Chère Miss Greengrass,
Plus qu'un soir avant le bal ! Ma mère m'a spécifié que la tradition voulait que je ne vous envoie pas de lettres la veille de l'évènement, mais il est tard, et elle ne verra pas mon hibou partir.
J'en déduis que vous vous sentez mieux. N'en faites pas trop demain si vous ne vous sentez pas bien, cependant. Je mentirais si je disais que je ne suis pas impatient de vous rencontrer, d'entendre votre voix. Là encore, ma mère me disait encore au dîner que je suis censé l'entendre uniquement dans le boudoir, lors de cet évènement, « la rencontre du voile ».
Si vous voulez mon avis, ce nom est extrêmement pompeux, mais votre sœur m'a écrit pour me rappeler que cette tradition est très importante pour vous ; et je préfère vous entendre derrière un voile plutôt que de ne pas vous entendre du tout.
En attendant, je ne sais même plus quoi vous raconter... Après tout, nous nous parlerons demain. Mais pour patienter, je suppose que je peux vous raconter encore quelques anecdotes sur mon temps à Poudlard.
Je ne peux pas dire que mes troisième, quatrième et cinquième années aient été mes plus glorieuses, là encore. Il doit encore y avoir à Poudlard quelques personnes de votre année pour en avoir été témoin. J'ai gardé quelques souvenirs de cette époque.
De ma troisième année, j'ai gardé un bout de plâtre signé par plusieurs de mes camarades de Serpentard. Il provient de lorsque je me suis fait « agresser » par un hippogriffe, que j'avais moi-même provoqué. Je suppose que je peux vous le dire, vous allez être ma femme. Rétrospectivement, je m'en suis voulu d'avoir fait condamner cet hippogriffe – mais à l'époque, tout ce qui comptait, c'était que je paraisse plus fort et plus admirable que Harry Potter, et en cherchant ça, je me suis fait des amis que je chéris encore. Il y a les signatures de Crabbe, de Goyle, de Theodore Nott et de Pansy Parkinson. Il y a aussi un peu de mon sang dessus. Je portais encore mes bandages quand Hermione Granger m'a donné un coup de poing en pleine figure.
̶M̶a̶i̶s̶ ̶v̶o̶u̶s̶ ̶ê̶t̶e̶s̶ ̶l̶a̶ ̶s̶e̶u̶l̶e̶ ̶p̶o̶u̶r̶ ̶m̶o̶i̶,̶ ̶e̶t̶ ̶H̶e̶r̶m̶i̶o̶n̶e̶ ̶G̶r̶a̶n̶g̶e̶r̶
̶J̶e̶
C'est aussi mon dernier souvenir de Crabbe. Je ne l'ai certainement pas traité à sa juste valeur durant notre temps à Poudlard ensemble, mais je pense souvent à lui.
De ma quatrième année, j'ai gardé le ruban que Pansy Parkinson m'a donné à la fin du bal de Noël. Elle m'avait traîné sous le gui et nous nous étions embrassés. Ce n'était pas un baiser très glorieux, mais c'était mon premier, contrairement à ce que j'ai pu chercher à faire croire durant ma première, deuxième et troisième année où je racontais à tout le monde que je passais mes étés à embrasser des filles. J'en garde un souvenir plutôt baveux, si baveux que j'avais prétendu que ce baiser n'avait jamais eu lieu et Pansy avait été en colère après moi pendant deux semaines.
̶M̶a̶i̶s̶ ̶j̶e̶ ̶t̶i̶e̶n̶s̶ ̶à̶ ̶m̶e̶ ̶r̶é̶p̶é̶t̶e̶r̶,̶ ̶v̶o̶u̶s̶ ̶ê̶t̶e̶s̶ ̶l̶a̶ ̶s̶e̶u̶l̶e̶ ̶p̶o̶u̶r̶ ̶m̶o̶i̶ ̶e̶t̶
Vous avez peut-être entendu parler de mes vieux badges « A bas Potter ». Je n'en ai plus aucun chez moi, je m'en suis débarrassé, mais le jeune imbécile que j'étais en était si content – si vous saviez comme j'ai eu du mal à les ensorceler – que j'en ai caché jusque dans les salles de bain de Serpentard. Puisque vous êtes Préfète en Chef, n'hésitez pas à les détruire quand vous reprendrez du service.
De ma cinquième année, j'ai gardé un vieux flacon d'Amortentia du temps où je passais du temps avec le professeur Rogue dans les cachots. Vous savez sûrement que durant cette année à Poudlard, nous sommes censés évoquer la question de notre avenir. Lors de mon propre rendez-vous, il s'avère que je ne savais pas vraiment ce que je devais faire, et je ne m'en souciais pas. Je pensais que mon père me décrocherait un poste au Ministère après ma septième année, et que cela serait réglé.
Rogue s'en doutait, et c'est pourquoi la discussion a tourné court, jusqu'au moment où il m'a demandé si j'envisageais un département en particulier. Il y a eu un moment de silence, puis il m'a parlé d'un Département des Breuvages Magiques, chargés d'encadrer la sécurité des potions mises en vente dans le commerce.
L'idée me paraissait terriblement ennuyeuse, mais il sortit alors plusieurs flacons de sa poche : un flacon de Felix Felicis, un flacon de philtre de Mort Vivante, et enfin, un flacon d'Amortentia. Il m'a soufflé en baissant la voix qu'un employé de ce département pouvait avoir accès à ce genre de potions peu recommandables, et qu'avec ceci, on pouvait obtenir d'autres postes bien plus intéressants.
A l'époque, j'étais ravi de me sentir considéré de la sorte. J'avais vaguement conscience qu'il faisait référence au Seigneur des Ténèbres, que cela me rendrait utile, mais je pensais que cela était très loin, que ça n'aurait pas de répercussions immédiates sur ma vie. En revanche, en ayant accès à des potions comme le Felix Felicis, mon avenir aurait été tout tracé.
Ce qui m'importait le plus, en fin de compte, c'est que Rogue considère mon intelligence en matière de potions, qu'il pense que j'avais du potentiel. C'est ce qui m'a fait réfléchir à prendre la voie des Potions, mais avant que j'y arrive, je me suis retrouvé avec une Marque des Ténèbres sur le bras, et...
Enfin, bref. En souvenir de ce jour, j'ai chipé le minuscule flacon d'Amortentia que Rogue avait laissé sur la table en allant chercher un ingrédient pour une potion qui bouillait sur le feu. Je ne m'en suis jamais servi, je ne l'ai jamais ouvert. Je n'ai jamais trouvé de personne sur qui m'en servir. Etant donné qu'elle n'a jamais été ouverte depuis plusieurs années, la potion doit avoir un stade de puissance qui fait qu'elle ne servira probablement jamais. Trop dangereux.
En revanche, je n'ai pas pu m'empêcher de l'ouvrir juste pour la sentir. Vous savez, au cas où.
La potion sent divinement bon, elle sent les vieux parchemins, les roses anciennes et le feu de bois.
Je suppose que c'est ce que je sentirai lors de notre première danse demain.
Bien à vous,
Drago
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̶C̶h̶è̶r̶e̶ Hermione,
J̶e̶ ̶t̶e̶ ̶s̶o̶u̶h̶a̶i̶t̶e̶
̶P̶a̶s̶s̶e̶ ̶u̶n̶ ̶e̶x̶c̶e̶l̶l̶e̶n̶t̶Joyeux Noël.
Ton collègue Drago Malefoy
PS : il paraît que la couleur de cette plume pour ton bureau signifie « Désolé ». Le vendeur n'avait pas une nuance de couleur pour dire « Encore désolé pour l'épisode de la salle de bain des préfets ».
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Cher monsieur Malefoy | Dramione
FanfictionEcrire des lettres d'amour à Drago Malefoy ? Hermione Granger n'aurait jamais cru le faire un jour. A la suite d'un drôle de concours de circonstances, c'est pourtant ce qu'elle se retrouve à faire à la demande d'Astoria Greengrass, jeune fiancée d...