Seis: Les Ruines du Vent

Chapitre 6 : La Poursuite ( Partie 1)

« Sur la route, c'est encore mieux de regarder devant. Derrière soit très souvent, il n'y a que des ennuis qui cherchent à nous rattraper »

Chanson populaire des bardes d'Albion

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Seis se réveilla doucement, la fraîcheur de l'air humide vint lui chatouiller les narines. Il s'étira avec lenteur. Il s'était endormi à l'orée de la forêt luxuriante. Un tapis de lichen lui avait servi de lit. Les rayons du soleil perçaient à travers la canopée, projetant des ombres dansantes sur le sol couvert de mousse. Il resta immobile un moment, laissant les sons de la nature remplir ses sens, essayant de se reconnecter avec cette ambiance apaisante. Cela faisait trois jours qu'il avait quitté Rita-Ori, les deux premiers jours avaient été sur une mer agitée. Mikou lui avait laissé un petit bateau pour pouvoir s'enfuir de l'île après ses méfaits. Seis n'était pas un expert en bateau ou en mer de manière générale. Heureusement pour lui, Mikou lui avait fourni une boussole qui indiquait toujours la direction de la même île, Parseko. La particularité de cette île est qu'elle était la dernière île limitrophe du Royaume de Burr avant de pénétrer sur le territoire de Chapelle. Il y avait donc un port commercial très animé qui permettait de se déplacer partout dans les mers du nord d'Albion. Cette frontière entre les deux pays était très importante pour des raisons militaires mais aussi pour des raisons commerciales. Bien que les deux pays soient ennemis, il y avait des échanges économiques entre eux, et cet endroit attirait les commerçants qui voulaient travailler avec les deux pays. L'endroit grouillait toute l'année d'étrangers en tout genre, un endroit parfait pour Seis s'il voulait disparaître et trouver une nouvelle direction. Pendant deux jours, Seis avait suivi l'aiguille de la boussole avec sa petite embarcation. Finalement en pleine nuit, il avait écrasé son bateau contre les roches de Parseko. Exténué, il avait traîné son corps jusqu'à la clairière non loin de là, et s'était endormi. Seis sentit son estomac grogner, il avait faim. Heureusement pour lui, il était de Niveau 3 Phase 3, il avait donc moins besoin de boire et de manger que les gens normaux. Il toucha dans sa poche de pantalon, le X1 qu'il avait volé à Henri. Grâce au SCM, il pourrait facilement se trouver à manger. Durant les deux jours où il était sur la mer, il avait passé son temps à toucher l'objet dans sa poche pour être sûr qu'il n'était pas tombé à l'eau. C'était presque devenu comme une deuxième nature, car chaque fois qu'il le touchait et le sentait bien à sa place, bizarrement cela lui procurait du réconfort. Parseko était un lieu mystérieux pour Seis. Il prévoyait de rester très discret et au maximum d'éviter les gens avant d'arriver au Grand Port. Mais d'abord, il devait manger. Il activa son SCM. Il concentra son attention sur son nez. Il sentit à quelques centaines de pas de lui, une odeur sucrée et alléchante. Il se dirigea sans hésitation vers son but. Seis s'arrêta soudainement en apercevant un arbre avec ses grappes de fruits rouge vif suspendues aux branches. Intrigué, il s'approcha de l'arbre, touchant délicatement les fruits d'une peau recouverte d'épines fines. Seis cueillit quelques fruits, faisant attention à ne pas se piquer, puis s'assit sous l'ombre bienfaisante de l'arbre pour les déguster. Le fruit était doux et légèrement acidulé, avec une texture succulente qui fondait dans sa bouche. Il mangea avec passion, savourant chaque bouchée. Il resta là un moment, en symbiose avec la nature environnante, laissant ses pensées vagabonder. Il se demanda comment allait Uma. Il espérait vraiment que sa grande amie avait réussi à s'en sortir sans attirer l'attention des gardes. Il savait que ce n'était pas très réaliste, mais l'autre version de l'histoire ne lui plaisait guère. Il se releva, et il se trouvait étonnamment en forme. Soudain, il eut un éclair de compréhension pour la première fois depuis plusieurs années, il ne faisait plus de cauchemars. Lors de son cinquième jour sur Parseko, il décida de trouver un village de chasseurs ou de pêcheurs pour prendre des informations. Il croisa deux petits canidés sur son chemin. Leurs oreilles, telles des antennes alertes, sondèrent l'air pour capter le moindre murmure du vent porteur de vie, leurs grands yeux, reflets d'une intelligence discrète, observaient le monde avec une curiosité teintée de prudence. Le museau anguleux avait une petite truffe noire ressemblant à un champignon. La fourrure douce et soyeuse, parée de nuances subtiles d'orange, couvrait un corps svelte et six jambes musclées. Il se propulsa d'un seul bon au-dessus des deux animaux, qui n'eurent pas le temps de réagir, il retomba en les attrapant par le cou. En un seul mouvement, il tua les deux bêtes. Il toucha à nouveau le X1 dans sa poche en souriant, le petit jouet d'Henri était vraiment très pratique. Alors que Seis marchait dans la clairière, son butin sur son épaule, ses sens aiguisés le conduisirent à découvrir un petit village. Le bourg était modeste, composé d'une poignée de maisons en bois et d'autres structures simples. Des fumées s'élevaient des feux, témoignant de l'activité des habitants. Seis pouvait entendre des rires et des discussions qui flottaient dans l'air, donnant à l'endroit une ambiance conviviale et chaleureuse. Il s'approcha, espérant que sa présence passerait inaperçue parmi les autres visiteurs et étrangers du village. Il se trompait. Les regards curieux des villageois se posèrent sur lui, mais il leur offrit un sourire amical en retour, espérant apaiser tout soupçon. Il s'approcha près d'un petit étal de marchand, et posa les deux animaux morts sur la table. Avec un ton enjoué, il entama la conversation avec le marchand, un homme assez petit au physique sec.