~ XV ~

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Tyler, 10 ans

— T'es vraiment un inutile, Tyler !

Mes yeux se remplissent de larmes tandis que papa me hurle dessus. Comme tous les jours, d'aussi loin que je me souvienne.

— Quand ta mère m'a annoncé que j'allais avoir un fils, je m'attendais à un descendant ! Pas une putain de lopette !

Je tente de retenir mes hoquets. Papa me frappe plus fort quand je pleure. Car un homme, ça ne pleure pas.

Il m'a encore attaché dans le sous-sol, comme un chien qu'on condamne dans sa niche. La pièce sent le champignon tant c'est humide. Les murs et le sol sont moisis, et des flaques d'eau mouillent le béton froid.

Il fait noir, si noir que je tremble au moindre bruit inconnu.

J'ai peur.

Papa se rapproche de moi puis m'attrape les cheveux avant de tirer fort dessus. Je me retiens de crier, je n'ai pas le droit d'avoir mal. Car un homme, ça ne connaît pas la douleur.

Mes cheveux sont trop longs, j'aimerais les couper. Pour qu'il ne me les tire plus. Mais il dit que je ne vaux pas la peine que se donnerait un coiffeur.

— En plus, à cause de toi, j'ai perdu ma femme, gronde-t-il en se penchant. C'est elle qui aurait dû t'élever. Je n'ai pas que ça à foutre que de perdre mon temps avec une chialeuse comme toi !

C'est faux. Ce n'est pas ma faute. Maman est morte en me donnant la vie, je ne l'ai jamais connue.

Ses accusations et la force qu'il applique sur ma tignasse me donnent envie de vomir. La peur me retourne l'estomac.

Je relève mon regard vers papa, mais au moment où je vois ses yeux, je comprends que je n'aurais pas dû le regarder. Je baisse aussitôt la tête, mais il tire encore sur mes cheveux pour me forcer à lui faire face.

— Tu vois ? T'es encore en train de chialer ! Tu ne seras jamais un homme ! Juste un putain de faible ! J'aurais dû t'abandonner quand tu as coûté la vie à ta mère !

Il me lâche brutalement puis il commence à défaire sa ceinture. J'avale ma salive en me roulant en boule contre le sol froid et mouillé. Je serre les dents pour qu'il ne les entende pas claquer.

L'air sent mauvais et j'ai du mal à respirer. Je ferme les yeux en attendant ma punition.

Il va me faire mal, encore.

Je le sais.

Il me fait toujours mal. Puis ensuite, il me prive de repas et de passage aux toilettes. Je suis obligé de faire mes besoins à même le sol, et je n'ai pas droit non plus de me laver.

Je renifle bruyamment en espérant que ça passe vite. Mais il prend toujours son temps, il savoure toujours mes blessures.

Peut-être qu'aujourd'hui sera différent ? Peut-être que j'aurai moins mal ? Que j'aurai le droit d'aller dans ma chambre ?

Mais quand le premier coup me fouette le dos, je comprends que ce sera pareil que les autres jours.

Je me recroqueville un peu plus en tremblotant, mes yeux me font mal à force de pleurer.

Il frappe encore, plus fort cette fois.

J'ai mal.

Mais je ne crie pas. C'est pire quand je crie. Comme si papa aimait entendre ma douleur. Sa ceinture me déchire la peau, et mon sang ruisselle sur ma chair à vif à chaque coup m'assène.

Red Light - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant