Gros Blaireau

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Encouragée par ses amies, Anna avait téléphoné à Leon, qu'elle avait renommé subtilement « Gros Blaireau » dans son téléphone. C'était un peu immature, mais Anna en avait tiré une certaine satisfaction.

- Salut, c'est Anna, avait-elle dit en essayant d'employer un ton détaché, comme si elle ne l'avait pas insulté quelques heures auparavant.

- Je sais Anna. Tu sais, ce qui est génial avec la technologie, c'est que ton nom s'affiche sur mon écran quand tu appelles.

Anna avait grincé des dents en silence. Quel petit prétentieux quand même.

- Oui bon, avait-elle abrégé en sentant l'irritation lui piquer les narines. C'est d'accord pour ta proposition. On se retrouve demain, à neuf heure devant le musée du Louvres. Ne soit pas en retard.

Et, sans attendre sa réponse, elle avait raccroché.

C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée le lendemain à courir dans les couloirs du métro de la ligne 1 à l'arrêt Louvres-Rivoli, échevelée et essoufflée.

Elle avait oublié qu'il existait sans exagération, au moins milles de sorties différentes ! Et bien sûr, elle s'était perdue.

Maudissant sa malchance, Anna donnait toute l'énergie qu'elle n'avait pas pour ne pas arriver en retard.

Enfin, elle aperçut la lumière du jour, surplombant un escalator qu'elle béni en silence. Merci seigneur, elle allait sortir d'ici !

Pendant un court instant, elle s'était demandée s'il ne serait pas préférable de se laisser mourir dans les couloirs, où on la retrouverait des années plus tard, sèche comme un pruneau.

Elle gravit les marches de l'escalator deux à deux en regardant sa montre. Neuf heure cinq. Bon, elle avait déjà fait pire comme retard.

Lorsqu'elle fut dehors, elle scruta la grande place du regard en se protégeant les yeux du soleil avec sa main et repéra rapidement Leon dans la foule. Il portait une casquette bleu marine et des lunettes de soleil, qui lui donnaient l'air d'être un agent du FBI sous couverture.

Anna ralenti le pas, et vérifia rapidement son reflet dans la vitrine d'un café. Malgré ses joues rouges et sa respiration saccadée, le reste de sa tenue était resté à peu près en place.

Comme la journée promettait encore d'être brûlante, Anna avait attaché ses cheveux en une queue de cheval haute, dont déjà plusieurs cheveux rebelles s'échappaient.

Sa tenue de combat du jour comportait : un débardeur noir à bretelles (comme ça, si elle transpirait, ça ne se verrait pas), un short mi-long crème et des basket roses.

Des musées, elle en avait fait des tonnes, et Anna savait qu'elle avait besoin de se sentir à l'aise dans ses vêtements pour crapahuter à travers les kilomètres de couloirs.

Après un dernier regard dans une vitrine, Anna adopta une démarche nonchalante pour camoufler les dernières traces de panique dans laquelle elle avait été les dix dernières minutes.

- Salut, lança-t-elle en direction de Leon.

Pas de réponse. Le jeune homme avait le nez plongé sur son smartphone et semblait écrire un message avec frénésie.

- J'ai dit, SALUT ! répéta-t-elle d'une voix un peu trop forte qui fit se retourner deux touristes étonnés.

Leon daigna enfin relever la tête et lui adressa un de ses sourires narquois dont il avait visiblement le secret.

- Ah salut. Dis donc, la ponctualité, c'est pas ton fort.

D'accord, il était très en forme le garçon.

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