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                Le lundi matin, il fallut retourner à la vie. Affronter sans broncher. Ron et Hermione qui l'assaillirent sans qu'il ne réponde à rien. Zabini, qui le percuta férocement avant les cours. Le regard lourd des profs. Peeves qui le suivit en l'appelant « le tueur de Serpent ». Il ne se soustrait qu'à Slughorn qui demanda à « lui parler à la fin de la classe ». Harry n'avait rien à dire. Il aurait pu vomir.

Avant l'heure du repas, Harry avait disparu derechef. Même si Ron le savait sous sa cape, il n'avait pas moyen de le retrouver et Harry trouvait toujours le mien de se tenir le plus loin possible en classe.


La nuit et l'infirmerie devenait son terrain de chasse, le seul endroit où il se sentait en sécurité. Malefoy, l'épaule sur laquelle il pouvait venir pleurer.

« On se ressemble, toi et moi. Moi, c'était pendant la quatrième année... Le tournoi. Fol-Œil, le faux, m'a offert une « potion ». C'est comme ça qu'il l'a présentée. Une potion pour m'aider à supporter le stress, la pression ; puis une autre, pour pouvoir dormir avant la première épreuve. Puis une « vivifiante », avant d'aller affronter la dragonne. Des potions pour tout. Un mélange de quelques plantes bien choisies et d'alcool. Une ruse du plus bas des Mondingus. Mais ça a duré, je revenais toujours pour en demander plus. Il les avait toujours dans son bureau, je ne pouvais les prendre que là. Mais l'été est arrivé... Il me fallait fermer les yeux et revoir le visage de la Mort. Je devenais fou. Mon cousin m'a dit que je hurlais dans mon sommeil. Je tentais de sauver Cédric. Peu de temps avant la rentrée, alors que j'étais chez Sirius... J'ai trouvé des flacons chez lui. Des potions différentes les unes des autres mais toutes avec le même effet ; ne voir plus que le noir. Ne plus voir le visage de Cédric, ne plus entendre la voix de Voldemort, ne plus sentir le froid des Détraqueurs. Être aussi vide que les flacons que j'engloutissais. Et puis l'année dernière ; en milieu d'année je crois, il me fallait supporter Ombrage. C'est Fred et Georges qui m'ont fourni cette fois, des choses bien plus puissantes que ce qu'ils vendent en boutique. Ce ferait oublier sa mère à un Hippogriffe. Bientôt pourtant, ce n'était plus assez ... Après la mort de ... Sirius... La chute fut trop brutale. L'alcool est devenu un réconfort trop plaisant mais trop court. Tout revient toujours ... La Mort, la Solitude, toi ... »

Harry renifla, sans pleurer pour de bon. Il n'avait jamais dit cela à personne, n'avait même jamais osé s'avouer certaines choses à lui-même.

« Les sens-tu, les ailes de la Mort qui se posent, glaciales, sur tes épaules ? J'ai l'impression qu'elles ne m'ont jamais quitté, que ce soir-là, à Godric's Hollow, j'ai juste pris un temps d'avance mais que toute ma vie, je ne pourrai jamais m'arrêter sinon ... A chaque instant, je menace de tomber, de sombrer. Alors souvent je me dis ... Une potion. Une dernière pour achever enfin, ce que Voldemort n'a pas réussi à faire ... »

Sans vraiment savoir pourquoi, Harry se saisit de la main de Malefoy dans un geste vif, sans rien de tendre, et la serra incroyablement fort dans la sienne, en la pressant contre le battement frénétique de son cœur.

« Repose-toi bien Malefoy. »

Adava AmortentiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant