𝚂𝚊𝚕𝚞𝚝 𝚍'𝙰𝚖𝚘𝚞𝚛 ᵃʳᵘᵃⁿᶦ

27 🎶 Paternité

Hitch et Pieck n'ont pas été les seules à voir le changement d'humeur d'Annie.

Bien évidemment, elles n'ont pas compris sa décision de quitter Armin. Et pour tout dire, la jeune blonde a trop honte de son comportement pour tenter de leur expliquer quoi que ce soit.

La conséquence de cette rupture se traduit par des absences répétées aux cours de musique. Annie ne prend pas la peine de consulter les messages de ses camarades qui doivent inonder sa messagerie.

Au lycée, ce n'est pas mieux. Elle a de plus en plus de mal à se concentrer et, quand personne ne la voit, il lui arrive d'essuyer discrètement ses larmes.

Et le pire dans tout ça, c'est qu'elle se nourrit de moins en moins. La seule fois où elle s'est retrouvée dans cet état, c'était quand elle a perdu sa mère.

Tu peux t'en prendre qu'à toi-même, pauvre fille, se fustige-t-elle au moins cinq fois par jour.

Hitch et Pieck s'évertuent à soutenir Annie, en vain. La jeune blonde est retournée à son état de jeune fille en détresse. Repenser à sa rupture avec Armin n'arrange évidemment pas les choses. Finis les regards complices, les sourires à la fois tendres et moqueurs, les "Dame de Fer" et "Joli Cœur"...

Les souvenirs de leurs meilleurs moments passés ensemble ne cessent de hanter la jeune fille. Leurs trajets aller-retour pour leurs cours de musique, leurs séances de répétition dans le salon d'Annie, leur passage à la patinoire, quand ils ont dansé au centre commercial, puis au bal, leur premier baiser... Tout chez Armin manque à Annie. Ses cheveux blonds or évoquant le soleil, ses yeux bleus rappelant un ciel sans nuage, son parfum, sa douceur, sa bienveillance, son côté enjoué, son sens de la répartie, le contact de ses bras autour de sa taille, son sourire à la fois innocent et enjôleur, son regard plein d'espoir, ses lèvres douces comme des pétales de rose...

-Je suis une fille horrible, dit-elle d'une voix rauque. Armin ne me mérite pas.

Mais en même temps, les dernières paroles de sa défunte lui reviennent régulièrement en mémoire.

Parfois, pour que les choses n'empirent pas, il faut tout simplement partir. Parfois, c'est ce qu'il y a de mieux à faire pour éviter que les autres souffrent trop.

Mais en plus, aussi étrange que ça puisse paraître, cet énième coup dur n'a pas poussé Annie à reprendre ses anciennes habitudes de jeune fumeuse. Avant d'avoir rencontré Armin, la question ne se serait même pas posée. Mais cette fois, c'est comme si l'absence du jeune blond avait forgé son envie de combattre le vide qu'elle ressent maintenant qu'elle a arrêté de fumer. Ou plutôt, l'absence d'Armin a ravivé son besoin de fumer, mais c'est comme si elle était tellement occupée à combattre cette absence qu'elle a forgé sa détermination à ne plus toucher une cigarette.

Une détermination renforcée paradoxalement par quelque chose qui fait du mal à la jeune Leonhart, comme si son corps disait "Je ne peux pas souffrir plus que ça. Désolé. J'ai atteint mon seuil de souffrance. Maintenant je ne peux que m'endurcir".

Un jour cependant, elle retrouve le courage de s'installer sur son piano. Comme si son instrument était à présent inséparable du temps qu'elle a passé avec Armin. Devoir rejouer seule après avoir été habituée à jouer à plusieurs est une sensation assez étrange.

La jeune blonde commence à interpréter la Première Gymnopédie d'Erik Satie, musique qui, selon elle, colle parfaitement avec son humeur. Jouer une mélodie raccord avec ses émotions n'est pas une nouveauté pour elle. C'est même la seule habitude qu'elle a conservé depuis qu'elle a rencontré Armin.

Repenser à son nouvel ex ne fait qu'augmenter sa tristesse et son amertume. Annie fait ainsi passer toutes les émotions qui la traversent dans les notes qu'elle joue. Elle ne se rend pas compte que son beau-père l'observe du coin de la porte qui mène à la cuisine. Une fois son morceau terminé, il lui dit: