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Le jeudi matin, Harry n'eut pas à chercher la nouvelle pour la trouver. Des élèves, jusqu'aux fantômes, les professeurs se rendant dans la Grande Salle. Drago Malefoy était sorti de son coma, miraculeusement semblait-il, aux premières lueurs du jour.


Le brun aurait voulu faire demi-tour et partir se cacher dans un recoin sombre du château, mais il était déjà trop tard. Si les regards sur sa personne s'étaient amoindris le temps où Drago restait sagement endormi, désormais, tout à chacun fixait Harry, curieux de la sentence qui allait tomber, maintenant que le blond pouvait parler. Le dénoncer.


Sous les regards toujours plus inquiets de Ron et d'Hermione, Harry attendit. Mme. Malefoy revint et rencontra Dumbledore. Mais rien. Les cours passèrent. La soirée arriva, et son repas abandonné dans son assiette en y ayant à peine touché ne le poussa que mieux à retourner s'isoler. Les rumeurs des conversations lui tournaient la tête et il ne pouvait qu'entendre résonner que Malefoy réveillé, était un Malefoy reparti chez lui avec sa mère.


Sur le chemin maintenant familier, Harry se persuada que Malefoy ne serait plus là. Pourquoi serait-il encore à l'infirmerie ? Sans aucun doute les Serpentards au dîner avaient raison, il était rentré chez lui. Ne lui avait-il pas dit qu'il n'avait de toute façon plus rien à lui raconter ? Et puis pourquoi vouloir encore le voir ? Pourquoi s'être dissimulé sous sa cape puisqu'évidemment, il ne rencontrerait personne ? Mais si ...


Mais si Malefoy était bien là. Allongé, le torse redressé, le visage pâle, gracieux mais totalement stoïque. Mais si Malefoy était bien là, dans son pyjama de soie noire et les mains à plat sur les couvertures. Mais si Malefoy était bien là, éclairé à peine par la lune au travers des hautes fenêtres. Mais si Malefoy était bien là, chuchotant à peine à mi-voix :

_ Je t'attendais Potter, de sa voix traînante et rendue rauque par un si long sommeil. »

Harry était pétrifié, persuadé de rêver, d'avoir face à lui quelque tordu qui aurait pris du Polynectar, venu le torturer. Il ne pouvait s'agir du vrai Drago Malefoy, lui avouant être resté là, à attendre sa venue en pleine nuit. Si Harry se savait invisible, il n'avait pas cherché à être discret, rentrant avec beaucoup plus de fulgurance que d'ordinaire dans l'infirmerie, et nul doute que le bruit de ses pas avait alerté Malefoy.

Le blond aurait pu crier, ou alerter Madame Pomfresh de la présence du brun, il aurait pu l'affronter. Sortir sa baguette. Se venger. Harry se préparait à tout, mais pas au murmure étouffé d'un Drago à la moue blessée, le regard fragile :

_ Je t'en supplie Potter, ne pars pas. Ne t'enfuis pas. J'ai des choses à te dire. »

L'absence du moindre bruit semblait faire vaciller la confiance légendaire d'un Drago Malefoy qui paraissait désormais au bord des larmes.

« Jure-moi que tu es encore là.

_ Je suis toujours là. »

Pourquoi la voix de Harry était-elle si profonde soudain ? L'autre exhala un soupir de soulagement avant de froncer les sourcils, l'air tendu. Il lissa la couverture sur ses jambes puis croisa ses mains.

« Je suis Drago Malefoy, né au manoir Malefoy le cinq juin 1980. Seul héritier de la famille. Il est de coutume chez les familles de sang-pur, de n'avoir qu'un seul fils, cela évite les conflits d'héritage. Je n'ai plus qu'une vieille grand-mère, à moitié folle et des tantes traitres à leur sang. Je ... J'allais partir, Potter. Ma mère est venue me chercher. Mais je n'ai pas pu m'y résoudre. Je devais savoir si j'avais rêvé. Mais le rêve aurait sans doute été bien plus court et sanglant, je n'aurais pu imaginer une telle fin. »

Harry n'osait pas bouger, parfaitement immobile pour ne pas même froisser le tissu de la cape. Il sentait que la moindre perturbation aurait entraîné l'arrêt des révélations de Drago. Et il voulait les entendre.

« Pourquoi ? Pourquoi aujourd'hui, Potter ? Alors que je suis à l'orée de tout perdre. Tout. Ici, chez moi, mes amis, ma famille. Ma vie. Mais je n'ai pas le choix. Tu ne comprends pas tout ce que je risque. Pourquoi aujourd'hui, Harry ?! Pourquoi pas l'année dernière ? Pourquoi pas avant cet été, avant ... Que je n'ai plus le choix. »

Ses mots moururent sur ses lèvres, un soupir à peine, hurlant pourtant d'une terrible douleur. Et Harry ne voyait plus que cela. Sa douleur. Et ses lèvres. Pouvait-il ... Encore une fois ...

Drago ne disait plus rien. Il chercha Harry d'un regard aveugle, hésitant.

« Es-tu toujours là ? »

Le bruit du tissu. Le froissement de la cape. Le blond se tourna vers le brun. Ne le vit qu'une seconde avant qu'Harry ne se presse contre lui, embrassant sa bouche, tiède cette fois.

Drago saisit sa nuque à deux mains, pour le maintenir contre lui, l'empêcher de fuir ou de disparaître. Rien n'avait jamais paru si puissant à Harry. Jamais il ne s'était senti si brûlant, si vivant. Il semblait s'ouvrir en deux, mais rien de comparable à la douleur de sa cicatrice. C'était là un gouffre béant de désir renversant.

Il se recula, soudain effrayé de cette sensation follement absurde. Il vit le reflet de ses propres émotions dans le regard de Drago. L'inquiétude soude mêlée d'une passion dévorante.

Rien de tout cela n'était normal. Mais alors qu'il avait rabattu sa cape, avant qu'il n'ait pu disparaître, cette fois, Drago l'interpella, tenta de l'attraper dans le vide :

_ Attends-moi, Harry. »

Adava AmortentiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant