Chapitre 13 - Lettre 6

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Chère Miss Greengrass,

Le moins que l'on puisse dire, c'est que vous êtes d'une ténacité redoutable. Le format épistolaire donne des ailes à certains, mais puisque nous sommes tenus de nous écrire encore un temps, que je ne voudrais pas obtenir une réputation de mari indigne à la suite de nos noces et que votre hibou se montre un peu trop insistant à des heures bien trop tardives dans la nuit, eh bien, parlons.

Severus Rogue n'était pas techniquement un ami de ma famille. Néanmoins, ma mère m'avait indiqué avant même mon arrivée à Poudlard qu'il s'agissait de quelqu'un de confiance (ha !) et dès que nos regards se sont croisés, j'ai compris que cette homme avait, sans le dire, la même vision des choses que moi : il savait que Serpentard était la maison des plus grands, avait notion de la noblesse du sang sorcier et avait donc compris qu'en tant que Malefoy, nous avions tout intérêt à collaborer lorsque cela était nécessaire.

En grandissant, j'ai eu tendance à penser que notre lien dépassait le simple fait que je vienne d'une famille de sorciers respectés. Ma famille a souvent complimenté mes capacités en estimant qu'elles allaient de soi : j'étais un Malefoy, après tout. Le professeur Rogue, en revanche, faisait preuve d'une exigeance envers moi me soufflant que j'étais capable d'aller encore plus loin, que j'étais destiné à de grandes choses grâce à l'appui de son enseignement.

Nous avons certes dû jouer des coudes pour aménager les meilleures conditions possibles pour moi ; mais je pensais que j'étais en capacité de devenir le meilleur, à l'image de mes ancêtres, et j'étais ravi que le professeur Rogue s'engage à faire tout pour que cela arrive.

Et puis...

 ̶L̶e̶ ̶p̶r̶o̶f̶e̶s̶s̶e̶u̶r̶ ̶R̶o̶g̶u̶e̶ ̶é̶t̶a̶i̶t̶
̶L̶e̶ ̶p̶r̶o̶f̶e̶s̶s̶e̶u̶r̶ ̶a̶
̶L̶e̶ ̶j̶o̶u̶r̶ ̶o̶ù̶ ̶m̶o̶n̶ ̶p̶è̶r̶e̶ ̶a̶ ̶é̶t̶é̶ ̶a̶r̶r̶ê̶t̶é̶ ̶e̶t̶ ̶q̶u̶e̶ ̶j̶'̶a̶i̶ ̶d̶û̶ ̶d̶é̶v̶o̶i̶l̶e̶r̶ ̶m̶o̶n̶ ̶b̶r̶a̶s̶,̶ ̶l̶e̶ ̶p̶r̶o̶f̶e̶s̶s̶e̶u̶r̶


Le professeur Rogue était là le jour où les choses ont pris un tournant plus grave plus sérieux plus complexe. Le fait que nous ayons la même marque me rassurait. Il m'a encouragé lors de la mission qui m'a été confiée à ce moment-là.

Mais finalement, cette marque sur son bras ne signifiait rien. Il n'y croyait pas. Par conséquent, est-ce qu'il croyait également à la supériorité des Sang-Purs ?

Au tribunal, après la première guerre, beaucoup d'anciens Mangemorts et leurs complices ont plaidé ne plus y croire. Ils mentaient. Mais lui ? Il était ma boussole. Mon compas moral.

C'est grâce à lui que je n'ai pas été condamné à Azkaban pour meurtre, mais il est mort sans que je puisse comprendre ce qui le guidait. Et moi non plus, je ne sais plus vraiment ce qui me guide.

Mais je regarde l'heure, la longueur ridicule de ma lettre, et à quel point elle fait de moins en moins sens. Vous ne la lirez sûrement pas jusqu'au bout, mais tant pis.

C'est la première fois que j'écris tout cela.

Drago Lucius Malefoy

PS : Je viens de relire le post-scriptum de votre dernière lettre et la couleur des fauteuils du boudoir de l'entrée n'est pas modifiable non plus.

PPS : Je suppose que je dois vous remercier pour les biscuits. Ils étaient délicieux. Merci. 

Cher monsieur Malefoy | DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant