Perversion 〈Katsuki × Izuku〉

ＣＨＡＰＩＴＲＥ １４

Point de vue de Katsuki

Quatre mois viennent de passer. Quatre mois que je suis plus un rapatrieur et qu'Izuku n'est plus un guérisseur. À plusieurs reprises avant de partir, sans laisser de trace derrière nous, Izuku m'a demandé si j'étais sûr de mon choix. Bien sûr que je l'étais. Hormis Shoto que je regretterais peut-être un peu, personne ne vaut la peine que je m'attarde là-bas. Je n'avais tissé aucun autre lien depuis mon arrivée. Étant en mission la quasi-totalité de mon temps, je n'en avais pas eu l'occasion de toute façon. J'imagine que c'est pour cette raison que la seule personne avec qui je me suis liée d'amitié était le gardien des portes... Et, j'ai du mal à me l'avouer, il m'a bien aidé au cours des dernières décennies, mine de rien. J'espère pouvoir le remercier un jour.

C'est donc une semaine plus tard que nous avons pris la décision de quitter le poste qui nous avait été attribué sur terre. Évidemment, nos deux camps ne le réaliseraient pas directement, mais nous ne voulions pas prendre la chance qu'il envoie des éclaireurs pour voir l'évolution de notre mission. Mission qui en soit, n'avait même jamais commencé comme nous nous étions plus focussé sur l'autre. Il n'aurait donc pas été étonnant d'en voir apparaître d'un jour à l'autre. Nous avons pris la décision d'aller, pour les premiers mois, dans un endroit où on ne me chercherait jamais, le nord du Canada.

Ce n'était évidemment pas de guetter de cœur que j'avais accepté l'idée d'Izuku. Mais il avait raison, aucun démon dans mon genre n'y mettrait les pieds de lui-même. Les chances que l'on me cherche là-bas étaient donc quasi inexistantes. Je détestais profondément le froid. Et sur cette terre, très peu d'endroit pouvait être considéré comme aussi glacé que la ville ou je me trouvais présentement. Inuvik est une toute petite ville d'un peu moins de 3 500 habitants. La seule façon d'y arriver était par avion, les routes de glace étant trop risquées. Izuku et moi nous faisons passer pour des scientifiques étudiant la fonte des glaces et ses répercussions. Notre arrivée était donc passée comme une lettre à la poste, comme nous n'étions pas les premiers à venir ici pour cette raison.

Les habitants s'étaient montrés étonnamment accueillants avec nous. Bien que la vie n'était pas des plus simple ici, tout le monde s'entraide et est présent pour son prochain, si nécessaire. Je dois avouer que ça m'a déboussolée au début. Je n'ai pas vécu dans ce genre d'environnement depuis une éternité. Mais depuis notre arrivée, j'ai eu la chance de m'y habituer. Nous avons loué une petite maison à l'orée de la forêt qui entourait la partie est de la ville. Durant la journée, j'avais pris l'habitude de me rendre dans celle-ci pour couper du bois, réchauffant notre petite demeure. Izuku se chargeait de notre alibi, semblant même comprendre réellement de quoi il en retournait. Ce qui n'était pas du tout mon cas, je dois l'avouer. Je lui en avais glissé un mois il y a quelques jours d'ailleurs.

Katsuki :
Hey, Izuku. Tu t'intéresses vraiment à tout ça? Ou c'est pour paraître crédible auprès des habitants?

Izuku réfléchissant :
Un peu des deux je suppose. C'est quand même un sujet très pertinent vu l'impact que cela peut avoir sur la Terre. Lors d'une de mes missions j'ai dû suivre des cours de météorologie et tout le tralala. J'imagine que certains sujets m'ont intéressé plus que d'autres sans même que je ne m'en rende compte.

Katsuki :
Peut-être qu'avant tu travaillais dans ce genre d'endroit?

Izuku :
J'imagine oui!

Nous voilà donc dans une petite routine tranquille, loin de toute responsabilité angélique ou démoniaque. Ce qui n'était pas pour nous déplaire. Nous avons aussi pris le temps d'apprendre à se connaître, hors toutes ses conneries. Découvrant ensemble nos passions qui nous venaient probablement encore de nos vies d'avant. Bien sûr, l'intérêt des films de super-héros, dont il m'avait initié le lendemain de notre première soirée passée ensemble, était toujours présent. Nous les avions probablement tous écouté au moins deux fois depuis notre arrivée ici. Sans oublier les séries du même genre! J'avais aussi un peu plus développé l'intérêt que je portais à la cuisine. Bien qu'à l'autre bout du monde, comme ici, je n'avais pas accès à tous les ingrédients dont je pourrais avoir besoin pour faire ce qui me plairait, c'est justement de cette façon que j'ai dû redoubler d'imagination pour nous concocter des plats délicieux. Et Izuku ne manquait pas d'apprécier et de me remercier comme il se devait une fois la nuit tombée.

Voilà sûrement ma plus grande surprise. Izuku et les plaisirs de la chair. Il y a pris goût bien plus vite que je ne m'y attendais. Jour après jour, dès qu'une occasion se présentait, il m'envoyait des signaux clairs sur ses envies. Et plus les nombres de ses moments s'élevaient, plus ses barrières disparaissaient. Laissant rapidement place à un homme qui n'avait plus le blocage de sa nature d'ange. Il était avide de découvrir de nouvelles sensations et se montrait ouvert à découvrir la moindre petite chose qui pouvait lui en procurer plus. Il ne se gênait plus pour prendre des initiatives lors de nos moments charnels, pour mon plus grand bonheur. J'ai l'impression que je ne pourrais plus me plaindre sur ce sujet. Tant qu'il restera à mes côtés, je serais amplement comblé. Et je suis sûr que lui aussi.

Hormis sa nouvelle passion pour mon corps de rêve, Izuku s'était également trouvé un intérêt tout particulier pour le dessin. Il m'a confié qu'il avait toujours voulu essayer mais qu'il n'en avait jamais pris le temps. Et comme nous avons décidé de rester ici quelques mois avant de repartir sur la route, il s'y était mis. Et je dois dire qu'il s'avérait plus doué! Je l'avais surpris plusieurs fois devant des tutoriels sur internet dans le but d'apprendre à bien dessiner telle ou telle chose. Et de passer des heures et des heures à essayer de le reproduire penché sur la table du salon. Il était plus que motivé que ce petit ange.

C'est justement dans cette position que je le retrouvais en rentrant des courses. Il devait être pencher sur son carnet depuis un bon moment car il a encore oublié de garder le feu allumé tellement il devait être pris dans ses esquisses.

Katsuki :
Izuku! T'as encore oublié le feu, crétin!

Izuku paniquant :
Oh non, pardon, pardon. J'étais complètement dans mon dessin que je n'ai pas remarqué qu'il s'était éteint!

Katsuki :
Pas grave t'inquiète, fini ton truc là. Je m'en occupe.

Par chance les braises étaient encore rougeoyantes. Le feu reprit donc rapidement, réchauffant la pièce lentement. Heureusement, parce que j'étais complètement gelée! Je profite de la situation pour m'installer dans le dos d'Izuku, l'entourant de mes bras.

Izuku :
Tu grelotte Kacchan! Pourquoi t'es pas rentré plus vite?

Katsuki :
Parce que faut bien du bois pour chauffer s't'endroit nah? Et, sans t'offenser, c'est pas avec tes petits bras que ça va se couper!

Izuku :
Très très drôle.

Katsuki :
Notre prochaine destination va être plus chaude, j't'avertit.

Izuku :
Bien sûr. D'ici quelques mois, on pourrait en effet aller ailleurs. Peut-être en Europe? Comme il y a toutes les saisons là-bas, tu devrais le vivre plus facilement. J'aimerais bien qu'on aille plus au sud, mais va falloir attendre encore un peu pour ça.

Katsuki :
Ouais, ouais, je sais. Si tu veux aller en Europe, pas de problème, mais je choisis la ville. Et dans l'un de mes pays favoris, excluant le Japon bien sûr.

Izuku curieux :
Ah oui? Qu'est-ce donc?

Katsuki :
Mais l'Italie voyons. On s'installerait dans un petit village en montagne. Peut-être même que nous aurons la chance de nous délier les ailes un peu là-bas. Mine de rien, ça ne serait pas de refus.

Izuku :
Je suis bien d'accord. Ici il fait trop froid pour mes ailes, et toi tu détestes l'air glacé alors pour ce côté-là c'est pas génial c'est sur...

Katsuki :
On était conscient Izuku. Ça fait partie des inconvénients de déserter.

Izuku :
Oui j'imagine... Ça prendra le temps qu'il faut. On va finir par pouvoir vivre notre vie comme on l'entend.

Katsuki :
J'en suis sur Izuku, j'en suis sûr.