L'odeur de nicotine dans mes cheveux

Chapitre 14 : Pas besoin d'en faire toute une histoire

Le jour se lève à peine lorsque je réveille Daryl en le secouant doucement.

- Debout Dixon, on y va. Hershel nous attend.

Il grogne et ouvre les yeux avec difficulté. Je suis debout à côté de lui, habillée. Nu sur le matelas, il prend une grande inspiration. Il sait que j'ai raison : le temps presse. Il s'assied au bord du lit et rassemble péniblement ses vêtements.

- C'est à toi je crois, dis-je un sourire aux lèvres en lui tendant son caleçon. 

Il souffle du nez en plissant les yeux. Il attrape ce que je lui tends et s'habille. Je suis maintenant vers la porte, mon sac sur le dos, prête à partir et je l'observe. Lui aussi. On dirait qu'il a envie de me faire une remarque pour faire disparaitre mon sourire en coin mais il est encore trop dans les vapes pour avoir de la répartie. Il me suit hors du bungalow en trainant des pieds. Il s'installe sur sa moto et se met quelques claques pour se réveiller. Je grimpe derrière lui et il démarre. Mes bras autour de son ventre, l'air frais qui fouette mon visage me ramène à la réalité.

Nous arrivons à la prison en fin de matinée. Aucun de nous n'a dit un mot sur la route. Il se gare devant la grille, attendant que T-Dog vienne nous ouvrir. Depuis la tour de guet, l'homme nous a vu arriver. Il traverse le parc pour nous rejoindre. Au loin, je vois Maggie et Lori qui nous font de grands gestes. Je suis rassurée, tout a l'air d'aller bien pour eux. Nous roulons jusque devant le bâtiment et je descends de la moto.

- Ça a été ?, demande Maggie et me sautant dans les bras.

- On a les médicaments, dis-je en évitant de répondre a sa question.

Glenn et Rick sortent. Ils se dirigent vers nous pendant que Daryl fouille subtilement dans son sac, évitant le regard de mon amie.

- Je me disais bien que j'avais entendu une moto, dit le premier en souriant, content de vous revoir.

- Vous avez passé la nuit dehors. Aucuns problèmes ?, demande le shérif avec inquiétude.

- Des merdes habituelles, rien de bien fou, répond Daryl sur un ton un peu trop agressif.

Il n'a pas envie de parler, il est sur la défensive. Les images de la nuit dernière doivent, comme pour moi, lui tourner en tête. Il a probablement le sentiment que les questions risquent de dériver et de mettre en lumière notre moment d'intimité. Nous n'avons pas à en rougir et il le sait. Cependant, tant que nous ne mettons pas de mots dessus, ce qui s'est passé reste là-bas. Pour couper court à son inquiétude en évitant que d'autres questions arrivent, j'explique :

- On a trouvé la clinique hier. Il y avait un infirmier qui se planquait là-bas. Il était terrifié. Il nous a aidé à choisir les bons médicaments, mais après, il est devenu fou. Il n'avait pas vu beaucoup de monde et Daryl lui faisait peur. Il a volé mon arme et en voyant un rôdeur, il a tiré. D'autres morts se sont ramenés et dans la panique, on est parti dans la mauvaise direction. On a dû faire un détour pour rejoindre la bonne route.

Le groupe écoute notre histoire. Daryl me regarde avec attention. Il pèse chacun de mes mots. Pour s'assurer que je ne sous-entende rien, il reprend :

- On s'est arrêté dans un bungalow pour la nuit et on est reparti ce matin.

- Comme promis Rick, on a choisi la sécurité, conclus-je.

- Hum, grogne le chasseur en signe d'approbation.

Notre discours mécanique sonne un peu étrange et le groupe sent que nous ne voulons pas tout dire. Maggie pose son regard sur moi, mais Rick met fin à la conversation :

- Bien. Carole vous attend à l'intérieur.

Un hochement de tête et nous nous dirigeons en silence dans le bâtiment. Alors que nous passons la porte, j'entends Rick qui donne des indications au reste du groupe :