Seis: Les Ruines du Vent

Chapitre 7: Les Gardiennes ( Partie 2)

Bubu était arrivée, elle prit part à la conversation :

- Bonjour Seis, comment te sens-tu ?

- Je vais très bien, merci de m'avoir sauvé, Madame Bubu.

- Je t'en prie, appelle-moi juste Bubu. Il est étrange pour une Arachné bulbiforme d'entendre ce terme à son égard.

- Oui, appelle-la plutôt la Sphère noire.

- Que veux-tu dire ?

Seis éprouva alors un énorme sentiment de honte solitaire. Il voulait se cacher mais il ne pouvait plus bouger. Aremetria expliqua succinctement la situation. Bubu éclata de rire. Sa petite bouche s'entrouvrit en expulsant de l'air. Ses grands yeux s'écarquillèrent, et son corps se mit à se balancer dangereusement entre les différents appendices. Même la manière dont elle riait était incroyablement surréaliste pour Seis. À moins qu'il n'ait eu tort, et que pour elle cette attitude voulait dire bien d'autres choses. Bubu approcha son corps géant et touffu de Seis. Les grandes iris noires le contemplaient sans gêne. Une fois de plus, elle lui parla directement dans sa tête :

- Ne t'en fais pas, je te trouve très amusant. Les Drakons et toutes les créatures de ce monde portent un tel respect à mon espèce. Qu'entendre quelqu'un m'appeler si simplement, c'est rafraîchissant. Je te remercie.

- De rien, répondit Seis après un moment de silence.

- Est-ce que mon apparence t'effraie, Seis ?

- Non, pas vraiment.

- Elle se pencha de côté comme pour l'observer, elle ressemblait à une bestiole curieuse et gracieuse. Seis lui sourit et reprit :

- À dire vrai, je te trouve plutôt mignonne, mais pour moi, tu es si unique que te voir me rappelle constamment que je ne suis pas sur mon monde.

- Mignonne ? Tu as entendu ça, Aremetria ? Il a dit que j'étais mignonne.

- Oui, j'ai entendu Bubu, mais ce n'était pas exactement le point essentiel de sa réponse.

- Mignonne, c'est la première fois que quelqu'un me dit ça.

- Désolé mon garçon, tu l'as excitée maintenant, elle ne va pas écouter un mot de ce qu'on raconte.

Seis regarda alors avec stupeur l'étrange échange entre les deux gardiennes, Aremetria essayant de calmer Bubu qui se dandinait en se balançant, passant son poids d'un tentacule à l'autre. Aremetria lui intima d'arrêter en levant sa main vers le ciel, comme quand une mère menace son enfant de lui claquer le derrière. Seis ne put s'empêcher de rire, un rire vrai, profond, léger comme il n'en avait pas eu depuis si longtemps. Il rit tellement qu'il en eut mal au ventre. Il avait les yeux remplis de larmes lorsqu'il parvint enfin à se calmer et à reprendre son souffle. Il respirait fortement et soufflait, lorsque Aremetria s'accroupit près de lui et, avec son index, lui essuya les larmes de ses yeux. Elle le regarda avec tendresse et lui dit :

- Ça fait du bien de rire, n'est-ce pas ?

- Oui, beaucoup de bien, répondit-il avec sincérité.

- Un bon rire passe les soucis, dit alors Bubu.

- Oui, tu as raison, tu es sage Bubu, lui dit le garçon.

- Oublie ma sagesse, dis-moi plutôt que je suis mignonne. Tout le monde me dit que je suis sage, il n'y a que toi qui me dis que je suis mignonne.

- Arrête avec ça. Tu es la gardienne du Monde Emeraude, pas une gamine effarouchée, tempêta la Drakon.

- Tu es la plus mignonne, Bubu, dit alors Seis avec un grand sourire.