~ XXVII ~

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Hayleen

Je vais être honnête. Je n'étais pas sûre qu'il me reste assez de force dans ma jambe valide pour envoyer valdinguer Luke contre le béton. Ironiquement, je m'étais autant sous-estimée que lui l'avait fait.

Par précaution, j'avais pris le soin d'attendre qu'il soit complètement distrait, pour mettre toutes les chances de mon côté. Et maintenant, alors que je me traîne tant bien que mal vers lui, je réalise que ça en valait la peine. Je me suis évité un viol, et probablement tout un panel de tortures qui me fait froid dans le dos rien qu'à y penser.

Mon bras blessé me fait un mal de chien, sans compter mon mollet qui me lance comme si la tige filetée s'y trouvait encore. Mes deux plaies saignent allègrement sur le béton, qui passe d'un gris pâle et mat à un rouge carmin luisant.

Malgré la douleur, je fouille la poche de sa veste pour en sortir son petit couteau suisse. Au moment où je le déplie, il reprend peu à peu ses esprits. Son crâne baigne dans une large flaque de sang, dont ses cheveux habituellement blonds prennent peu à peu la couleur.

Reprenant son tic, je claque ma langue contre mon palais.

— Tu m'emmerdes, Luke.

Avec le peu de force qu'il me reste, je le fais rouler de façon à ce qu'il se retrouve sur le ventre. J'extirpe de ma poche le lacet que j'avais gardé.

Je savais bien qu'il pourrait me servir.

Je ligote ses mains dans son dos, en enchaînant les triples nœuds. Je ne manque pas de serrer aussi fort que si je voulais lui sectionner les poignets avec la cordelette. Je l'entends siffler de douleur, et j'esquisse un sourire mauvais.

Le lien bien serré, je le remets sur le dos.

— Quoi ? T'as mal ? raillé-je.

Il ouvre la bouche pour me répondre, mais je suis lasse d'entendre sa voix qui me déblatère des conneries depuis qu'il est entré dans l'entrepôt.

— Je m'en tape royalement, sale chien, tranché-je avant qu'il n'ait pu prononcer le moindre mot.

Je le toise avec un air mauvais. Le sang qui s'échappe de l'arrière de sa tête ne me procure aucune satisfaction. Je veux qu'il souffre autant que moi, qu'il me supplie de le laisser en vie. Comme le bâtard qu'il est.

Perdue dans l'échafaudage de sa torture, je sursaute violemment quand la porte du hangar claque dans mon dos. Le bruit résonne quelques secondes contre les murs de béton. Je regarde la sortie en fronçant les sourcils, tandis que Luke part dans un fou rire gargouillant.

— Qu'est-ce qui te fait marrer, abruti ? craché-je en l'incendiant du regard.

— Les clefs sont à l'extérieur, confesse-t-il. Et il n'y a pas de poignée, on est bloqués ici tous les deux.

Je pince les lèvres tandis que mes narines frémissent.

— Non, je suis coincée ici. Avec mon prochain repas, qui commence à se montrer un peu trop bavard à mon goût. Nuance.

Je ne saurais dire combien de teintes son visage a perdu quand il a compris que je comptais me nourrir de lui.

— La faim justifie les moyens, chéri.

Il déglutit difficilement. Son regard se met à suivre la petite lame du couteau, tandis que je le fais glisser sur son ventre, par-dessus son haut. Brusquement, je relève son vêtement et dévoile son torse tatoué en l'honneur de la mythologie nordique. Sa peau se couvre de chair de poule au contact de l'air frais et humide.

Red Light - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant