Chapitre 18 : tirs et colère

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Sur le chemin du retour, je ne dis rien. Les yeux fixés sur la fenêtre, je regarde le paysage défiler. La tristesse et la colère se mélangent, créant un cocktail explosif au creux de mon ventre. Mon cœur bat à toute vitesse, rendant les plaies sur mon buste encore plus douloureuses. Je sens le regard du groupe sur moi. Maggie et Glenn se tiennent la main, tout le monde tente de retrouver son calme après cette affreuse nuit.

Lorsque nous arrivons, Carole nous ouvre le portail et nous garons la voiture dans le parc. Je sors, attrape une pelle qui traine et, sans un regard pour les autres, je me dirige en direction des rôdeurs qui zonent autour de la prison. De grosses larmes coulent sur mes joues tandis que je déchaine toute ma frustration sur les morts. Carole m'observe sans comprendre. J'entends que Rick lui explique et lorsqu'il prononce le prénom de Daryl, je tape encore plus fort dans le crâne d'un décharné. Je me défoule jusqu'à ce qu'autour de moi, il ne reste que des cadavres. Je suis pleine de sang et mon buste me fait mal. N'étant pas encore cicatrisée, la blessure que Merle m'a faite dégouline. Je frappe sur le sol jusqu'à ce que toute mon énergie soit épuisée. 

Les autres sont rentrés. Au loin, je vois Carol et le prisonnier qui montent la garde depuis une tour. Ils m'observent. Sans m'attarder sur eux, je traverse le champ en direction de la prison. À mi-chemin, mon corps lâche et je vomis. Je fais encore quelques pas et je finis par m'écrouler sur le sol, pleurant toutes les larmes de mon corps.

Il fait presque nuit quand je me relève. À bout de force, je me traine jusqu'au bloc C. Lorsque j'entre, je découvre le groupe réuni. Ils font face à quatre étrangers : deux hommes, une femme et un adolescent. Tout le monde me regarde. Je dégouline de sang et mes yeux sont rouges d'avoir trop pleuré. Je ne dis rien et ne bouge pas. Maggie veut s'approcher de moi, mais je lui fais signe de rester à sa place. Je ne suis pas prête à parler. Elle respecte ma demande et la discussion reprend :

- On fera ce qu'il faut pour rester avec vous. On peut vous aider. Le travail ne nous fait pas peur, dit un homme.

Il est grand et son visage inspire confiance. À côté de lui, se trouve la femme. Elle est plus petite et son regard est fort. Les deux se ressemblent, on pourrait penser à des frères et sœurs. Cette pensée fait apparaitre les visages de Daryl et Merle dans mon esprit. Je sens la colère qui tente à nouveau de prendre possession de mon corps. Ne pouvant pas rester en place, je décide de laisser le groupe gérer la situation. Je traverse la salle et me dirige vers ma cellule. Je grimpe les escaliers et tombe sur la couchette de Daryl. Utilisant les dernières forces qu'il me reste, j'attrape le matelas et le jette en bas avec force. Un grand fracas se fait entendre pendant que l'objet dévale les marches. Je le fixe s'échouer sur le sol et lève mon majeur dans sa direction. Au loin, je vois les autres qui me regardent. Beth fait quelques pas vers moi mais pour lui faire comprendre que je ne veux voir personne, je fais volte-face et disparais dans ma cellule.

Couchée dans mon lit, j'entends la conversation qui se poursuit avec les étrangers. Rick refuse qu'ils restent. Il sait que les hommes du Gouverneur vont prochainement débarquer. Il ne veut probablement pas être responsable de plus de personnes. Hershel tente de le faire changer d'avis. Soudain, le shérif perd la tête. Il parle seul et crie en prononçant le prénom de sa femme décédée. Le silence qui suit ses mots en dit long. Le groupe ne sait pas comment réagir. Il craque depuis plusieurs jours maintenant et nous sommes inquiets de voir notre chef ainsi. En boule sur mon matelas, je me sens égoïste. Tout le monde souffre. Je devrais être avec eux, mais je n'y arrive pas. J'ai l'impression qu'un bout de moi a disparu avec Daryl dans cette forêt. 

Les heures s'enchainent et le groupe se disperse. Après le coup de folie de Rick, les étrangers ont préféré partir. Les tours de garde s'enchainent et la tension monte, nous savons que le Gouverneur peut arriver à tout moment. Glenn est inquiet, il s'agite. Hershel tente de le calmer mais ses actions sont guidées par la violence de ce que Merle lui a fait vivre. Tout comme moi, Maggie s'est retirée dans une cellule. Depuis notre retour, tout le monde craque. Rick a disparu et, Daryl n'étant plus là, Hershel tente de faire tenir le groupe.

L'odeur de nicotine dans mes cheveuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant