Chapitre 25 : Fleur flétrie

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L'ambiance est macabre à l'intérieur du bâtiment. Des quintes de toux résonnent dangereusement entre les murs sombres. Quelques têtes sortent des cellules, les malades veulent voir qui arrive. Dans l'obscurité, je cherche Glenn. Mes yeux balaient la pièce et je finis par le trouver. Horrifié, l'homme nous regarde depuis le deuxième étage. Son visage brille de sueur, il semble très faible.

- Je vous apporte de quoi soulager votre fièvre, annonce Hershel d'une voix assez forte pour que tout le monde l'entende. Retournez vous coucher ! Je viendrai vous voir quand ça sera prêt.

Il s'approche d'une table, saisit un réchaud, l'allume et place une casserole dessus. J'attrape des bouteilles d'eau et les verse dedans. Nous y jetons les plantes, puis Hershel se met à touiller. Glenn est descendu, il s'approche de nous avec difficulté.

- C'est de la folie, vous auriez dû rester dehors, dit-il faiblement.

Le fermier lui donne la même explication qu'à Maggie, mais cette fois-ci, ses mots sont mieux trouvés. Glenn ne peut pas contre argumenter face à ce discours bien rôdé. Il hoche tristement la tête pour signifier qu'il accepte le choix du vieil homme. Il se tourne ensuite vers moi, mais je n'ai pas besoin de parler. Mon visage s'exprime tout seul, la maladie se voit. Il pose une main sur mon épaule, ses yeux se baissent et je tremble. Glenn est habituellement optimiste, sa réaction me fait froid dans le dos.

- Allez vous reposer. Je vous appellerai quand c'est prêt, dit le fermier.

Glenn me guide vers une cellule libre. Alors que nous marchons, j'entends de nombreux gémissements. Mon sang se glace, les heures qui m'attendent risquent d'être douloureuses. Je me prépare mentalement.

Deux jours passent où mon corps se bat péniblement. Mes poumons s'embrasent en permanence, l'air se fait rare et ma tête tourne. Je fais de mon mieux pour aider Hershel, mais je peine à tenir debout. Glenn aussi souffre. Désormais, il ne quitte plus son lit. Le breuvage aide Sacha, elle retrouve un peu de force. Nous nous relayons pour prêter main forte à Hershel qui soigne tout le monde avec courage. Il ne montre pour l'instant aucun signe de la maladie. J'arrive encore à espérer qu'il y échappe.
Plusieurs personnes sont décédées, nous avons dû les achever pour éviter qu'ils reviennent. Hershel pense qu'il est important que les autres malades n'assistent pas à cela, nous l'avons donc fait loin du groupe.
Mon état est grave, je le sens. Celui de Glenn et Sacha aussi. La peur nous entoure de ses bras vicieux, j'essaye de ne pas trop penser à la mort. Le visage de Daryl hante mon esprit. J'ai peur de ne plus jamais le revoir, cette idée me retourne le ventre. Ils mettent du temps à revenir de leur expédition, j'espère qu'ils vont bien. J'espère qu'il va bien... Je me concentre sur mes tâches pour ne pas trop penser.

Les heures défilent et il fait nuit lorsque je me réveille. Mes poumons râpent, je peine à respirer. Habituée aux nombreux gémissements qui résonnent, je ne remarque pas tout de suite l'agitation. Je m'assieds péniblement sur le rebord de mon lit et tente d'attraper mon verre d'eau. Fiévreuse, j'ai l'impression de planer. Les murs bougent autour de moi. Je me frotte les yeux lorsque Hershel passe devant ma cellule en courant. 

- Attrape ton arme, ordonne-t-il en panique.

Sa voix fait des échos, tout me paraît irréel. Il disparait et, tout à coup, je remarque les cris. Ce n'étaient pas des gémissements. Le bloc est en fait secoué, tout le monde hurle. Je me lève, attrape mon arme et sort de ma cellule. Je m'approche de la rambarde pour observer ce qu'il se passe. Une main agrippe mon bras. C'est un rôdeur. Je me débats. Je suis faible. À cause de la maladie, le combat est difficile. Le monstre ne veut pas me lâcher. Sa bouche approche dangereusement mon bras. Je vois flou, son horrible visage est dédoublé. Je finis par arriver à attraper mon couteau et lui l'enfonce dans la tête. Il s'écroule au sol. De faiblesse, je perds l'équilibre et me rattrape maladroitement sur la rambarde. Je tente de reprendre mon souffle. Mon corps me fait mal. Tout tourne et ondule. Les cris de terreur résonnent, faisant vibrer ma tête. Je jette un coup d'œil autour de moi. En bas, les malades se débattent. Plusieurs périssent sous les morsures. Je vois Sacha qui tire, tuant plusieurs rôdeurs. Le bruit des balles me fait mal aux oreilles. Je cligne plusieurs fois des yeux pour arrêter de voir double. Hershel enferme des enfants dans une cellule pour qu'ils soient protégés. Pas le temps de tergiverser, je saisis mon pistolet. Un acouphène attaque mon oreille droite. Je peine à viser. Je lutte pour me recentrer. Un bruit sourd dans la cellule derrière moi. Je me retourne, Glenn est tombé sur le sol. Il ne bouge plus, il est inconscient.

L'odeur de nicotine dans mes cheveuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant