CHAPITRE 13

133 13 1
                                    

Point de vue d'Izuku

"Rejoins-moi. Je ne pense pas avoir la force d'être séparé de quelqu'un à qui je tiens encore une fois."

Ces mots résonnent en boucle dans ma tête depuis ce matin. Je suis installé sur un banc depuis un bon moment déjà. Je me suis éclipsé avant même que Kacchan n'ouvre les yeux. J'avoue ne plus être capable de l'appeler Katsuki. Je n'en ai plus l'envie non plus. Après tout ce qui s'est passé hier j'avais besoin d'un moment seul pour réfléchir. La révélation de son histoire et de sa véritable identité m'a causé un énorme choc sur le coup. D'apprendre, de sa bouche, que la première raison pour laquelle il a débuté ce petit jeu entre nous était pour se venger de Gabriel m'a mis dans un tel sentiment de haine que je lui en ai voulu immédiatement. Même si je l'avais cherché au départ, hier soir je me suis senti trahi, utilisé, blessé.

Moi qui avais, bien malgré ma volonté, commencé à ressentir un sentiment encore inconnu pour lui. Ce n'est qu'après notre première nuit ensemble que je peux mettre un terme à celui-ci. De l'affection. Une affection puissante et tout simplement irrévocable. Plus les minutes passent, plus les heures passent, plus les jours passent, je me rends compte que nous sommes liés. Destinés à être inséparables. Le temps était compté avant que mes émotions reprennent le dessus et deviennent ce que les hommes qualifient d'amour. Et je me rends bien compte que ça ne m'effraie pas du tout autant que cela le devrait. Je suis un ange, et un guérisseur, ça ne devrait même pas ne serait-ce qu'effleurer mon esprit. Le rencontré à chambouler toute mon existence, et c'est peu de le dire.

Et comme si ce n'était pas assez comme nouvelle, il a fallu qu'il m'explique mes sentiments sont biaisés depuis que je suis devenu un guérisseur. Quand on y repense, c'est malheureusement logique, on nous apprend dès le début a mettre tout ce que l'on pourrait ressentir de côté, comme enfermé dans une boîte à double tour. Rien de plus normal d'exploser quand on s'autorise à les ressentir ne serait-ce qu'un peu. C'est donc pour cette raison que j'ai réagi aussi fortement à ses révélations...

Je suis coupé dans ma réflexion par un bruit sourd, provenant d'à peine quelque mètre. Je dirige donc mon regard vers la source et remarque une dame âgée qui venait de trébucher. Par réflexe, j'allais me lever pour lui venir en aide, mais deux adolescents qui passaient à côté d'elle au même moment se stoppèrent directement pour l'aider à rassembler ses courses et lui permettre de se relever sans mal. Elle les remercia chaleureusement avant de reprendre son chemin. C'était une scène qui, en temps normal, ne m'aurait pas interpellé plus que cela. Mais l'habillement des deux jeunes me fait tiquer. C'était clairement celui d'un gang de rue de la ville. Normalement ce genre de personne ne verraient même pas le petit doigts pour aider qui que ce soit hors de leur entourage. Et pourtant...

Ça me fait réfléchir. Si depuis que je suis parmi les guérisseurs on m'avait mainte et mainte fois répété que les gens ne pouvaient qu'être du côté du bien ou de celui du mal. Jamais il n'a été question d'un juste milieu. Pour eux c'était tout simplement impossible. Mais ce que je viens de voir me porte à croire que l'on pouvait avoir une part grise en nous. Autrement, comment des garçons qui sont considérés comme des brutes sans cœur ce serait donner la peine d'intervenir, et ce avec le sourire. L'exemple me semble si simple que ça en n'est risible. Pourtant c'est à cause de cela que je passe un moment à en trouver tout plein d'autres. Que cela vienne de sens ou de l'autre, je n'ai plus de doute. Je fais partit de ceux qui sont cert plus blanc que noir, mais dont la part grise à envie de se faire sentir. Ma décision est prise. Et je vais appeler Kacchan pour le rejoindre.

Tient quand on parle du loup... Il vient tout juste de m'envoyer un message pour me dire qu'il était retourné chez lui, se doucher et m'attendre. Je rejoins rapidement l'immeuble où se trouve son appartement temporaire. Me remémorant son numéro de logement, je ne prends même pas la peine d'attendre l'ascenseur et m'élance dans les escaliers. Une fois devant sa porte, je bloque. Je n'ai pas réfléchi. Dès que j'ai lu son message, j'ai foncé. Mais là, à deux doigts de toqué pour signaler ma présence, je me fige. Mais je n'ai pas la chance de réfléchir plus longtemps que la porte s'ouvre sans même que je n'y touche.

Devant moi, un Kacchan sortant visiblement de la douche si je me fis à ses cheveux encore humide. Il ne semble pas surpris pour deux sous de me voir ici avec un air complètement imbécile sur la tronche. Il esquisse même un rictus moqueur. C'est tout à fait son genre...

Katsuki :
Alors, on fait son timide?

Izuku :
Mais nan, tu ne m'a simplement pas laissé le temps!

Katsuki :
Mais bien sûr voyons. Allez, entre. Tu connais déjà l'endroit.

Il s'écarte de la porte, ne la tenant que d'une main, laissant l'entrée de l'appartement libre d'accès. Je m'avance donc, mais une fois à son niveau une pulsion me prend. Je me hisse sur la pointe des pieds et m'empare de ses lèvres rapidement, ne lui laissant pas le temps de réagir. Je le sens sourire contre mes lèvres, me donnant envie de faire de même. Au moment où j'entends la porte claquer derrière moi, je sens ses mains se poser sur mes hanches, me serrant contre lui. Sa langue en profite pour venir demander un passage pour rejoindre sa jumelle que je m'empresse de lui accorder avec plaisir. Elles dansent ensemble pendant quelques minutes avant que le manque d'air commence à se faire sentir, nous obligeant à nous séparer. Restant tout de même assez proche pour sentir le souffle de l'autre. 

Katsuki taquin :
Tu a pris moins de temps que je pensais pour réfléchir, Izuku.

Izuku :
Pardon, j'avais besoin d'être au calme pour remettre toutes mes idées en place...

Katsuki :
Allons-nous asseoir pour discuter. Pas que je n'aime pas être ici, contre toi, mais ça va être plus facile de se concentrer, non?

J'hoche la tête, avec le rouge envahissant rapidement mes joues. Je ne peux qu'approuver après tout. Avant toute chose, nous devons discuter. Et ce n'est pas de cette façon que ce serait le plus productif. Je le laisse donc me guider vers le salon. On s'installe sur le sofa, cote à cote. Il saisit ma main en silence, attendant que je sois prêt à parler. Je le remercie d'un simple regard.

Izuku :
Je me suis décidé. Par contre... Ce n'est pas la réponse que tu attendais, Kacchan...

Je sens contre ma paume, la sienne devenir moite en un instant.

Katsuki chuchotant :
C'était un baiser d'au revoir c'est ça?

Izuku :
Quoi? Non! Non, pas du tout. J'ai décidé de quitter les cieux. Mais je ne compte pas te rejoindre en enfer pour autant. Je ne veux pas répéter l'histoire. Je veux créer la mienne, la nôtre. Hier soir tu m'as demandé de te rejoindre, cette fois c'est moi qui te pose cette question. Voudrais tu renier les enfers pour me rejoindre, moi, et seulement moi?

Il se raidit. Il devait s'attendre à tout sauf à ça. Je peux lire sans mal l'étonnement dans son regard. Si je me mettais à sa place, j'avoue que je n'en mènerais pas bien large non plus. Pendant une fraction de seconde, j'en viens même à douter de ma décision et de ma demande...

Katsuki surpris :
Tu voudrais devenir un déserteur? Rester sans faction est risqué... Tu sais dans quoi tu t'embarquerais, Izuku?

Izuku :
Si je suis prêt? Probablement pas. Mais c'est la seule décision logique qui s'impose à moi. Je ne peux plus rester parmi les guérisseurs pour une raison évidente, je n'ai plus envie de me priver de vivre et de ressentir à nouveau. Mais j'ai n'ai pas non plus ma place à tes coté en enfer. Je ne suis pas aussi... Extrême que les démons. Je préfère fuir plutôt que de choisir l'un des deux. Je ne t'imposerais pas non plus mon choix, tu t'en doute.

Katsuki :
T'es conscience que c'était une question idiote? Bien sûr que j'vais te suivre, ou que tu ailles! Y'a personne en enfer pour me retenir la-bas. Et j'ai le plus grand besoin de prendre des vacances depuis le temps. Tu veux commencer par ou, petit ange?

Izuku souriant :
Surprends-moi!

Perversion 〈Katsuki × Izuku〉Où les histoires vivent. Découvrez maintenant