Cher monsieur Malefoy | Dramione

Chapitre 15 - Lettre 7

Chère Miss Greengrass,

Je craignais un peu m'être trop épanché dans ma dernière lettre, mais votre réponse à cette dernière m'a rassuré en ce qui concerne cette question.

Je ne sais pas comment prendre cette déviation des traditions Sang-Pur en ce qui concerne la correspondance précédant notre mariage. Ma mère m'a vanté les qualités de ces échanges comme "uniques" et "extrêmement importantes" pour le fondement du couple que nous formerons à l'avenir. Elle m'a même montré la correspondance qu'elle a entretenu avec mon père avant ses propres noces. Je dois avouer m'être toujours interrogé sur la façon dont notre couple se formera à partir de conversations sur la tapisserie - mais maintenant, nous avons franchement dévié de ce genre de palabres.

Cela m'effraie un peu, mais je dois dire qu'en deux ans, ce n'est pas la première tradition que je vois remise en cause.

Puisque vous persistez à m'interroger sur le professeur Rogue et sur moi, pour une raison qui m'échappe, je vais donc poursuivre un peu ma réflexion lancée dans ma dernière lettre à ce sujet. Je suppose que de toute façon, une fois mariés, nous serons amenés à en parler. N'est-ce-pas ?

Comme vous, j'ai été élevé dans la plus pure tradition Sang-Pur : perpétuation des tenues sorcières, apprentissage de sortilèges propres à notre famille de père en fils par le biais d'une éducation à domicile dans l'enfance, mémorisations de nos coutumes pour repérer plus rapidement les traîtres à leur sang, et évidemment, intégration d'une fierté propre aux sorciers de haut-rang tels que je croyais que nous étions. Je suis rentré à Poudlard avec cette certitude, certitude qui a notamment été largement encouragée par mon entourage, dont le professeur Rogue.

La vie était simple : être Sang-Pur constituait la majeure partie de ma personnalité, c'était pour ainsi dire la pierre angulaire de mon existence. Ma supériorité sur les autres sorciers me semblait évidente et allait m'ouvrir toutes les portes. Cela me permettait d'aborder la vie avec une assurance sans limites, et avec une logique sans failles : être Sang-Pur, c'était être plus fort et plus méritant que les autres, il était donc logique que je reçoive plus que le reste.

 ̶P̶u̶i̶s̶ ̶i̶l̶ ̶y̶ ̶a̶ ̶e̶u̶
̶L̶e̶ ̶m̶i̶n̶i̶s̶t̶è̶r̶e̶
̶M̶o̶n̶ ̶p̶è̶r̶e̶

Vous êtes certainement au courant de ce qui s'est passé au ministère de la Magie lors de ma cinquième année à Poudlard, la déchéance de mon père, et la Gazette du Sorcier a amplement répété comment j'ai été amené à travailler pour le  ̶S̶e̶i̶g̶n̶e̶u̶r̶ Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom pour racheter le nom de ma famille.

Le fait de devoir tuer était aux antipodes de ce en quoi je croyais. Il y a un fossé entre souhaiter la mort des traitres à leur sang et des Nés-Moldus, et activement la pratiquer. Je n'ai jamais su tuer – et à ce moment-là, on m'a fait comprendre que je n'étais pas assez courageux pour défendre ma lignée, ma race.

Mais même comme ça, je n'y arrivais pas.

La mort me révulse. La torture aussi. J'étais là quand ma tante Bellatrix a̶ ̶t̶o̶r̶t̶u̶r̶é̶ ̶H̶e̶r̶m̶i̶o̶n̶e̶ ̶G̶r̶a̶n̶g̶e̶r̶a tué et torturé tous ces gens. Mais au final, je n'ai pas été en mesure de m'interposer. C'était pour les objectifs que l'on m'avait inculqué dès l'enfance : assurer la suprématie des sorciers sur tout le reste.

Je ne voulais pas tout ça. Ce n'est pas ce que je désirais. La recherche de la suprématie des Sang-Pur a tué Crabbe et ma tante Bellatrix, a gravé Sang-de-Bourbe sur le bras de Granger.

Et quand je repense à tout ce qui s'est passé, je ne sais plus à quoi correspondent nos traditions.

Mais j'ai sûrement déjà trop écrit, et de manière probablement trop personnelle. Peut-être devrais-je me remettre à écrire sur les couleurs de la tapisserie de notre future salle à manger, finalement.

Drago Lucius Malefoy