Red Light - Tome 2

~ X ~

Nikolaï

Ça fait deux heures et demie que je les vois se jeter des regards en coin. Chose qui commence à légèrement me taper sur le système. Je resserre ma prise sur le volant en croisant les yeux bleus de Keida dans le rétroviseur intérieur.

— Bon, c'est quoi ces gueules que vous tirez ? demandé-je enfin. Y'a quelqu'un qu'est mort ? Ou pire, vous avez baisé ensemble ?

Keida écarquille les yeux tandis que Shane s'étouffe avec sa salive.

— Quoi ?! s'exclame la rouquine en secouant la tête. Non ! C'est juste que... Euh... C'est Shane ! Il a fait un rêve bizarre ! Et il n'a pas pu s'empêcher de me donner tous les détails !

J'arque un sourcil.

Y'a un truc qui cloche.

— Vas-y, raconte, ordonné-je.

Du coin de l'œil, je vois le blond qui se crispe sur son siège, une expression voulant clairement dire "Mais qu'est-ce qu'elle va encore raconter comme connerie ?" imprimée sur le visage.

— Ben tu vois, commence alors Keida après avoir pris une grande inspiration, signe qu'elle monte son meilleur bobard. Il est venu toquer à ma porte à cinq heures du mat' parce qu'il avait été traumatisé.

J'esquisse un sourire en coin, curieux de voir jusqu'où elle est prête à s'enfoncer dans le mensonge.

— Et il se trouve qu'il a rêvé de toi, poursuit-elle tandis que Shane tente de fusionner avec son siège.

Mes sourcils sont à deux doigts de rejoindre la naissance de mes cheveux tant je les hausse.

— Je serais curieux de savoir ce qu'on faisait, marmonné-je.

— Un plan à trois.

— QUOI ?! Kei, arrête tes conneries putain !

— Ah ouais ? Avec qui ? questionné-je.

— Avec Hayleen, bien sûr !

— KEIDA !!!

— Oh, je savais que le toutou bavait sur le cul de Hay, mais sur le mien... C'est une grande découverte, fais-je sur un ton sarcastique. Désolé mon grand, mais tu n'es pas trop mon genre, je suis plus chaton teigneux que chihuahua hargneux.

Keida étouffe un gloussement, alors que Shane essaie désespérément de se fondre un peu plus dans le cuir.

— Bon allez ça suffit, déclaré-je en prenant un air sérieux. Il se passe quoi ?

Keida cligne innocemment des yeux, me faisant un regard de nourrisson.

— De quoi tu parles ?

— Ne me prends pas pour un con, Kei. Tu mens mal. Même un enfant de quatre ans n'aurait pas cru à ton baratin.

C'est marrant cinq minutes leurs conneries.

Il se passe un truc et visiblement ils ne veulent pas que je sache de quoi il s'agit.

Les deux se lancent des regards qui n'augurent rien de bon. Des regards genre "On lui dit ou on ne lui dit pas ?". Mais de quoi peut-il bien s'agir pour qu'ils craignent autant ma réaction ?

Je fronce les sourcils en tapotant le volant du bout des doigts, ma patience mise à rude épreuve.

Et Dieu sait qu'elle est déjà bien limitée.

— Je préfère te le dire quand on sera à Los Angeles, souffle Keida en posant sa tête contre la portière. Je compte bien y arriver en un seul morceau.