CHAPITRE 08

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Une semaine est passée depuis notre journée à la foire. Depuis celle-ci je n'ai rien tenté de nouveau pour le faire succomber du mauvais côté. Il devait vraiment se demander ce qu'il se passait et pourquoi je ne le contactais pas. Une dizaine de jours s'étaient pourtant écoulés depuis le début de notre accord. Même si au départ j'avais prévu plusieurs façons de le faire perdre, l'envie avait disparu tout d'un coup. Il m'a fallu quelques jours avant de réaliser le moment précis où j'avais abandonné l'idée.

Étendue dans mon lit, j'avais repassé dans les moindres détails chacun des instants que nous avions partagés. Et l'évidence me frappa de plein fouet. Ce moment marquant remontait tout simplement à la deuxième fois que ma peau était rentrée en contact avec la sienne. J'avais directement mis de côté le choc électrique que j'avais ressenti à ce contact pourtant... Mettant cela sur le coup de l'intérêt d'une nouvelle cible, je ne voulais pas croire à la possibilité de ressentir à nouveau ce qu'Eijiro m'avait fait vivre. Et pourtant...

Même si ce soir-là j'avais bu une certaine quantité d'alcool, j'étais encore totalement en contrôle de moi et de mes moyens. Je me souvenais donc de la soirée du début à la fin. Contrairement au petit ange d'ailleurs. Durant notre danse, des frissons électrisants n'avaient cessé de parcourir mon corps. L'audace dont il avait fait preuve en glissant sa main dans mes cheveux m'avait surpris. J'avais mis ça sur le dos de la boisson sur le moment, mais je me surprends maintenant à avoir l'espoir que ce n'était peut-être pas le cas. Mais merde... Comment ça a pu arriver? Comment j'ai pu passer à côté? Et avec un ange en plus? Moi qui m'avais promis de me venger seulement. Le destin n'était pas de mon côté faut croire...

Frustrer contre moi-même je me lève du lit et me dirige sous la douche. J'ai besoin de me remettre les idées en place. Sans prendre la peine de me déshabiller, j'ouvre la porte de verre et allume le robinet d'eau froide.  Elle ne tarde pas à me tomber sur la tête. Putain que c'est glacial. Je me laisse glisser contre la paroi. Izuku... Izuku, qu'est-ce que tu m'as fait putain? Est-ce cette impression d'attirance n'est que passager? Est-ce que c'est plus profond encore? Je me perds dans mes pensées pendant de longues minutes, jusqu'à ce que je ne sente plus le bout de mes doigts tellement je suis gelé. Faut dire que j'ai une meilleure tolérance à la chaleur, logique. Je sors donc et laisse mes vêtements mouillés dans la baignoire, je m'en occuperai plus tard.

Je me saisis des premiers vêtements que je trouve une fois dans ma chambre et me barre rapidement. J'ai besoin de prendre l'air. Maintenant. Si l'eau glacée ne m'a rien fait c'est que je suis dans le mal. Si seulement je pouvais en discuter avec Shoto. J'suis sûr qu'il serait de bon conseil. C'est quand même celui qui me connaît le mieux après tout. Il faut que je remette mes idées en place au plus vite. Est-ce que j'abandonne tout contact avec lui? Ce serait sûrement la solution la plus logique. Mais aussi celle qui ne m'intéresse pas le moins du monde. Essaye d'ignorer mes sentiments pour ne pas perdre la face? Probablement la plus réalisable, ouais...

Une fois en bas de mon immeuble, je me dirige directement vers le parc qui se trouve en face. Lorsque je sors des enfers pour un long moment, j'aime me trouver un endroit de ce genre, ou tout le monde marche et vit, sans distinction. Dans chaque communauté, particulièrement sur terre, il y a des gens plus aisés que d'autres et souvent ils ne se mélangent pas. Pourtant, j'ai remarqué que les endroits verts comme de grand parc semblables à celui-ci est souvent une zone neutre. Certes, ils ne se s'abordent pas, mais ils côtoient le même endroit. J'aime m'installer et simplement les observer et analyser leurs comportements. Les humains sont si fascinants... Je monte subtilement dans un arbre de façon à avoir un meilleur point de vue général.

J'imagine que mes questionnements envers Izuku influencent mon observation mais sans m'en rendre compte je m'attarde surtout sur les couples durant mon observation. Je remarque en premier un duo de personnes âgées. Ils marchent lentement en se tenant la main, utilisant l'autre pour tenir une canne, essentiel à l'équilibre. Je réfléchis, est-ce vraiment possible de ressentir des sentiments si puissants qu'il traverserait les décennies ainsi? Je connais certes certains plaisirs plus charnels mais émotionnellement, je n'ai que peu connu. Mais dans leurs yeux, à eux, ça semble d'une évidence. Sans même connaître leur histoire, c'est flagrant. Pendant un instant, je les envie. Ça serait si simple si je pouvais envoyer tout bouler et suivre mon envie... Encore une fois.

En arrière d'eux se trouvent deux jeunes enfants, d'une dizaine d'années je dirais. Le garçon tira la petite fille derrière lui, sous les cris d'une dame qui lui disait de ralentir avant de tomber. Sa réponse me fit sourire malgré moi. Il lui avait rétorqué de la manière la plus naturel du monde qu'il ne ferait jamais du mal à la femme de sa vie. Femme de sa vie? Des mots bien puissants dans la bouche d'une personne si jeune. Si ça ce n'est pas de la pureté, je sais pas ce que c'est.

Je sais bien, mieux que quiconque, que ce n'est que rarement tout blanc une relation entre deux personnes. Mais visiblement la vie semblait vouloir me mettre sous le nez des versions plus... Idéalisé, je dirais. Est-ce que ça m'envoie un message? Est-ce que je devais me donner une deuxième chance? M'ouvrir à nouveau à quelqu'un? Je ne m'étais pas posé cette question depuis une centaine d'années. Depuis... Lui. Putain... Je descends de l'arbre et me dirige vers la sortie du parc. Je dois me décider. Maintenant.

. . .

Et merde. Sans même m'en rendre compte, en quittant le parc, j'ai pris la direction de la résidence universitaire. Mon subconscient avait visiblement pris une décision de lui-même. Et m'avait guidé à destination sans même que je ne m'en rende compte. Bon, et bien, il ne me reste qu'une seule chose à faire tant qu'à être ici. Allons parler à Izuku. Mais... Sa putain de chambre est ou déjà? Il me l'a déjà dit mais j'ai rien retenu... Je déteste les campus comme ça, tout se ressemble et on s'y perd à rien. Reste plus qu'à espérer que quelqu'un le connaisse ici! J'attrape le premier étudiant que je croise.

Katsuki :
Hey, tu connais Izuku, mhm, Midoriya?

Étudiant :
Le petit aux cheveux verts là?

Katsuki :
Ouais. J'imagine qu'il y en à pas 10.

Étudiant :
Nah en effet. Si j'me trompe pas, il est au deuxième étage à gauche. Son nom est sur sa porte.

Katsuki :
Merci.

Étudiant :
Pas d'quoi.

Je suis donc ces indications et monte vite fait au deuxième étage. Je trouve sans problème sa chambre. Mais une fois devant je bloque. Mais bordel Katsuki! Depuis quand t'es aussi nul? C'est une simple porte! Mais derrière... Putain, j'suis ridicule. Aller cogne!

Izuku :
Katsuki? Qu'est-ce que tu fais ici?

Katsuki :
J'abandonne.

Izuku confus :
Ein? De quoi tu parles?

Katsuki :
J'abandonne notre petit jeu. Tu gagnes, sans contredit.

Izuku :
Il s'est passé quelque chose? C'est pas ton genre d'abandonner comme ça, il me semble?

Katsuki :
Non. Simplement j'ai réalisé une chose importante. Et... Je crois... Non, je veux que tu connaisses mon histoire. Pour comprendre mes agissements tu dois comprendre pourquoi j'ai laissé tomber mon rôle d'ange guérisseur comme toi, pour devenir le meilleur des rapatrieur.

Perversion 〈Katsuki × Izuku〉Où les histoires vivent. Découvrez maintenant