France-Angleterre

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Après s'être douchée pour effacer les dernière traces de la crème solaire qui rendait sa peau collante, Anna avait relevé ses cheveux auburn encore humides avec une grande pince noire, faisant s'échapper de longues mèches travaillées de manières à couvrir ses cheveux de bébés qui luttaient contre la gravité, lui donnant des airs d'antennes peu flatteuses.

Cette couleur n'était pas la teinte naturelle de la jeune fille. Comme la plupart de la population en France, Anna avait été dotée de cheveux châtains dont la banalité était si terne qu'elle avait décidé de les teindre au henné depuis des années.

Pour contrer l'air encore lourd de la chaleur du soleil de la journée, Anna avoir revêtu une longue robe à bretelle descendant jusqu'à ses chevilles, fendue sur le côté pour laisser passer la fraîcheur de la nuit.

Pour cette dernière nuit sur l'île, Anna avait décidé de se rendre à son restaurant préféré, qu'elle avait découvert lors de sa première excursion il y a plusieurs années.

Mais la jeune fille déchanta rapidement. Stupéfaite par la foule, Anna avait oublié que c'était un soir de match, l'Angleterre contre la France. Il lui semblait que toute la population de l'île s'était réunie au pub pour, et elle eut toutes les peines du monde à se trouver une table. Pour l'occasion, le pub s'était paré de ses plus belles banderoles de drapeaux. Des guirlandes lumineuses éclairaient d'une douce lumière jaune la nuit qui commençait à tomber.

L'ambiance était à la fête, et plusieurs groupes d'amis, de supporters et de vacanciers s'étaient réunis comme un seul homme pour participer au spectacle. Anna souriait sans s'en rendre compte.

Elle respira l'odeur du sel mêlé à celui de la bière et du fish and chips qui allait cuire toute la nuit dans la petite cuisine du pub. Heureusement pour elle, l'air était loin d'être irrespirable. Au contraire, il apportait ces sensations propres aux derniers jours de vacances. Celles où l'on savoure une dernière fois ce moment de sérénité avant de replonger dans les boyaux du métro pollué de Paris.

Anna adorait vraiment la mer, ayant été élevée en Bretagne, et son cœur commençait déjà à se serrer à l'idée que bientôt, elle serait en train de se battre avec Christelle, cinquante -cinq ans, pour lui dire que oui, il fallait laisser descendre de la rame avant d'essayer de monter en forçant comme un animal enragé.

La jeune fille secoua la tête pour faire disparaître cette vision de cauchemar et décida de se focaliser sur le moment présent. Ce n'était pas vraiment difficile étant donné les cris que poussaient les supporters à chaque fois que le ballon était un peu trop près de la cage de leur but.

Anna avait toujours eut beaucoup d'imagination, et cela lui faisait parfois défaut. Souvent perdue dans ses pensées, elle s'était rendue compte que son imagination jouait parfois dans l'équipe adverse.

En effet, la jeune fille, anxieuse de nature, se retrouvait souvent à s'imaginer dans les situations les plus critiques : « bizarre ce grain de beauté, si ça se trouve c'est un cancer et je vais mourir » ou encore « si je réponds que je suis trop fatiguée pour venir boire un verre, est-ce que cet ami ne voudra plus jamais me parler ? », et beaucoup d'autres.

Mais cette imagination débordante, elle l'avait aussi utilisé dans son métier de graphistes, et plus récemment, dans son livre.

Et, lorsque la jeune fille se retrouvait un peu à court d'idées, comme maintenant, c'était en observant les gens qu'elle retrouvait l'étincelle qui mettait le feu à la mèche de son inspiration. Ce soir, Anna était bien déterminée à ne pas laisser sa nostalgie l'emporter sur sa bonne humeur. Alors, elle fit ce qu'elle faisait tout le temps, elle observa, et se mit à inventer une vie aux personnes qui passaient devant elle.

Le Second choixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant