Perversion 〈Katsuki × Izuku〉

ＣＨＡＰＩＴＲＥ ０９

Izuku est surpris. Et c'est normal. Je le suis aussi. Ces mots ont franchi mes lèvres sans même que je ne le réalise. À la base, je venais seulement pour lui annoncer qu'il gagnait notre pari. Que je ne voulais plus jouer et que je retournerais d'où je viens, en bon perdant. Mais il faut croire que mon subconscient a été plus rapide que moi sur ce coup. Je vais donc lui devoir la vérité, bien malgré moi. Me voilà donc face au petit ange au yeux écarquillé comme pas possible, la bouche grande ouverte. Un peu plus et il se met à baver celui-là.

Katsuki taquin :
Ferme ta bouche petit ange... Tu vas avaler une mouche.

Il prend quelques secondes avant de se réveiller de sa léthargie soudaine.

Izuku :
Non mais t'as pas entendue s'que tu viens de me sortir? T'es un ange et tu t'attends à c'que j'réagisse pas?

Katsuki :
Étais... Et mouais t'as pas tort... Tu m'invite à entrer ou on reste dans le cadrage de porte comme deux débiles?

Izuku confus : 
Ouais euh... Ouais rentre Katsuki. Fait comme chez toi.

Il s'écarte de l'embrasure et je me faufile à l'intérieur. J'observe cette petite chambre d'étudiant universitaire. Directement devant moi se trouve un lit une place des plus classiques. Juste à côté, face à une petite fenêtre trône un bureau qui aurait été rempli de paperasse de révision en temps normal, mais qui est vide dans l'immédiat. Assez logique comme il n'a pas réellement pour but d'obtenir un diplôme quelconque. Et pour combler la pièce déjà assez ordinaire, une chaise et une penderie de bois simplement immonde sur ma gauche. Mouais, je suis bien dans mon logement, y'a pas de doute là-dessus. Ça n'a pas que du mal à être un démon...

J'analyse ou je pouvais bien m'installer. Entre la chaise qui semble tout sauf confortable et le lit. "Fait comme chez toi!" Mouais... Bon, y'a pas trente-six solutions, je m'assois sur le lit, m'adossant au mur. Je m'attendais à ce qu'il s'installe en face de moi mais il se pose à mes côtés, collant nos épaules. Je sens même sa main frôler la mienne. Bordel. Tu m'aides pas là, Izuku. Comment veux-tu que je rassemble mes idées si t'es aussi prêt de moi?

Izuku :
T'avais pas prévu de me déballer ta vie aujourd'hui, j'me trompe?

Katsuki :
Nah en effet. Mais bon, au point où j'en suis... Autant tout te dire. Si tu veux le savoir bien sûr?

Il acquiesce, sans un mot. Bon et bien c'est le moment je crois... Pour la première fois depuis Eijiro je vais parler de tout ce qui est arrivé il y a une centaine d'années.

Katsuki :
Alors... j'vais essayer de faire court malgré tout. Après ma mort humaine, lorsque je suis monté dans les cieux et que l'on m'a proposé de prendre le job de guérisseur, je n'ai pas hésité. Je n'ai plus beaucoup de souvenirs de ma vie d'avant et encore moins de ma vie sur terre. Mais le sentiment est clair dans mon esprit, j'ignore pourquoi. J'ai effectué mon travail sans faille pendant de nombreuses années avant de rencontrer un rapatrieur du nom d'Eijiro. On s'est croisé par hasard lors d'une de mes missions.

Je prends une petite pause. Me remémorant la première fois ou j'ai rencontré l'homme qui a su briser mes barrières d'ange... Il a su m'apprendre à vivre, réellement... Je ressens un pincement au cœur. Ça faisait longtemps, tiens.

Katsuki :
Tu te doutes bien que l'on ne s'est pas lier d'amitié immédiatement. Malgré mon statut d'ange, j'ai toujours eu un sale caractère. Ouais, ouais, rigole! Mais c'est vrai... Mon côté rebelle me permettait de voir plus facilement les failles chez les humains j'imagine. J'étais excellent dans s'travail. Pourtant, plus cette mission avançait, plus je remarquais qu'Eijiro n'essayait plus de pervertir les âmes que je devais guérir. J'ai fini par accepter de discuter avec lui pour découvrir le total opposé de ce que j'avais l'habitude de voir chez les démons. Il était rempli d'une joie de vivre contagieuse. Encore plus que la tienne je dirais...

Izuku me regarde, étonné.

Katsuki :
Ouais, t'as bien compris. Encore aujourd'hui je comprends pas s'qui foutais en enfer sérieux... On a continué de se côtoyer pendant plusieurs mois, à chaque fois que nous étions au même endroit sur terre. Se retrouvant inexplicablement à chaque fois. Durant tous ces mois, il essayait plus d'une fois de me séduire, comme il le disait. Après environ une année, j'ai fini par céder. C'est aussi le soir ou il m'a finalement avoué son amour pour moi. Et moi le mien. Ouais je sais, c'est interdit. Mais j'imagine qu'à un moment les sentiments ont pris le dessus sur la raison. Je n'ai évidemment pas été perverti avec cette simple révélation. Et ce n'était pas son but. Mais malgré tout, la ligne était mince. Tout ce qu'il voulait c'était me voir vivre. Me voir réaliser qu'en réalité il n'y a pas que du blanc ou du noir mais qu'il existe un délicieux mélange de gris. J'ai accepté cette nouvelle réalité et donc, je laissais doucement mais sûrement mes talents de guérisseur. Ça ne passa pas aux yeux de mon père de substitution...

Izuku :
Ton père? Tu ne parles quand même pas de...

Katsuki :
Ouais, Gabriel. L'un des anges supérieurs les plus importants là-haut. Je savais que ma tête y passerait s'il l'apprenait. Mais je crois qu'il n'avait pas la force d'exécuter l'un de ses fils. Il m'a donc banni. Je me retrouvais donc sans but dans la vie. Je ne savais plus quoi faire, ni même où aller. Dès qu'Eijiro l'a appris, il m'a proposé de le rejoindre en enfer. J'ai hésité, vraiment. Je ne voulais pas me retrouver dans l'univers de ceux que j'ai combattu d'une certaine façon toute ses années. Mais il a fini par me convaincre. Je me suis donc présenté à Lucifer, prêta le serment des rapatrieurs et il m'autorisa à rejoindre Eijiro. Je ne suis pas tout de suite allé sur le terrain, je devais m'adapter à ma nouvelle condition. Alors, quand la bataille du Mont Fuji fut déclarée, je n'étais pas là pour y participer et prendre une vraie place parmi eux.

Izuku :
Tu parles de la bataille dévastatrice ou les enfers ont failli gagner?

Katsuki :
Celle-là, ouais... Ils ont peut-être failli gagner, mais à un prix... Énorme. Ils ont perdu de nombreux démons puissants et parmi eux, se trouvait évidemment Eijiro. C'était le risque d'un guerrier c'est sûr mais... Ça m'a détruit, anéanti. Et encore plus lorsque j'ai appris que la personne qui avait mis fin au jour de l'homme que j'avais aimé se trouvait être mon propre père. J'ai vu rouge. Et le mot est faible. Je voulais le faire payer. Du plus profond de mon cœur. Je suis donc allé voir Lucifer et lui ai demandé de m'envoyer sur terre rapidement, lui promettant le plus d'âmes possible en contrepartie. Et comprit vite qu'il allait pouvoir m'utiliser à sa guise j'imagine. J'ai donc abandonné mon véritable nom et pris celui de Katsuki, malgré sa ressemblance et commença ma vendetta.

Izuku :
Attends... Ne me dit pas que tu es Kacchan, l'ange démoniaque? Putain... Comment j'ai pu ne pas faire le rapprochement? Tu lui ressemble quasi trait pour trait pourtant. Et j'ai tant entendue ton histoire...

Et merde. Comment est-ce qu'il va réagir face à toutes les révélations que je viens de lui faire.