Red Light - Tome 2

~ XXIX ~

Nikolaï

Je ne sais pas si je suis soulagé, en la découvrant avec un flingue appuyé contre le front. Mais au moins elle est vivante. Ça fait des heures que mon cœur tape des loopings contre mes poumons, et que mon estomac est à deux doigts de se vider.

Et là, quand je la découvre à genoux, dans un état qui fait bouillir mon sang dans mes veines... Mon organisme ne sait tout simplement pas comment réagir. Mon premier réflexe a été de chercher Luke des yeux. La vue de sa dépouille, envahie par les mouches, a fait descendre ma tension d'un cran.

Un problème en moins.

Seulement, le mec qui tient ma femme en joue est un parfait inconnu. J'ai beau le détailler sous tous les angles, rien sur son visage ne me donne d'indice sur son identité. Hormis son regard, qui me semble étrangement familier.

Et je me renfrogne aussitôt quand je fais le lien.

— Joshua Moore, c'est ça ? lancé-je d'une voix menaçante.

L'homme ricane, sans éloigner son arme de mon chaton pour autant. Je ne sais pas où tout ça va nous mener, mais je ne le sens pas. Un frisson désagréable me traverse quand il abaisse le chien de son arme.

— Lui-même, gamin. Et je suppose que tu es Nikolaï Reed ? Je t'attendais.

Malgré tous mes efforts pour rester calme, ma respiration se saccade. Je jette un œil à Hayleen, qui m'observe de ses yeux larmoyants. J'ai toujours détesté la voir pleurer. Mais aujourd'hui, c'est encore pire. Elle est si pâle. Son visage luit de sueur, sa peau est noircie par la crasse, et je remarque une plaie au bord de l'infection sur son mollet. Celle sur son bras ne semble pas en meilleur état.

— Pourquoi vous m'attendiez ? demandé-je sans quitter Hayleen du regard.

— Parce que je préfère m'amuser devant un public.

Je crispe mes poings face à son insinuation.

— Ne vous avisez pas de la toucher.

Avant même qu'il ait eu le temps de répondre, je dégaine mon flingue. Mais moi, je n'attends pas l'arrivée d'un public pour abaisser le cran de sûreté.

Joshua affiche une moue déçue.

— Non, non, non, mon garçon. Baisse cette putain d'arme. Ou je lui fais sauter la cervelle.

Je réfléchis à toute allure, tentant par tous les moyens d'élaborer un plan pour la sortir de là. Vivante, de préférence. Mais le battement de mon pouls contre mes tempes m'empêche de penser convenablement. Je peine à respirer, comme si la simple vue de mon chaton au bord de la mort m'étouffait.

Et c'est le cas.

La simple idée de la perdre m'obstrue les voies respiratoires, comprime mes organes dans mon ventre, et transperce mon cœur de part en part. J'ai physiquement mal face à la possibilité de devoir faire ma vie sans elle.

Ne voyant pas d'autre solution, je baisse mon pistolet. Puis mes iris rencontrent ceux de ma petite brune, ma femme.

— Ça va, mon cœur ?

Elle hoche doucement la tête, ses prunelles sont envahies par les larmes. Je ne saurais dire si elle pleure de soulagement ou de terreur.

Je relève la tête pour toiser Joshua, qui ne se défait pas de son sourire insupportablement suffisant.

Je vais me le faire.

— Je suis là, relâchez-la maintenant, sommé-je en écartant les bras.