Chapitre 9 : Automne

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Il s'est écoulé une semaine depuis le coup de sang de Rick dans les ruines et nous avançons plus soudés que jamais. La colère du shérif s'est estompée et nous survivons ensemble au rythme de nos déplacements. Bien qu'il ait fallu quelques jours pour que la confiance revienne, nous nous rendons bien compte que les décisions qu'il prend sont bonnes. Ses yeux fous de ce soir-là ont vite disparu et aujourd'hui, il nous regarde avec calme. Bien sûr, lorsqu'il le faut, il est directif mais jamais injustement.
Nous utilisons les voitures pour voyager et nous ne restons jamais au même endroit. Le but est de trouver un lieu où nous pourrions nous établir pour reconstruire un semblant de vie stable et passer l'hiver au sec. Pour l'instant, nous ne trouvons rien. Nous roulons et nous nous arrêtons dans des maisons que nous fouillons pour trouver de la nourriture, des munitions, des médicaments et tout ce que nous pouvons. Dès qu'il y a trop de rôdeurs, nous fuyons. Nous dormons dehors mais le froid de l'automne qui avance nous inquiète.

Ce jour-là, le ciel est gris et nous craignons de voir la pluie nous tomber dessus. Nous cherchons un abri pour la nuit. Après une heure de route, Daryl attire mon attention sur un panneau bleu qui indique « chez Sissy ». Il s'agit probablement d'une boutique, d'un restaurant ou d'un petit hôtel de campagne. Dans tous les cas, ça nous convient parfaitement. J'agite le bras pour les voitures derrière nous et nous bifurquons sur un petit chemin de forêt. Il débouche sur un parking avec quelques voitures abandonnées. Elles entourent un bâtiment rose en piteux état. Un panneau indiquant le nom du lieu pend devant l'entrée. La porte est ouverte et aucune lumière ne passe à travers les fenêtres. Quelques rôdeurs qui flânent sur le parking se dirigent vers nous, attirés par notre arrivée. Daryl en tue deux à l'aide de son arbalète. Je saute de la moto et enfonce mon couteau dans la tête d'un troisième pendant que Rick tire dans la tête du dernier. Il se le permet car son pistolet a un silencieux, récemment trouvé dans un bungalow à moitié brulé. Nous avons pris l'habitude d'éviter d'utiliser nos armes à feu afin d'éviter d'en faire venir d'autres. Les planter dans le crâne demande beaucoup de force, mais plus les jours avancent, mieux je me débrouille.

Pendant qu'une partie du groupe monte la garde à l'extérieur, d'autres font le tour du périmètre. Je rentre dans la maison suivie de Rick et Daryl. Il s'agit d'un petit restaurant. Il y a une dizaine de tables qui trônent devant un comptoir. Derrière, deux portes. Dans un coin, un jukebox cassé et une porte menant au WC. Aucun mort en vue. Rick tape sur un mur avec une chaise pour faire du bruit et nous tendons l'oreille. Rien ne bouge. Daryl passe doucement derrière le comptoir, son arbalète prête. Sans un mot, il nous fait signe que le passage est libre. Il indique à Rick une porte et il se dirige vers la deuxième. Je me place entre les deux, prête à intervenir si besoin. Ils tapent contre le bois. Aucun bruit. Ils ouvrent. La porte de Daryl donne sur la cuisine et celle de Rick sur un escalier qui monte à l'étage. Alors que le shérif s'apprête à grimper, un grognement se fait entendre et un corps dévale les marches pour s'écraser devant nous. Ce rôdeur était une femme. Probablement, la fameuse Sissy. Rick arrive à s'écarter de justesse mais le bruit inquiète les membres du groupe encore à l'extérieur. Maggie accourt, arme à la main. Rick écrase violemment la tête du monstre avec sa chaussure alors que je fais signe à mon amie que tout est sous contrôle. Elle ne bouge pas et se tient prête à tirer. Daryl entre dans la cuisine pendant que Rick monte les escaliers avec prudence. L'archer ressort très vite, un sourire aux lèvres. D'un signe de tête, il me fait comprendre que le lieu est sécurisé. En haut, nous n'entendons aucun bruit à part les pas de Rick qui résonnent au-dessus de nos têtes. Je grimpe les escaliers à mon tour. L'étage est un appartement d'une pièce. Rick est au milieu de l'espace, arme baissée.

- La voix est libre, dit-il avant de redescendre prévenir les autres.

Je prends le temps d'observer autour de moi. Il y a un lit, une kitchenette, une armoire et une table. Tout est rangé mais de la poussière s'est accumulée sur le sol. On peut y voir des traces de pas qui ont tourné en rond, probablement ceux de la rôdeuse qui a dû croupir ici quelque temps. J'ouvre une fenêtre pour aérer, l'odeur est forte. Puis, je découvre l'armoire et tombe sur une accumulation énorme de vêtements. Ce sont majoritairement des robes de soirée mais il y a aussi quelques pantalons, t-shirts et pulls. Au fond du meuble, je déniche une boite pleine de bijoux. Pendant que je m'arrête sur cette trouvaille d'un autre temps, j'entends le groupe s'installer dans le restaurant. Par une petite fenêtre, je vois Glenn et Hershel siphonner les voitures abandonnées pour récupérer un peu d'essence.

L'odeur de nicotine dans mes cheveuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant