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                Ce fut pour Harry comme un verre de whisky Pur Feu trop difficile à avaler. Malgré les jours passant.

Il n'avait pas réussi à savoir om se rendait Malefoy durant de longues heures, disparaissant de la carte du Maraudeur. Mais il n'avait pas pu se résoudre à recommencer le lendemain, pénétrer une intimité qui lui avait laissé trop de traces.

Il se promis de ne plus recommencer.


Une semaine. Harry prenait confiance en lui. Dumbledore lui faisait confiance. Il était excellent en potions. S'il savait parfaitement que Ron et Hermione n'avaient pas oublié ses lubies, ils avait mis le sujet de côte. Mais le samedi revint. Toute la semaine, Drago dépérit à vue d'œil. Son visage se creusait, tout autant que ses yeux qui devenaient vides, mornes. Plus de piques acerbes pour Harry, plus de moue dédaigneuse au passage des autres élèves, plus cet air suffisant et hautain. Plus de Malefoy. Harry ne l'aurait jamais avoué à voix haute, mais une part de lui s'inquiétait. Car le souvenir, toujours aussi vif du sang sur la peau laiteuse ne le quittait pas. Et celui qui en venait à ce point extrême que de faire couler le sang pour expier sa douleur, ne pouvait aller bien.


Le vendredi soir, la table des Serpentards exultait en vue du match de Quidditch du lendemain matin. Mais pas lui. Il ne regardait pas les autres, ne semblait même pas les voir. Il était parfaitement éteint. Harry le fixe, cherchant en vain le regard d'acier, la moindre étincelle de vie. Mais rien.


C'était un samedi matin froid et pluvieux. Gryffondor devait affronter Serpentard dans les airs. Mais Harry eut un pressentiment. Il consulta la carte. L'heure du match approchait et Malefoy restait introuvable. Ni dans les cachots, ni aucune salle de bains ou pièce commune. Aucun recoin de couloir, aucune alcôve. Résigné, le capitaine des Gryffondor s'apprêtait à partir, non sans un dernier coup d'œil.

Sans parvenir à y croire, Harry accueillit la nouvelle donnée par Madame Bibine. Les Serpentards avaient leur attrapeur. Définitivement. Plus de Malefoy. Rangé le balai, rendu le Vif d'or.

« Mais il a ... Quoi ? Démissionné ?

_ Cela semble être le cas, oui, confirma sa professeure.

_ Mais pourquoi ?

_ Cela ne vous regarde en aucun cas Potter ! »


Dire qu'Harry était énervé était encore bien loin de la réalité. Il fulminait. Il bouillait. Une fureur qui montait crescendo alors même qu'il remontait à la Salle commune. Les Gryffondor avaient gagné mais il n'en avait profondément rien à foutre. Il n'avait pas félicité son équipe, il n'avait pas rejoint les vestiaires.

Il voulait Malefoy. Toutes les fibres de son corps réclamaient à savoir où était passé ce connard de blond antipathique. De quel droit s'insinuait-il dans son esprit, à faire couler son sang dès qu'Harry fermait les yeux, à lui donner des envies de venir panser ses plaies, toucher les pommettes saillantes et essuyer les larmes de ses yeux perçants de tristesse, puis disparaître ? Faire naître la peur dans l'esprit de Harry, la peur qu'il n'ait vraiment disparu ?

Il avait couru récupérer sa carte et n'avait pas eu besoin de chercher. Il était là, juste là, dans les toilettes du cinquième étage. Harry dégoulinait encore de la sueur du match, le dos cassé par la mauvaise position que le poste d'attrapeur infligeait sur son balai, et il courait encore, profitant que les élèves ne soient pas encore revenus.

Il ignorait ce qu'il allait faire mais il voulait savoir. Il devait savoir. S'assurer seulement qu'il allait ... Bien ?


Il n'avait pas prévu de l'affronter, il n'avait pas prévu que Malefoy le voit. Il n'avait pas imaginer le trouver là, juste là, face au miroir, pleurant.

Démuni, Harry ne pensa pas à se cacher. Ce fut Mimi Geignarde, oui, ce fut de sa faute. De sa voix nasillarde, elle se mit à crier à Drago que quelqu'un l'observait. Drago ne réfléchit pas, se saisit de sa baguette. Il lança un informulé, puis, découvrant qui était l'intru, il attaqua. Bien sûr. Quelle autre réaction de la part de quelqu'un, découvrant son ennemi, l'espionnant dans un tel moment de faiblesse ?

Le sort manqua de peu Harry qui fut obligé de se défendre. Il lui fut douloureux de voir dans le regard de Malefoy, cette fois plus qu'une étincelle, mais tout le feu ardent de sa haine, de la rage violente qui amenait le désir puissant de lui faire incroyablement mal. Harry reçut en pleine poitrine, toute la vision de la douleur, du courroux, toute la peur, toute la fragilité de Drago.

Harry ne voulait pas lui faire de mal, il en savait trop désormais sur Malefoy, sur ce qui l'animait, sur la douleur plus vive et profonde encore que sa colère.

Mais il ne pouvait pas se laisser mourir. Il avait des choses à faire. Des gens à protéger. Alors ...

« Sectum Sempra ! »

Le sort fusa. Le sang sur la chemise blanche. Le visage qui se vide des ses rares couleurs, blafard, comme mort. L'eau. L'eau partout. L'eau écarlate qui remplit la pièce, éclabousse les murs. Les cris de Mimi.

« Au meurtre ! »

Harry pleure. 

Adava AmortentiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant