Chapitre 64

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PDV de Djamila

Depuis que ce saignement est survenu je ne peux plus rien faire.
Tidjani m'a emmené voir le médecin et ils m'ont fait faire une tonne d'analyses. Je suis au bout de la crise de nerf. Je me fais piquer à chaque bout de champs pour faire une prise de sang.
Ils trouvent toujours quelque chose à dire. Je suis devenu tellement fragile, je passe mon temps à pleurer. Je n'en peux plus du tout, oui j'ai voulu être enceinte mais franchement je ne voulais pas que ça se passe ainsi, c'est tellement chiant.

L'autre jour, j'ai eu des douleurs abdominales, et le médecin a dit que je devais faire extrêmement attention, sinon je risquais un décollement placentaire. En général, cela survient lors de la grossesse des femmes atteintes d'endométriose. Quand il l'a dit, ça m'a fait tellement peur. Il m'a conseillé de rester assez tranquille et de ne pas faire certaines choses. Je dois éviter de porter des charges lourdes, de faire des efforts physiques importants, et même de me déplacer trop souvent. Chaque mouvement doit être mesuré, chaque geste réfléchi. Cette précaution constante est épuisante.

Inutile de vous dire que Tidjani klo kele de yeh o mai ( entendu cela avec un seul oreille) . Ni tchai ni yeh maraka yairai yaiai de yeh ( c'est un vrai soninké), a ma kekou ali fitini ( il n'est pas malin mdrr).
Depuis que le médecin l'a dit il me fatigue tellement, je ne peux même pas lever le petit doigt sans qu'il ne dise quelque chose.
Je veux juste profiter de ma grossesse sans problème, est-ce trop demandé ? Je me sens tellement surveillée, comme une enfant à qui on interdit tout.

Nous sommes à la maison et on n'est pas sorti de la journée, il n'a pas eu d'entraînement aujourd'hui donc on était toujours au lit mais j'en avais marre.
Il y'avait du soleil dehors et je voulais sortir pour me promener un peu et surtout prendre l'air comme une personne normale.

J'avais la tête posé contre son torse et il me caressait le ventre.

Moi: C.

Lui: Oui?

Je sais déjà qu'il va dire non mais qui ne tente rien n'a rien.

Moi: J'ai envie de sortir.

Lui: Pour aller où?

Moi: Il fait bon dehors, il y'a du soleil et j'ai envie d'aller prendre l'air dehors. On ne sort jamais, on est tout le temps cloué ici dans cet appartement.

Lui: Mais Djamila on est sorti hier.

Moi: On est sorti pour aller chez le médecin, cela ne compte pas. À chaque fois qu'on sort c'est pour aller voir le médecin et juste après on rentre à la maison. Là j'ai envie de sortir et de me promener un peu, j'ai l'impression d'étouffer dans cette maison.
Je suis comme quelqu'un qui est en prison, il faut que je sorte sinon je vais devenir complètement folle.

Il a soupiré.

Lui: Djamila.

Moi: S'il te plaît ne dit pas non, sortons s'il te plaît.

Lui: Tu sais que le médecin nous a dit que tu devais faire extrêmement attention. Je ne veux pas qu'on prenne de risque.

Je commençais à m'énerver mais j'ai essayé de garder mon calme car si je m'énerve on va encore se disputer et ça ne servira à rien.

Moi: Je vais faire attention mais s'il te plaît sortons juste pour 30 minutes, il y'a du soleil dehors et ça serait dommage qu'on n'en profite pas.

Lui: Tu ne vas pas me lâcher n'est-ce pas?

Moi: Non.
Dis-je en souriant

Lui: Ok bon on y va mais si je sens juste un peu de fatigue sur ton visage, on va rentrer, est-ce que c'est clair?

Djamila: une femme meurtrieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant