Forget me not

Holiday house

Les jours qui ont suivi furent une véritable guerre juridique avec nos avocats. Comment Faizin avait-il pu oublier cette dette ? Il était sans aucun doute capable de la payer aujourd'hui sans aucun problème.

Les médias malaisiens étaient à l'affût. « Une des plus grandes familles du pays, en chute ? » titraient-ils.

Nous évitions les caméras le plus possible mais les journalistes campaient devant nos maisons.

Je me devais d'aider Faizin après tout ce qu'il avait fait pour moi ; après tout, il m'avait sauvé la vie.

Nous avons passé des heures interminables dans des salles de conférence, examinant des documents légaux et cherchant des failles dans les revendications des créanciers. L'avocat Reza était infatigable, menant l'offensive avec une détermination féroce. Malgré la pression médiatique, nous avons réussi à maintenir la situation relativement stable, mais l'issue restait incertaine.

En parallèle, je ne pouvais m'empêcher de penser à Harim. Il ressentait l'incertitude de la situation, et je voyais la peur grandir dans ses yeux chaque jour. Je savais que je devais être forte pour lui, pour Faizin, et pour toute la famille.

Mes plans pour retourner au Canada étaient suspendus dans les limbes de l'incertitude.

Un soir, après une journée particulièrement éprouvante, Faizin et moi avons discuté tard dans la nuit.

Assis sur la terrasse, sous le ciel sombre, il m'a confié des détails de son passé qu'il n'avait jamais partagés auparavant.

La dette avait été contractée dans des circonstances désespérées, lorsqu'il était jeune et que sa famille était sur le point de perdre tout ce qu'ils possédaient. Un ancien associé peu scrupuleux avait ressurgi, exigeant le remboursement avec des intérêts exorbitants.

- Je ne voulais pas t'impliquer dans tout ça, dit Faizin, la voix lourde de regret.

- Tu n'as pas le choix, répondis-je avec détermination. Nous sommes une famille maintenant, et nous affrontons cela ensemble.

Avec cette nouvelle compréhension de la situation, nous avons redoublé d'efforts. Utilisant mes contacts au Canada, j'ai réussi à mobiliser un soutien financier et juridique supplémentaire.
La situation de Faizin s'est finalement stabilisée, et nous avons pu commencer à négocier des termes plus favorables pour le remboursement de la dette.

Finalement, après des semaines de bataille, nous avons obtenu une victoire juridique décisive.
Les créanciers ont accepté un règlement qui permettait à la famille de Faizin de conserver leurs biens et de rembourser la dette de manière gérable.

La menace immédiate était écartée.

Harim, qui avait observé toute la situation avec une inquiétude croissante, se jeta dans mes bras quand il apprit la nouvelle.

- On peut toujours aller au Canada, tata ?demanda-t-il avec espoir.

Je le serrai contre moi, les larmes aux yeux. 

- Oui, Harim. Nous pouvons toujours aller au Canada. Mais n'oublie jamais que ta famille ici aura toujours besoin de toi, tout comme tu auras toujours besoin d'eux.

Finalement, après avoir sécurisé l'avenir de la famille de Faizin, nous avons commencé à préparer notre départ pour le Canada. Ce n'était plus une fuite, mais un nouveau départ, avec la promesse de revenir souvent et de ne jamais oublier la famille qui m'avait accueillie et que j'aimais tant.

Les adieux furent très tristes, mais les parents d'Harim avaient confiance en moi. Harim allait être la petite vie qui manquait à mon âme.

Le vol fut relativement calme. J'ai bien entendu utilisé mon jet pour le premier voyage d'Harim.

Après quelques heures , tout était prêt, il ne restait plus qu'à atterrir .

L'air du Canada me rappelait des souvenirs que j'avais presque oubliés. Les forêts denses, les montagnes majestueuses et l'immensité des lacs s'étendaient sous nos yeux alors que nous atterrissions. Harim regardait par le hublot avec des yeux écarquillés, émerveillé par ce nouveau monde qui s'ouvrait à lui.

Après les formalités d'arrivée, nous avons récupéré nos bagages et quitté l'aéroport. Harim serrait ma main, un mélange d'excitation et de nervosité visible sur son visage. Nous avons pris un taxi jusqu'à ma maison de vacance que j'avais récemment achetée , une charmante petite demeure située à la lisière d'une forêt et d'un lac.

En arrivant, Harim s'est immédiatement jeté dans l'exploration de la maison, passant d'une pièce à l'autre avec un enthousiasme contagieux.

Je l'ai suivi, sourire aux lèvres, heureuse de voir qu'il s'adaptait si rapidement.

- C'est ici qu'on va habiter ?

- Non Harim , ici sera notre maison de vacance. On reste ici le temps que tu t'habitue à ce changement et au décalage horaire , ensuite on retournera dans mon appartement.

Les jours suivants furent consacrés à l'installation et à l'adaptation de Harim à son nouvel environnement.

Nous avons visité le quartier, rencontré mes voisins et commencé à aménager sa chambre avec ses affaires préférées. Harim semblait particulièrement fasciné par les écureuils qui peuplaient le jardin et par la neige, une nouveauté pour lui.

Le soir, nous nous asseyions souvent devant la cheminée, où Harim me racontait des histoires de sa famille en Malaisie. Il avait encore des moments de nostalgie, mais petit à petit, il commençait à se sentir chez lui. Nous avions également des appels réguliers avec Faizin et sa famille, ce qui aidait Harim à rester connecté avec ses proches.

Un matin, en regardant Harim jouer dans la neige pour la première fois, je réalisai combien il avait déjà changé ma vie. Sa joie de vivre, sa curiosité et son amour inconditionnel avaient apporté une nouvelle lumière dans mon quotidien. Je savais que nous aurions des défis à relever, mais ensemble, nous pouvions tout surmonter.

Le Canada offrait à Harim et à moi une nouvelle chance, un nouveau départ rempli de promesses et d'espoirs. Nous allions construire notre propre histoire, sans jamais oublier celle qui nous avait unis.

Et à chaque fois que l'air frais du matin me rappelait mes souvenirs, je savais que nous étions exactement là où nous devions être.

The end

Bisous , Forget me not.🌸