit lorsqu'elle est partie en sanglot me laissant seule après m'avoir révélé cette triste vérité au sujet de sa meilleure amie. J'avais envie de la consoler, de pouvoir lui partager que je comprenais sa douleur, mais la peur ma nouer la gorge et je suis resté là sans rien faire. Et pourtant, la voir dans cet état, le visage rongé par la culpabilité, la douleur me noue l'estomac. Claus l'observe lui aussi inquiet tandis que Nick assis à l'avant écoute attentivement Maya, le bras droit de la patronne de Edition R'Roll qui est venue nous chercher au motel quelques minutes après leur avoir donné notre position. Elle nous explique les détails de ce qui nous attend, mais mon esprit est ailleurs, préoccupé par Obeline. Ses yeux rivés sur le paysage qui défile, perdus dans ses pensées, son visage encore marqué par les émotions de la nuit précédente.

⸺ Tu crois qu'elle va bien ? murmure Claus à côté de moi, ses yeux rivés sur elle.

Je hausse les épaules, incapable de répondre avec certitude. Je n'ai rien dit à Claus lorsque je suis revenue dans la chambre durant la nuit, préférant lui laisser croire que j'avais juste besoin de prendre l'air avant de me retrouver face à face avec celle qui tiendra notre futur entre ses mains, mais la vérité, c'est surtout que ce n'est pas à moi dans parler. Peut être aussi, que j'ai sans le vouloir, apprécier qu'elle se confie de cette façon à moi, loin de nos piques habituelles. Mais j'ai aussi sentis d'autres choses que je veux à tout pris faire taire, mais qui pourtant veulent sortir.

⸺ Je pense qu'on devrait lui parler après le rendez-vous, propose-t-il.

⸺ Je te laisse gérer le problème. Murmuré-je.

Si y a bien une chose dont je suis nul et Obeline là aussi bien compris, c'est de rassurer les gens avec des mots qui ne feront pas mal. Même lorsque je tente d'être sympa, c'est un échec lamentable. Je le sais, j'en ai payé les frais.

Claus hoche la tête, mais je vois bien qu'il est aussi préoccupé que moi.

Le van s'arrête devant le bâtiment imposant de la maison de disque. Nous descendons, chacun prenant une grande inspiration pour calmer les nerfs. Maya nous guide à l'intérieur, son assurance et son enthousiasme nous donnant un coup de pouce supplémentaire.

⸺ Soyez naturels, dit-elle en souriant. Vous avez du talent, c'est tout ce qui compte.

Après plusieurs étages les plus époustouflants et luxueux les uns que les autres, nous entrons dans un immense bureau donnant une vue imprenable sur Chicago. Mes yeux balaient l'espace pour s'arrêter sur une femme d'une quarantaine d'années appuyée contre son bureau fait de marbres, son index replaçant soigneusement ses lunettes hors de prix.

⸺ Bonjour, je vous en pris installez-vous ne perdons pas plus de temps. Annonce-t-elle un faux sourire sur les lèvres.

Nous nous observons avec Claus, en un seul regard nous nous transmettons un message.

Une fois tout le groupe installé, ses yeux bleutés parcourent chaque membre du groupe jusqu'à s'arrêter sur notre guitariste. Ses sourcils se froncent.

⸺ Où est l'autre garçon ? Je croyais que vous étiez quatre hommes, au vu de ce que Maya m'avait annoncé.

Je prends une profonde inspiration, prêt à intervenir pour clarifier la situation.

⸺ Link, notre bassiste, a eu un accident récemment et il est en convalescence, expliqué-je calmement. Obeline a rejoint le groupe temporairement pour le remplacer.

La femme nous observe un instant, évaluant la situation.

⸺ Très bien. J'espère que vous serez à la hauteur, Obeline, dit-elle en fixant notre guitariste d'un regard perçant.

For them, For usOù les histoires vivent. Découvrez maintenant