La chronique d'Aïcha et Aymen

Chapitre 6

Après, comme tous les soirs, je fais ma routine. D'habitude, quand je passe devant la chambre d'Ilyas, il dort, mais cette fois, je vois de la lumière. J'ouvre la porte de sa chambre et je le trouve en train de découper de la drogue. Il cache rapidement ce qu'il faisait.

Moi : C'est quoi ça, Ilyas ? Tu as trouvé ça où ? Tu fais quoi ? Oh, tu n'as que 16 ans, tu joues à quoi ?

Ilyas : Tg, sors de ma chambre.

Moi : Non, pas du tout. Tu es malade ou quoi ?

Il me pousse et me fait sortir de sa chambre avant de fermer à clé et d'éteindre la lumière.

Je n'allais pas laisser passer ça. Le lendemain, j'allais en parler à Ilyes et à ma mère.

Je retourne dans ma chambre pour me coucher, mais je n'arrive pas à dormir en pensant à pourquoi mon petit frère se met dans ce genre de choses. Est-ce qu'on le force ? Est-ce qu'il reçoit des menaces ? Tant de questions me passent par la tête.

Le matin, je me lève avant tout le monde. Je réveille Ilyes, Younes et ma mère, mais pas Ilyas. Nous nous installons à table.

Maman : Je vais réveiller Ilyas.

Moi : Non, attends maman, je dois vous parler avant.

Younes et Ilyes : Il y a quoi ?

Moi : Assieds-toi, maman.

Ma mère s'assoit, ainsi qu'Ilyes et Younes.

Moi : Hier soir, j'ai vu Ilyas couper de la drogue dans sa chambre. Je lui ai dit qu'il était fou de faire ça, et il m'a répondu tg avant de me pousser hors de sa chambre et de fermer à clé.

Ma mère commence à pleurer, sans dire un mot, elle est bouche B. Ilyes se lève pour aller le réveiller.

Ilyes : OH, LÈVE-TOI, DÉPÊCHE-TOI, PETIT CON, VA !

Ilyas : Y'a quoi ?

Ilyes : DÉGAGE DE TA CHAMBRE, VITE !

Ilyes le pousse hors de la chambre. Ilyas tombe par terre devant sa porte. Ilyes et Younes fouillent partout, jettent tout, et trouvent les morceaux qu'il avait découpés ainsi qu'une boîte de chaussures pleine d'argent.

Ilyes met tout sur la table de la cuisine. Ma mère continue de pleurer, sans s'arrêter, incapable même de s'énerver.

Younes : Assieds-toi, dépêche-toi.

Ilyas se lève et s'assoit.

Ilyes : TU JOUES À QUOI, HEIN ? TU CROIS QUE C'EST UNE VIE DE FAIRE DES TRUCS COMME ÇA ? TU N'AS QUE 16 ANS ! TU TE VOIS DÉJÀ EN PRISON, FINIR TA VIE DERRIÈRE LES BARREAUX ? JE TE PARLE, REGARDE-MOI ! TU ESSAYES DE FAIRE QUOI, HEIN, DE FAIRE DU MAL À TA FAMILLE ? C'EST BIEN, TU AS RÉUSSI. REGARDE COMMENT TU METS MAMAN, ELLE PLEURE. REGARDE COMMENT TU FAIS SOUFFRIR AÏCHA, YOUNES ET MOI. TU CROIS QUE C'EST UNE VIE, ÇA ? MAINTENANT, TU VAS TOUT NOUS DIRE.

Ilyas, en pleurs, nous raconte tout. Il pleurait tellement qu'il m'a fait de la peine.

Ilyas : Je n'ai pas le droit de le dire, sinon il va vous faire du mal à tous.

Le pauvre, il avait une peur immense pour nous. Ilyes se calme.

Ilyes : Qui va nous faire du mal, Ilyas ? Il ne nous arrivera rien, t'inquiète pas. Dis-nous tout, nous sommes là pour toi, nous sommes ta famille, Ilyas. Tu peux tout nous dire.

Ilyas : C'est papa. Il m'a dit de vendre sa drogue au lycée et de lui ramener l'argent quand je le vois le week-end.

Moi : Ilyas, pourquoi tu l'as écouté ?

Ilyas : Aïcha, tu ne comprends pas. J'ai peur de papa, il est fou. La première fois que je lui ai dit que je ne voulais pas, il m'a frappé, poussé contre le mur, étranglé. J'ai cru que j'allais mourir, Aïcha. Je ne pouvais pas lui dire non. Ensuite, il m'a dit que si je le disais à quelqu'un, maman, toi, ou Ilyes , vous seriez morts. J'avais peur, chaque soir je priais pour qu'il ne vous arrive rien, donc je le faisais et je n'allais pas contre papa.

Cela me faisait tellement mal au cœur de savoir tout ce qu'il vivait avec notre père. Comment un père peut-il faire ça ?

Ilyas n'allait vraiment pas bien. J'ai pleuré, ma mère n'arrêtait pas de pleurer aussi.

Ilyes et Younes étaient furieux. Ce que notre père a fait subir à Ilyas, c'est impensable. Savoir que cela dure depuis un ans sans que nous ne nous doutions de rien, ça fait encore plus mal.

Moi : Je suis désolée de n'avoir rien vu, vraiment désolée. J'aurais dû voir que tu n'allais pas bien.

Ilyas : Ce n'est pas grave, tout va mieux depuis que je vous l'ai dit.

Je lui fais un câlin. Ma mère n'avait plus les mots, elle était tellement triste aussi. Nous lui faisons tous un câlin.

Ilyes : JE VAIS LE TUER .

Maman : on ne règle pas ça comme ça . On va porter plainte .

Ilyes : ON S'EN FOUT DE LA POLICE,JE VAIS LE TUER .JE PRÉFÈRE ALLER EN PRISON QUE DE LE LAISSER VIVANT .

Ilyes prend un sac, appelle Hamza et Aymen, et part. Younes les suit. La mère d'Aymen, viens avec Alia, et Elias.

Ils viennent aider ma mère et réconforter Ilyas.

Ilyas ne voulait plus jamais revoir notre père, donc nous avons commencé les démarches pour qu'il ne le voie plus.

Nous avons appelé notre avocat, qui nous a tout expliqué et a dit qu'il allait envoyer un courrier au juge d'urgence. Pour l'instant, Ilyes devait se calmer et ne rien faire, sauf qu'on ne savait pas où il était.

Il ne répondait pas à nos appels, Hamza et Aymen non plus, et Younes avait oublié son téléphone, donc aucune nouvelle de toute la matinée.

Vers 14h, Ilyes, Hamza, Aymen et Younes rentrent, énervés.

Ilyes : On ne l'a pas trouvé, ce bâtard. Passe-moi son numéro, Ilyas.

Moi : Ilyes, calme-toi. On a appelé l'avocat pour savoir quoi faire. Il a envoyé un courrier au juge en urgence pour qu'on passe.

Ilyes : On s'en fout. Qu'est-ce que le juge va faire, hein ? On a des preuves ? Non. Il faut des preuves. Ilyas a enregistré papa en train de parler ? Non. Donc on a zéro preuve à part la parole d'Ilyas et de l'autre con, c'est tout. Donc le juge ne va rien faire. Nous, on va s'en occuper, et ça ne sert à rien de m'en dissuader, Aïcha.

Je savais que je ne pouvais pas le dissuader, donc j'ai laissé tomber. Ilyas lui passe son téléphone. Ilyes appelle.

Appel :

Ilyes : Allô.

Notre père : Oui, allô.

Ilyes : T'es où ? Petit con

Notre père : Parle bien, Ilyes. Tu te prends pour qui ?

Ilyes : Arrête, arrête de jouer au mec normal, celui qui ne fait rien. Ilyas nous a tout dit. Maintenant viens, viens qu'on règle nos comptes, bâtard.

Notre père : Tu vas perdre à parler comme ça, petit con.

Ilyes : Fais pas le beau et viens, on t'attend.

Notre père : J'arrive te niquer, tu vas apprendre à bien parler.

Ilyes : Arrive.

Il a raccroché.