Adava Amortentia

10.

Alors, si ls choses étaient déjà étranges, elles le devinrent d'autant plus. Harry ne pouvait pas croire qu'il avait rêvé car il ne ferma pas l'œil de la nuit. Au matin, même s'il fut volontairement le dernier à sortir du lit et qu'il traîna à s'habiller, il ne put manquer Ron et Hermione, qui l'attendaient à la sortie du dortoir.

« Harry, il faut qu'on parle.

_ Je n'ai rien à dire.

_ Oh, que si ! gronda la jeune fille. »

Il se fit attraper par la main de Ron, ferme sur son épaule, et par le regard terrible d'Hermione. Contraint, il prit place dans un fauteuil de la Salle commune alors qu'une majorité d'élèves la quittait pour aller prendre leur petit-déjeuner.

« Harry, tu fais peur à voir ! attaqua Hermione sans plus de préambule.

_ Merci.

_ Non mais c'est vrai, soutint Ron. Tu ne dors plus, tu n'es jamais dans ton lit, tu n'es jamais à table, tu sembles te laisser mourir de faim.

_ Qu'est-ce qu'il se passe, Harry ?

_ Je ne peux rien dire. »

Leur regard perdit toute compassion à cet instant. Il devint au contraire d'une sévérité qu'Harry ne leur connaissait pas.

« Rien dire ?! Depuis quand ? Depuis quand tu ne peux rien dire ? s'insurgea Ron.

_ Là, je ne peux pas...C'est trop.

_ Trop ? répéta Ron.

_ C'est Malefoy, trancha Hermione. »

Comme toujours, elle ne demandait pas. Elle affirmait. Elle n'avait besoin de rien de plus.

« Tu es ailleurs depuis... L'incident.

_ L'incident ? siffla Harry. C'est comme ça que vous appelez ça ? Ma tentative de meurtre sur Malefoy ?

_ Harry ! hoqueta-t-elle. Ce n'est pas ... Tu n'as pas ...

_ Voulu le tuer ? Qu'en sais-tu seulement ? Sais-tu ce qu'il se passe, dans ma tête ?! Ma tête dans laquelle rentre Voldemort, celui qui a tué mes parents vient voler mon identité, violer mes pensées ! Vient forcer dans mon esprit, les images de ses meurtres, de ses plus viles perversions, de ses fantasmes les plus tordus. Sais-tu ce que cela fait de me regarder et de me voir me transformer en serpent, avoir l'impression de devenir lui ?! De fermer les yeux, d'entendre son rire, le cri de Cédric ... Non, tu ne sais pas, personne ne sait ! Ce que c'est que d'être Harry Potter, pour tout le monde, mais pas pour moi. Malefoy sait. Il est comme moi. Il peut comprendre la douleur sans nom et sans forme qui m'habite. Il ne cherche pas à me changer, à me montrer sous une facette améliorée. Ce n'était pas un « incident », Hermione. Ne parle pas de choses que tu ne peux pas comprendre. Ne me fais pas de grand discours sur la vérité que je vous dois quand vous deux baisez en secret depuis des mois. Laissez-moi tranquille, je ne m'en porterai que mieux. »

Ils ne lui dirent plus rien. Ils ne le suivirent pas.