Chapitre 2 :

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Orial:

Ce canapé est d'un incroyable confort. Si seulement ce vieux n'avait pas débarqué deux minutes plus tôt je ne me serais pas gêné pour carrément m'endormir là-dedans. Mais je pense que tout ce confort s'est d'un coup évaporé. Ce vieux qui n'est apparemment autre que l'oncle Georges est une personne très très désagréable d'abord à la vue et même pour parler.

Je bouge sur place essayant de trouver mon aise mais je n'y arrive juste plus. La dernière fois que je fus autant intimidé par quelqu'un, c'était lorsque j'avais environ sept ans.

Et je n'aime pas du tout ça. Il faudrait que je me ressaisisse avant que ce Georges ne se rende compte de son effet sur moi. Si ce n'est pas déjà fait. Cet homme est juste désagréable avec ses petits yeux verts qui me dardent d'un regard méfiant, sa tête chauve avec quelques touffes de cheveux grisonnants apparaissant à chaque extrémité de sa tête anormalement grande pour son corps maigre et petit. Il est vêtu d'habits si normaux et aussi pauvres que leur propriétaire. Pauvre de manière et de délicatesse car étant donné la luxueuse maison où il vit il est loin, mais alors très loin d'avoir des problèmes d'argent.

Notre discussion fut sèche, rien de très important et je n'oserai dire qu'elle dura plus de quatre petites minutes - les plus longues de toute ma vie et certes les plus inconfortables. Il m'indiqua par la suite l'emplacement de la chambre de sa nièce que je suis censé soigner et que je n'apprécie déjà pas. Si jamais elle est aussi désagréable que son oncle je crois bien que je vais me sauver de ces lieux en courant, quoique la réaction de mon père ne serait certes pas bonne. J'essaie de faire taire cette pensée et d'oublier mon père avec tout ce qui se rapporte à lui. Déjà qu'il est la raison pour laquelle je me retrouve ici à présent au lieu d'être à mon aise dans mon bureau. Mais à vrai dire, jamais mon père n'a fait quelque chose que j'ai approuvé et pire encore jamais moi je n'ai pu lui dire ce que je pensais réellement de lui, que c'était ma vie, que j'avais 31 ans déjà et que j'étais responsable de ce que je faisais.

La servante qui me conduit à la chambre de ladite Sophie la nièce de ce vieillard est aussi cruche que tout l'est dans cette maison. Enfin, arrive devant une porte en bois vernie d'un marron foncé. Je ne prends pas la peine de frapper à la porte, me souciant peu de mes bonnes manières - inexistantes d'ailleurs. Elle est dépressive non ? Donc pourquoi se soucierait-elle de ce qu'on ait frappé à la porte ou pas? Qu'elle se sente déjà reconnaissante que je vienne jusqu'ici pour la diagnostiquer. Enfin si je peux appeler ça comme cela.

J'ouvre la porte pour me retrouver dans une énormissime chambre où chaque coin est parfaitement exploité. Les murs sont couverts d'un papier Paint doré qui vient contraster avec le lit couleur argent. Le reste du décor varie entre ces deux couleurs qui se ressemblent tellement mais en même temps sont très différentes.

Au centre de la chambre je peux apercevoir la dénommée Sophie assise sur un canapé, dos à moi. D'ici,je ne vois que ses longs cheveux qui s'étalent tout le long du dossier de la chaise, aussi lisses et noirs que ceux d'un corbeau. Si elle s'est aperçue de ma présence, elle n'en laisse rien paraître. Elle est immobile devant sa grande fenêtre qui couvre une grande partie du mur. Je m'approche tout doucement mais en faisant un peu de bruit pour ne pas qu'elle ait peur au cas où elle ne m'a pas entendu entrer. Je prends place à côté d'elle mais elle ne bouge toujours pas. Elle n'est pas curieuse de savoir qui est vient lui rendre visite ? Si c'est le cas elle doit vraiment être dépressive et alors je ne serai pas capable de la soigner. Mais qu'est ce qui me prend de vouloir la soigner ? Je n'ai jamais voulu faire une chose pareille non ? Pourquoi maintenant et pourquoi pour cette fille qui m'embête déjà alors qu'on n'a pas échangé un seul mot ? Ne devrais-je pas plutôt la détester? Je ferme les yeux et essaie de me ressaisir. J'ai les idées embrouillées et je n'arrive pas à penser normalement. Si je veux lui apporter du bien c'est juste pour ne pas que mon père me fasse un autre de ses monologues. Après tout, je n'ai même pas vu son visage. La curiosité me démange de l'intérieur. J'essaie d'attirer son attention mais rien, elle ne se retourne pas.

C'est la première femme qui ne tombe pas sous mon charme au premier regard. Mais je ne peux rien lui reprocher, elle ne m'a toujours pas vu. C'est juste une question de temps. Et puis peut-être qu'elle est aussi sèche que son oncle ?

Je mets mes doigts sur sa chaise et me tiens derrière elle, essayant de comprendre ce qui retient son attention à ce point. La vue n'a rien de particulier. Des arbres s'étendent dans la rue déserte en ce mois glacial de janvier. Quelques flocons de neige tombent doucement sur les feuilles des arbres, les couvrant d'un blanc immaculé. Le paysage est normal, ennuyeux même.

N'arrivant plus à garder mon calme je m'assois dans la chaise d'à côté. Et elle ne se retourne toujours pas, absorbée par je ne sais quoi. Je me mets à penser à combien cette séance sera longue et ennuyeuse lorsqu'enfin elle daigne me dévisager.

Et ce que je vois m'époustoufle sur place.

Un psychologue psychopathe.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant