Red Light - Tome 2

~ VIII ~

Hayleen

— Tu as perdu, libellule.

Encore pantelante, je le vois se redresser en passant sa langue sur ses lèvres, une étincelle prédatrice scintillant dans ses yeux. Il retire ses doigts de mon intimité, son regard plongé dans le mien. Puis soudain j'écarquille les yeux.

Non, il ne va pas faire ça...

Ah mais si ! Il le fait !

Tyler porte ses doigts à ses lèvres, faisant courir sa langue dessus sans détourner ses iris des miens, me défiant ouvertement. Oui, oui. Ces mêmes doigts qui étaient à l'intérieur de moi quelques secondes plus tôt.

Mais cette vue ne me déplaît pas, au contraire. Le voir aussi avide de moi échauffe mes sens, me donne envie de me donner à lui. Parce qu'il me fait me sentir bien.

Même si je sais que ce ne sera jamais comme avec Nikolaï, il n'y aura jamais cette petite étincelle qui embrase tout dès que nous sommes dans la même pièce.

Il incline la tête sur le côté, amusé.

— À te voir on croirait que tu en redemandes, je me trompe ?

Mes narines se dilatent alors que je pince les lèvres, prise sur le fait. Tyler se penche alors à nouveau sur moi, un sourire moqueur barrant son visage.

— Mais je ne vais pas te donner ce que tu veux, Hayleen. Je veux garder cet instant pour notre nuit de noces.

Il se redresse ensuite, puis descend du lit, me laissant seule et insatisfaite. Car je le voulais. En moi.

— Ne t'en fais pas, libellule, commence-t-il devant mon air contrit. Je compte bien te prendre à t'en faire perdre la tête. Et crois-moi cette fois tu n'en redemanderas plus tellement tu seras épuisée.

Il se dirige vers la porte, et au moment de l'ouvrir, il se tourne une dernière fois vers moi.

— En attendant, tu devras te contenter du souvenir de ce que je viens de te faire...

Son sourire narquois disparaît derrière la porte, qu'il referme délicatement. Je me redresse sur mon lit, après avoir remis mes vêtements en place. Un sentiment désagréable prend peu à peu possession de mon corps, et surtout de mon cœur.

Il m'a manipulée.

Il s'est servi de moi et de mes faiblesses pour me faire accepter leur foutu mariage arrangé. Et je n'ai qu'une parole. Je ne mens jamais.

Je peine à distinguer ma chambre autour de moi, mes yeux s'embuent peu à peu alors que mon estime de moi-même fait une chute libre.

Je suis si naïve.

Stupide.

Je ramène mes jambes contre ma poitrine, tandis que mes larmes roulent librement sur mes joues avant de s'écraser sur mes genoux. Je peine à garder une respiration stable, alors que mon palpitant menace de me briser les côtes. Mes mains s'enfouissent dans mes cheveux, mes doigts tirent dessus, comme pour occulter cette impression de n'être qu'une marionnette.

Une close dans un putain de contrat.

À bout, j'attrape brusquement le flacon de gélules sur ma table de nuit, puis en ingère trois d'un coup.

J'en ai marre.

Je ne veux plus ressentir ces merdes.

Je veux que ça s'arrête.