Le Second choix

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Anna était en train de relire le dernier chapitre qu'elle venait d'écrire lorsque son téléphone vibra.

C'était Gaëlle qui la prévenait qu'elle était encore bloquée à son atelier, toujours avec le même client pénible, et qu'elle ne pouvait pas aller au cinéma avec elle.

Puisque Lou était en vacances dans le Cantal chez les parents de Jérôme, Anna se retrouvait toute seule en cet fin d'après-midi d'automne.

Le temps avait filé à une vitesse vertigineuse, tout comme les mots que Anna couchait sur le papier, ou plutôt sur son ordinateur. Depuis que son inspiration était revenue, la jeune fille n'avait cessé d'écrire avec passion l'histoire qu'elle avait imaginée il y avait plus d'un an, alors qu'elle était encore en train de se débattre avec Photoshop dans un openspace anxiogène.

Après avoir jeté un dernier coup d'œil à son ébauche de manuscrit, Anna put enfin respirer. Elle était satisfaite.

La jeune fille avait peaufiné les premiers chapitres soumis à son équipe éditoriale à la fin de l'été, et s'était bien avancée dans la suite. Soulagée, elle sentait qu'elle allait réussir à respecter le délais qu'on lui avait imposé pour le rendu de son manuscrit.

En plus de l'écriture de sa saga, Anna avait également été très occupée avec la préparation du Salon du Livre qui arrivait à grands pas.

Son équipe lui avait réservé plusieurs créneaux de dédicaces, ce qui était une première pour la jeune fille. Elle avait vu sur les réseaux sociaux de sa maison d'édition un engouement gigantesque à l'annonce de sa venue au salon, et son cœur s'était gonflé d'émotion. Ses lecteurs allaient être au rendez-vous, et, malgré son stress, Anna savait qu'elle allait savourer chaque minute auprès d'eux.

Malgré tout, cela faisait quand même plus d'une semaine qu'elle s'était enfermée chez elle comme une ermite, sans voir personne, pour écrire.

Et, même si Anna était d'une nature particulièrement introvertie, elle commençait sérieusement à avoir envie de sortir un peu se balader ou, s'il pleuvait, d'aller s'asseoir au chaud dans un café avec un gigantesque chocolat chaud en regardant les feuilles aux tons oranges et rouges tomber lentement sur le sol.

Anna devait l'admettre, elle avait bien besoin de se changer les idées. La jeune fille n'avait pas revu Leon depuis la soirée désastreuse au restaurant, et cela remontait à plusieurs semaines. Ce dernier ne lui avait pas vraiment donné de nouvelles, et Anna n'avait pas osé lui envoyer de messages pour lui en demander, de peur qu'il s'imagine qu'elle mendiait pour obtenir un peu d'attention. S'il y avait bien une chose que Anna refusait de faire, c'était paraître plus pathétique encore qu'elle ne l'était déjà. Anna avait un peu honte du visage qu'elle avait montré à Leon lors de cette fameuse soirée qui resterait gravée dans son esprit au fer rouge comme la fois où elle avait failli perdre sa robe en tournant de l'œil.

En plus de ça, quelque chose la tracassait plus que de raison. Anna ne savait toujours pas ce que Leon avait voulu lui répondre, avant d'être interrompu par June Liu. Mais elle savait, au fond d'elle, qu'elle n'aurait pas apprécié la réponse, de toute façon.

Anna ne comprenait pas les sentiments contradictoires qu'elle ressentait pour lui, et il lui avait été difficile d'ignorer le regard d'avertissement que son associée lui avait lancé, qui voulait dire quelque chose comme « Il est à moi, dégage ».

Au final, elle avait été plutôt contente de se plonger dans la préparation du Salon du Livre, et dans l'écriture de son manuscrit, qui l'avait tenu divertie pendant tout ce temps. C'était beaucoup plus facile d'ignorer ses inquiétudes et ses angoisses en se tuant au travail plutôt que de les affronter comme une adulte responsable.